Lyne-Marie Stanley

Lyne-Marie Stanley, photo © Thomas C. Spear Cayenne, 5 juillet 2007

photo © Thomas C. Spear
Cayenne, 5 juillet 2007

Lyne-Marie Stanley naît le 23 septembre 1944 à Cayenne. Passionnée de littérature, au lycée Félix Éboué elle rencontre d’autres futurs écrivains de la Guyane : Élie Stephenson, qui deviendra père de ses enfants et pour un temps son mari, et leur professeur d’espagnol, Serge Patient. Lyne-Marie Stanley fait ses études supérieures dans le domaine social à Versailles. De retour en Guyane, elle privilégie pendant plus de vingt ans l’éducation de ses cinq enfants tout en exerçant sa profession d’Assistante sociale. Elle travaille au Service Social Départemental de la Guyane depuis 1971. Responsable de service depuis 1997, elle encadre une trentaine de personnes ; devenue Conseiller socio-éducatif, elle participe à la mise en place des programmes dans le cadre du département.

La publication de son roman La Saison des abattis en 1996 lance Lyne-Marie Stanley comme la première romancière guyanaise. La fierté des racines guyanaises de l’auteure se transmet à travers ce roman historique qui suit le parcours de trois générations de femmes : la grand-mère Man Nana, « petite fille d’esclaves et fille de nèg’marron » qui veut « éclaircir la race », sa fille Céphyse, « marquée d’un teint foncé à la naissance », et leur petite-fille, Palmyre (« si belle, si claire »). L’auteur présente la question centrale de la couleur de la peau, tout en célébrant de nombreuses coutumes guyanaises et la vie des travailleurs. Le roman comprend des références historiques des années 1920 à 1960, telles l’affaire Galmot (quand le député Jean Galmot est assassiné) en 1928 et la mutinerie des tirailleurs sénégalais en 1944. Dans sa préface, Serge Patient parle d’ « un vrai roman créole que l’on prend plaisir à lire », tout comme la conteuse prend plaisir à écrire. Des trois femmes protagonistes, Patient préfère Palmyre, « l’une des plus belles figures de ce roman, [qui] se consumera comme une torche vive dans l’éblouissement d’un premier amour ». Le titre renvoie à la tradition des « abattis » du mois d’octobre, quand les champs sont brûlés avant les semences du mois de novembre, le temps, comme le dit Patient, « de la nostalgie des travaux et des jours, et des rires, des chants et des danses qui faisaient de la vie une récréation festive et chaleureuse ».

Le roman connaît un succès populaire : épuisé, il attend une ré-édition méritée.

Le deuxième roman de Lyne-Marie Stanley, Mélodie pour l’orchidée, célèbre l’activité culturelle en Guyane de 1965 jusqu’aux années 1970, à une époque où le théâtre à Cayenne est actif et que de grandes stars, telles Dalida et Charles Aznavour, chantent à guichets fermés. Toujours soucieuse de présenter divers aspects de la société guyanaise, l’auteure utilise son expérience de travailleuse sociale pour critiquer le programme du BUMIDOM (le Bureau de migration des départements d’Outre-Mer, créé en 1963). La société guyanaise contemporaine se présente à travers le récit de l’amour, souvent contrarié, entre une fille de milieu bourgeois, Emeline, et Marcel, un mécanicien et musicien.

Publié en 2006, le roman Abel… évoque le bagne historique tout en parlant d’une époque plus récente en Guyane, les années 1975 à 1980 et, à mots couverts, les actions du MOGUYDE (le Mouvement guyanais de décolonisation), un mouvement créé en 1974 (MOGUADE dans le roman) et qui deviendra le MDES (le Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale) toujours actif. Comme dans l’histoire biblique dont le roman prend son titre, tout oppose les deux frères protagonistes du roman, Urbain et Belphé, à travers lesquels l’auteure présente deux faces de la Guyane : l’assimilation chez le conformiste et l’émancipation chez le rebelle syndicaliste.

En 2002, sa fille, Marie-Guyane Stephenson, réalise le premier téléfilm guyanais, 97300 Cayenne-City, avec des dialogues écrits par l’auteure. Dans cette fiction, les téléspectateurs suivent les méandres de la vie amoureuse guyanaise à travers les deux protagonistes principales, deux amies d’enfance.

Depuis mai 2005, Lyne-Marie Stanley est présidente de l’Association des Auteurs guyanais. Au cours de son mandat (trois ans), elle redonne vie à la revue de l’association (créée en 1994), Dôkô et propose des ateliers d’écriture de nouvelles sponsorisés par l’association, à Cayenne et à Kourou.


Oeuvres principales:

Romans:

  • La Saison des abattis. Préface de Serge Patient. Matoury: Ibis Rouge, 1996, 2011.
  • Mélodie pour l’orchidée. Matoury: Ibis Rouge, 2001.
  • Abel…. Matoury: Ibis Rouge, 2006.

Poésie parue dans des ouvrages collectifs:

  • « Le Silence », « Instants de bonheur » et « Chemin de mon cœur ». Traversée de la Poésie Guyanaise, choix de poèmes. Cayenne: Éditions Anne C., 2004: 124-128.

Filmographie:

  • 97300 Cayenne City.Téléfilm réalisé par Marie-Guyane Stephenson, dialogues écrits par Lyne-Marie Stanley.Diffusé sur la chaîne Cayenne ACG, 2002.

Liens:

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Dossier Lyne-Marie Stanley préparé par Thomas C. Spear

/stanley/

mis en ligne : 21 juillet 2007 ; mis à jour : 5 juillet 2021