Michel Monnin, 5 Questions pour Île en île


Directeur de la Galerie Monnin, écrivain, promoteur des arts et responsable de nombreux projets de développement dans la région de Port-Salut, Michel Monnin répond aux 5 Questions pour Île en île.

Entretien de 69 minutes réalisé chez les Monnin par Thomas C. Spear, le 10 janvier 2010.

Notes de transcription (ci-dessous) : Sylvie Caye.

Dossier présentant l’auteur sur Île en île : Michel Monnin.

début – Mes influences
02:01 – Mon quartier
07:42 – Mon enfance
16:04 – Mon oeuvre
35:06 – La galerie Monnin
61:58 – L’insularité


Mes influences

Jacques London, Malcolm Lowry (Au-dessous du volcan), Faulkner, Ramuz (à cause de la langue, imitation du parler suisse), Jacques Roumain (Gouverneurs de la rosée avec apport du créole), Gabriel García Márquez (L’Automne du patriarche).

Mon quartier

Je suis né en Suisse et j’ai été transplanté en Haïti vers l’âge de sept ans. Port-au-Prince avait 175 000 habitants. J’habitais à la ruelle Waag. Je me rendais à l’école à pied. Depuis, la ville est devenue gigantesque.

Vers 1956-57 : C’est l’époque du quartier Babiole où j’avais beaucoup de copains. On nous appelait « Les flâneurs ». C’est le quartier de mon adolescence.

La Suisse : J’y repars pour l’université alors que j’avais 20 ans.

Puis, c’est le retour en Haïti : 1968-1970. Port-Salut. Projet touristique. Lieu magnifique et paisible. J’y ai vraiment planté mes racines haïtiennes, mon habitation. J’y suis de plus en plus. J’y ai créé la Fondation Dallas à la mémoire de ma fille. On s’occupe essentiellement du reboisement et d’éducation civique. C’est là que je finirai mes jours.

Port-Salut : À l’époque, c’était une petite bourgade de 5000 habitants. La population a plus que quintuplé au cours des quarante dernières années. Mais c’est un endroit paisible encore. Les gens y sont très accueillants. J’aime vivre avec des gens simples. Nous avons l’espoir d’un développement et peut-être même de la création d’un SPA. Il y aura un centre de massage avec bains de feuilles. Ce sera un espace bien reboisé avec des fleurs et des douches en plein air. Et en même temps : il y aura également un espace culturel. James Noël, de ce point de vue, m’apporte son aide. Ce sera le jardin d’Aïda Wedo et de Loco Miroir (deux loas du vaudou arc-en-ciel, eau, bleu pour Aïda Wedo et patron des docteurs feuilles, vivant dans les arbres avec la connaissance des plantes médicinales et de la médecine traditionnelle pour Loco Miroir) . Enfin, nous y créerons un musée où on mettra ma collection privée.

Mon enfance

Les souvenirs… sont-ils réels ou inventés par les parents ? C’est comme des flashs même si les mauvais souvenirs nous marquent plus.

Commençons par le premier arrachement : le départ avec ma mère et ma sœur sur un cargo grec qui a débarqué à la Martinique. Nous nous retrouvons dans un petit hôtel, déguisés avec un casque colonial. Cette première nuit est très particulière, car il y a eu un violent orage comme sous les tropiques. L’eau a pénétré dans la chambre où les valises se sont mises à nager. Puis, le périple a continué en hélicoptère jusqu’à Porto Rico. Et delà en Haïti avec la joie des retrouvailles avec mon père. Un chauffeur a mis les bagages dans un coffre de voiture et un abat-jour chinois en porcelaine a cassé. Ajoutons que cet abat-jour était particulièrement important pour ma mère, elle en avait pris soin extrême pendant tout le périple ! Voilà comment nous sommes arrivés… C’était une petite ville charmante Port-au-Prince.

Et puis, il faudrait parler des premiers contacts avec les Haïtiens et surtout avec les domestiques. Curieusement, ces contacts ne sont pas possibles pour les natifs-natals, car les couches sociales sont très cloisonnées. J’y ai connu les combats de coqs. Alors, les quartiers périphériques n’étaient pas des bidonvilles. Il y avait moins de misère. Je vivais avec les gens modestes.

Mon éducation, je l’ai faite à Saint-Louis-de-Gonzague dans une classe qui réunissait quatre-vingts élèves en 11e. Éducation stricte chez les frères sévères. C’est mes classes primaires. J’étais plus ou moins en retard en raison des différentes scolarités suivies dans différents pays et différentes écoles… En classe de 7e, on m’a même acheté un âne, car j’étais le premier de ma classe. C’est l’époque où j’accompagnais sur mon âne les marchandes qui montaient de la plaine à Pétion-Ville.

J’ai vécu une enfance merveilleuse et une adolescence paisible. Mais les choses se sont gâtées avec Duvalier. La population avait déjà augmenté. La liberté s’est soudainement rétrécie. J’avais 17-18 ans, je suivais encore les bandes de carnaval dans le quartier populaire du Bel Air. Il n’y avait aucune violence dans ce pays. Les choses ont bien changé.

Mon œuvre

En parler n’est pas facile. Mon premier livre, je l’ai écrit dans un moment de grande tristesse. J’ai perdu un fils de sept ans. Et plutôt que de lui créer un mausolée, je me suis dit qu’il fallait écrire quelque chose. Je l’ai fait dans un moment tragique. Je n’ai jamais été un écrivain de métier. Mon écriture est sporadique. J’avais de certains dons pour l’écriture. J’ai commencé à écrire sur n’importe quoi, sur des cahiers, ce qui me passait par la tête. J’avais des feuilles à droite à gauche. Ce livre, je l’ai écrit pour moi. Alors qu’un véritable écrivain écrit pour les autres. Et c’est en parcourant le journal que j’ai vu qu’il y avait le prix Deschamps qui serait attribué au meilleur manuscrit. Je me suis mis au boulot. J’ai écrit Manès Descollines. C’était une sorte de patchwork. J’ai fait le mariage entre ce fils mort et Manès Descollines, un peintre avec lequel j’ai eu une relation très forte. Il était dépressif – il s’est d’ailleurs suicidé – avec le souci de rendre la tonalité un peu créole. J’ai adopté la même démarche que Ramuz en Suisse et que Jacques Roumain dans Gouverneurs de la rosée. Je suis peut-être allé plus loin dans cette démarche. J’utilise beaucoup de mots créoles ou voisins du français. C’est un enrichissement pour la langue française ! De fait, la France qui a colonisé Haïti a aussi colonisé les langues les plus novatrices. Mais pour moi, la littérature française hexagonale des dernières années s’est enfermée dans un intellectualisme rébarbatif, elle s’est refermée sur elle-même, même s’il y a quelques exceptions. Cela a été ma démarche et je la poursuis encore.

Je gagne donc le prix Deschamps. Le livre sera donc édité gratuitement. Le manuscrit était anonyme. Quand on a révélé que c’était moi, une sorte de tollé s’est créé dans le monde haïtien. Un étranger ne pouvait pas écrire comme cela ! Jean-Claude Duvalier s’est ensuite exilé. Si bien que les passages sur Duvalier n’ont pas dû être coupés ce qui m’avait été d’abord imposé par l’éditeur. On m’avait en effet appelé alors que j’étais en Suisse pour me demander d’enlever certains passages. Alors que six heures plus tard, Raymond Chassagne, un autre membre du jury m’avait tenu un autre langage, « Un livre de rupture, très intéressant qui pose des problèmes politiques… Vous ferez quelques métaphores ?… Et puis le livre sortira ! ».

Quand je suis revenu en Haïti, j’ai fait deux trois séances avec Raymond Chassagne et Frankétienne qui lui aussi aimait beaucoup le texte. Et puis le livre est sorti.

Ce livre a été également lu par Maximilien chargé de la revue Conjonction à l’Institut français. Il a envoyé le livre en France qui n’a pas été compris alors que je m’étais pourtant donné la peine de faire un lexique détaillé. On ne comprenait pas mes mots alors que je ne sais plus quel auteur français venait d’être publié en joual… Je pense qu’il y avait un parti pris. Et peut-être que l’on me reprochait aussi de ne pas être noir. En Europe, on a cette espèce de condescendance envers les îles. Tout ce qui est produit dans les îles doit être le produit de gens de couleur. Cela est aussi vrai pour ma fille qui peint. Il y a comme une sorte de racisme à l’envers. J’attends beaucoup de l’ère Obama pour qu’elle ouvre la voie du métissage. Puisqu’aujourd’hui, tout est métissé… même la haute finance !

Après ce premier livre, venu de mes tripes, du coeur, les lecteurs vous croisent dans la rue et vous demandent à quand le prochain ? Un auteur qui ne produit pas de manière régulière n’est pas considéré comme un véritable écrivain. Je ne suis pas un écrivain professionnel. Il faut dire que j’avais une autre activité, j’avais la galerie. Il faudrait écrire tous les jours… J’ai des centaines de pages qui sont raturées. Je voulais écrire une trilogie, deux autres livres après Manès qui sont tous les deux en chantier. Je suis en train de retravailler le second avec le personnage de Manès qui sera intitulé Le rénovateur. Le troisième sera centré sur le patron (appellation que me donnait Manès en tant que directeur de la galerie) et ce sera mes souvenirs d’enfance avec les péripéties de ma famille.

Après Manès, j’ai voulu essayer d’écrire un recueil de nouvelles. Café amer, et autres histoires de coqs et d’amour. Je l’ai publié avec Frantz Voltaire au CIDIHCA. Cela a été beaucoup plus facile que pour Manès Descollines. Anthony Phelps l’a relu. Cela a été une expérience intéressante. Il est sorti à mille exemplaires, mais il n’a jamais été réédité.

Maintenant, si je trouve le temps, j’espère bien sortir le second bouquin, Le rénovateur.

La galerie Monnin

J’ai été catapulté en Haïti à l’âge de sept ans, plus tard, j’aurais voulu faire de l’agronomie. La situation familiale était un peu difficile… Moyennant quoi j’ai fait quelque chose pour faire quelque chose : après le service militaire obligatoire en Suisse (mais ça, c’est une autre histoire !), HEC, après avoir travaillé pendant environ un an chez Nestlé au centre international à Vezay, voilà que je reçois une lettre de mon père qui m’annonce un grand projet touristique en Haïti. Il était question de construire un téléphérique commercial dans les régions montagneuses et puis aussi, un téléphérique touristique. Sous le gouvernement de Magloire. Mais Magloire est tombé et Duvalier est arrivé. Il se trouve que par la suite, Duvalier n’a pas voulu poursuivre ce projet. La fin du téléphérique… Mais moi, j’avais reçu la lettre et n’hésitai pas une seconde. Je venais de me marier… On avait fait nos valises et on était rentré en Haïti. Nous avions débarqué à Port-Salut. On logeait dans une classe d’école. Et le projet a débuté et bien commencé. Mais comme toujours la politique a bloqué toutes les choses. L’aéroport a été fermé par Duvalier. Il prétendait que cela pouvait être une base pour tous les rebelles voulant venir en Haïti. Cela s’est terminé par un désastre. Mais comme j’étais déjà là, j’ai choisi de revenir à Port-au-Prince. Il n’y a aucune continuité en Haïti, car il n’y a aucune continuité de l’État. À tel point que même sur les actes de propriété, on marque « présumé propriétaire » ! On est tout le temps bouleversé.

Mon père, entre temps avait racheté une librairie qui s’appelait Minerve. Il était déjà propriétaire à la Grand-Rue des Galeries Suisses. Mon père vendait des dentelles, des montres des parfums… Un commerce qui périclitait un peu… On est dans les années 70. C’était les débuts de l’art Haïtien avec Dewitt Peters depuis 1947-48. Dewitt Peters était un ami de la famille. Mon père s’est toujours intéressé aux arts, aux spectacles, à la peinture, et même au théâtre. Le magasin ne rapportait pas grand-chose. Ma mère a eu l’idée de faire une petite galerie d’autant plus qu’elle était amie de Dewitt Peters. Celui-ci a parlé avec quelques artistes du Centre d’art. Et c’est comme cela que les galeries suisses sont devenues la galerie Monnin.

Moi qui n’avais rien à faire, j’ai commencé à connaître un certain nombre de peintres. Il y avait beaucoup de jeunes qui venaient. J’ai fait la connaissance de Manès Descollines, une rencontre très marquante pour moi. Il devait avoir une trentaine d’années. Ce monsieur débarque un jour, inquiet, peu bavard, il s’assied dans la galerie et retire le papier qui était autour d’un tableau. Je regarde ce tableau. J’avais entendu parler de certaines oeuvres de Davertige lui-même écrivain avec Idem. Je regarde son tableau et je regarde Manès.

C’est vous qui avez fait ce tableau vraiment ? Cela me fait penser à Davertige.

Je le connais, mais c’est moi qui ai fait cette peinture. Si vous me donnez un peu d‘argent, vous gardez ce tableau et je reviens dans quinze jours avec un autre tableau.

Je lui ai donné une centaine de dollars sans y croire beaucoup.

Deux semaines après, il revient avec un autre tableau, un oiseau blanc sur un fond bleu. Il a commencé comme cela à peindre pour la galerie. J’ai fait un atelier. Il s’y est installé avec Calixte Henri et Carlos Jean Jacques. Il y avait toujours des jeunes et là j’ai remarqué Saint Louis Blaise (originaire du Cap Haïtien) qui avait commencé avec Philomé Obin. Il y avait aussi Jean Louis Senatus, originaire de Jacmel, Fritzner Lamour, Murat Saint-Vil, et Roosevelt Sanon qui avaient plus ou moins flirté avec Préfète Duffaut, ce grand peintre de Jacmel. Ils travaillaient tous plus ou moins dans le style de Duffaut. On dit que Fritzner Lamour était préposé à faire des petits arbres alors que Murat Saint-Vil faisait les petits bateaux. Ces jeunes, je leur avais dit : « la peinture naïve qu’on a souvent assimilée à l’art brut est en résumé une peinture très fragile. Cela peut devenir mécanique et on peut perdre la spontanéité, la fraîcheur. Finalement, cela s’érode avec les années et la commercialisation. Maintenant : il faudra faire de la peinture avec dix pour cent d’inspiration et quatre-vingt-dix pour cent de transpiration. » C’est comme cela qu’est née l’école de la galerie Monnin. Ils étaient très jeunes. On s’est mis à travailler. Une belle période de cinq ou six ans. J’étais comme un chef d’orchestre. Tous les vendredis, on se réunissait, ils venaient avec leur production et nous parlions peinture. On faisait une critique sur chaque tableau. Jean-Marie Drot a baptisé cette école : les peintres de l’espace haïtien. Des paysages où il y a des éléments fantastiques. Je me souviens que Fritz Saint-Jean avait fait un tableau très détaillé, très travaillé à la manière des peintres primitifs hollandais ou italiens. Et il avait mis deux vaches, dans ce beau tableau, comme on les voit dans la réalité. Alors je regarde le tableau et je lui dis : fais des vaches rouges ! Il repart et revient quelques semaines après avec des vaches rouges. D’un rouge superbe. Cela a été le départ de son style. Cette école devient alors très connue et les artistes gagnent beaucoup d’argent. Duvalier est parti et depuis l’arrivée de Jean-Claude, il y a beaucoup de touristes en particulier avec le club Med. Cette peinture n’a pas percé aux États-Unis qui restent très attachés aux débuts de la peinture haïtienne, mais elle séduit immédiatement les Européens. Puis des problèmes politiques ressurgissent lorsque Duvalier fils se retire et beaucoup de ces artistes, habitués à gagner de l’argent, décident de s’exiler.

Quinze ans après, je me rappelle avec beaucoup d’émotion… Je suis à New-York et je revois Fritz Saint-Jean dans un vernissage. Un grand gaillard. Il se précipite vers moi, me prend dans ses bras et me soulève :  « Voilà celui qui m’a fait peindre les vaches en rouge ! » Cela a été un très grand moment.

Il y a aussi Simil, un autre peintre.

Mais maintenant je me suis plus ou moins retiré. J’ai passé la galerie aux filles et finalement, je me retrouve paysan – ce que j’ai toujours voulu être – à Port-Salut. Je suis resté attaché à la pierre… Au fond, les circonstances et événements expliquent en grande partie mon parcours. Maintenant, je souhaite de tout cœur que les Haïtiens oublient ces soubresauts et regardent vers l’avenir, construisent une nation tournée vers le progrès… en espérant qu’Haïti ne perde pas pour autant sa créativité avec le progrès et le développement durable… C’est une question. Est-ce que la puissance de créativité va résister à la modernité ? C’est le paradoxe. Un paradoxe qui captive toujours et encore beaucoup d’étrangers.

Il faut plus de civisme et plus d’amour pour la patrie. Car ici tout est mythe. L’Afrique est un mythe et le pays est en train de mourir. Il n’y a plus d’arbres ni d’oiseaux, sauf dans la peinture haïtienne… On doit marcher vers une certaine évolution et un partage entre tous les Haïtiens.

L’Insularité

Mon pays est une île. Qui le disait ? Vivre sur une île, c’est vivre sur un territoire limité. Si on veut prendre une image poétique : on est embarqué sur un récif, un bateau, un voilier qui souvent dérive. L’Haïtien ne s’est pas approprié ce territoire toujours mouvant. Depuis le début, on parle d’Haïtiens d’origine, mais cela n’existe pas. Comme le disait Manès, seuls les Indiens sont d’origine. Nous avons tous été importés, transportés vers cette île par les colonisateurs. Au fond, dans l’inconscient, Haïti est restée une terre de passage. Même les esclaves, ils n’avaient qu’une idée : retourner en Afrique. Dans le vaudou, la mort permet de revenir en Afrique, une Afrique mythique qui n’a rien à voir avec l’Afrique actuelle.

Nous vivons enfermés, même si ce n’est plus aussi vrai aujourd’hui ; nous ne sommes plus dans l’île mystérieuse de Jules Verne. De fait, y a-t-il encore des îles ? C’est sûr que, vue par les Occidentaux, les Impérialistes, la petite île reste l’arrière-cour des États-Unis ou de la France. Les territoires d’outre-mer, comme on les appelle. On a du mal à se faire traiter en égal avec les continentaux. C’est pour cela que c’est beaucoup plus difficile de réussir dans tous les domaines et plus particulièrement dans le domaine littéraire. En Haïti, beaucoup ne savent pas lire ou n’ont pas les moyens de s’acheter un livre. Cela veut dire qu’un auteur qui publie en mille exemplaires a intérêt à s’acheter beaucoup de bibliothèques, car cela va prendre quinze ans pour écouler le stock. Quand on publie trois mille exemplaires, ici, c’est un best-seller ! Il y a bien Dany Laferrière qui vient de recevoir le prix Médicis. Je ne sais pas ce que cela va faire comme tirage, comme vente au niveau de son dernier bouquin, mais dans le temps, très souvent, il n’était pas rare de payer pour se faire publier. Il est sûr que dans une petite île comme cela, gagner sa vie en tant qu’écrivain constitue une gageure. On doit faire quelque chose d’autre.

Cette espèce d’enfermement, elle crée aussi beaucoup d’émigration, Il faut prendre le large, c’est pour cela qu’il y a une diaspora très forte. Haïti est restée dans le mental une terre de passage, une île qui dérive.


Michel Monnin

« Michel Monnin, 5 Questions pour Île en île ».
Entretien, Pétion-ville (2010). 69 minutes. Île en île.

Mise en ligne sur YouTube le 8 juin 2013.
(Cette vidéo était également disponible sur Dailymotion, du 27 novembre 2010  jusqu’au 13 octobre 2018.)
Entretien réalisé par Thomas C. Spear.
Caméra : Thomas C. Spear.
Notes de transcription : Sylvie Caye.

© 2010 Île en île


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mis en ligne : 23 novembre 2010 ; mis à jour : 26 octobre 2020