Rai Chaze

Michou Chaze, photo © Johanna Frogier 14 novembre 2000, Punaauia, Tahiti

photo © Johanna Frogier
14 novembre 2000, Punaauia, Tahiti

Née en 1950 à Papeete (Tahiti), Rai Chaze – amoureuse de son île et assoiffée de culture polynésienne – chante avec regret et tristesse la fin d’un monde authentique. Un jour elle a sorti sa guitare, l’a accordée pour jouer sa mélodie, non pas celle de Mozart ou de Vivaldi, mais la musique de l’Homme polynésien, de sa Nature. Elle voudrait être l’intermédiaire de ses Tupuna (ses ancêtres) et du peuple.

Rai Chaze est une enfant de Tahiti et a été élevée « à la tahitienne ». Ainsi malgré sa peau claire et ses onze années passés aux États-Unis, elle a su rester, dans le fond de son cœur, une véritable polynésienne. Qu’est-ce qui définit l’identité tahitienne ? Par son histoire personnelle, Chaze tranche cette question polémique : qu’importent les origines, la couleur de peau ; on est polynésien, quel que soit le regard de l’autre.

Il n’est cependant pas aisé de savoir qui on est, de donner un sens à sa revendication d’identité. Et pendant plusieurs années, cette femme a longtemps cherché sa voie : photographie, danse, peinture, toutes formes d’art l’attirent, mais le besoin de s’exprimer est là et n’est toujours pas assouvi. Depuis sa plus tendre enfance, l’écriture chantait en elle, mais en butte aux moqueries de sa famille, Rai Chaze a choisi de faire taire cette voix jusqu’à son retour des États-Unis. Perdue, désillusionnée, cette femme blanche polynésienne n’a pas reconnu son pays natal : Où est notre culture ? Où est mon peuple ? Où est la Nature mon « fenua » (patrie, avec la connotation de maison, foyer) ? Révoltée devant l’inertie du pays, mais surmontant son traumatisme, elle s’arma de sa plume et décida de faire entendre ses cris, de ses larmes et de ses rires. D’écrire.

Après la rédaction de deux nouvelles, « Où vont les oiseaux quand il pleut ? » et « La ballade de Hambo », Rai Chaze décide d’auto-éditer un recueil de poèmes, Toriri, qui est la représentation de son accomplissement spirituel. Enfant, elle a reçu une éducation religieuse, enrichissante malgré sa sévérité : « Mea culpa, mea culpa, amen. Donne ta main, serre les doigts tournée vers le haut. Bang, le coup de règle » (Vai la rivière au ciel sans nuages, 58).  Elle affirme avoir acquis des principes de vie importants. Cependant au fil des années, Rai a découvert que ceux qui brandissaient la croix en proclamant l’amour de Dieu, souvent n’étaient pas animés par la foi, mais par l’hypocrisie, le mensonge, un esprit religieux qui lui « donne de l’urticaire ». Peu à peu elle décide de s’exclure de cette communauté pour partir à la quête du Dieu à l’écoute, quel que soit le lieu, l’heure ou la personne. Vai se fait justement la représentation de cette quête car « en recherchant notre culture, nous recherchons celui qui l’a créée : Dieu ». Toriri se fait l’aboutissement de cette quête, l’expression d’une nouvelle liberté: celle de l’esprit.

Elle a écrit de nombreux romans depuis son tour de force Vai la rivière au ciel sans nuages et son travail de romancière est prolifique à travers les années.

N.B. Rai Chaze a publié ses premiers textes sous le nom Michou Chaze (voir le portrait de l’auteure rédigé en 2000 par Johanna Frogier, avec un entretien).


Oeuvres principales:

Romans:

  • Avant la Saison des pluies. Mahina PF: Éditions Présumées, 2009.
  • Hina et l’esprit de l’arbre. CreateSpace Independent Publishing Platform, 2013.
  • Les amants et la mer. CreateSpace, 2014.
  • La 4ème fille. CreateSpace, 2014.
  • Les premières pluies de la mousson. Pape’ete: Api Tahiti Éditions, 2019.

Nouvelles:

  • Vai la rivière au ciel sans nuages. (recueil de nouvelles)  Papeete: Cobalt/ Tupuna/ Les Éditions de l’Après-midi, 1990.
  • « Où vont les oiseaux quand il pleut ». Tahiti Pacific 106 (février 2000): 20-22.
  • « La ballade de Hambo ». Tahiti Pacific 112 (août 2000): 15-17.

Poésie:

  • Toriri. Papeete: Au Vent des îles, 2000.

Liens:

sur Île en île:

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Dossier Rai Chaze établi par Johanna Frogier

/chaze/

mis en ligne : 1 mars 2001 ; mis à jour : 11 janvier 2021