Coriolan Ardouin

Coriolan Ardouin

Mort en 1835 à l’âge de 23 ans, il n’y a aucune image de Coriolan Ardouin
Couverture de ses Poésies complètes (Legs Édition, 2014)

Né à Petit-Trou de Nippes (dans le sud d’Haïti) le 11 décembre 1812, Gustave-Léonard Coriolan Ardouin est un poète haïtien. Figure du romantisme haïtien, il appartient au pré-classique, l’un des trois grands moments de la première période de la littérature haïtienne : le classicisme qu’il convient de diviser en pré-classique, classique et post-classique. Fils de Suzanne Léger et d’Alexis Ardouin, il est issu d’une famille de onze enfants dont les historiens et hommes politiques Beaubrun et Céligny. Il fait ses études à l’Institution Jonathas Granville.

Enfant mélancolique, sa vie est une longue et lente tragédie. Le jour de sa naissance, l’histoire rapporte que son grand frère âgé seulement de deux ans meurt dans une chambre voisine. À douze ans, il perd son père et peu de temps après, la mort emporte une de ses sœurs. Quatre ans plus tard, soit en 1828, sa mère succombe à une maladie. Déboussolé, accablé par la douleur, il se jette dans les bras d’Emma, une amie de sa sœur afin de trouver un baume à ses peines. À peine goutte-t-il aux délices de l’amour, que la mort lui ravit son âme-sœur. Seul, il s’adonne à la poésie pour conjurer sa douleur. Il fait la rencontre d’Amelia Sterlin qu’il épouse le 27 mai 1835. De leur union naît un enfant qui, malheureusement, n’a pas survécu. L’enfant meurt au berceau, et cinq mois plus tard la femme décède d’une maladie de poitrine.

Âme infortunée, poète suicidaire, l’œuvre d’Ardouin, tout comme sa vie, est un chant/champ de ruines. C’est une poésie et une vie faites de pleurs, de lamentations et d’angoisse. Jamais poète n’a autant souffert dans sa chair et son âme. À lire ses poèmes, l’on ne peut s’empêcher de se plaindre sur son sort. À ce sujet, Pierre-Raymond Dumas écrit :

Coriolan Ardouin a imposé une voix. Nul mieux que lui – dans notre poésie adolescente – ne manie le vocabulaire de l’épouvante, de la détresse, de la mort prochaine.

Et pour le critique Eddy Arnold, Coriolan Ardouin est un poète qui doit rester vivant dans la mémoire haïtienne :

Coriolan Ardouin, passé comme une comète dans l’histoire de la littérature haïtienne, a droit à la reconnaissance de la postérité, c’est qu’il a composé un poème où il nous a semblé entendre la voix des autres, les plaintes des indigents et les cris des mourants.

Être secret et solitaire, de santé fragile, contaminé par la tuberculose, incurable à cette époque, affaibli par la douleur et le deuil, il meurt le 12 juillet 1835 à Port-au-Prince, à l’âge de 23 ans.

Ses poèmes paraissent après sa mort dans les revues de l’époque dont La revue des Colonies, La Revue contemporaine et La Revue des Deux Mondes. En 1837, Émile Nau rassemble ses poèmes qu’il publie sous le titre de Reliques d’un poète haïtien.

– Dieulermesson Petit Frère


Oeuvres principales:

Poésie:

  • Reliques d’un poète haïtien. Port-au-Prince, 1837; Nouvelle édition sous le titre de Poésies complètes. Port-au-Prince: Riit Éthéart, 1881; Port-au-Prince: Imprimerie de l’Abeille, 1916; Port-au-Prince: Presses nationales d’Haïti, 2005; Port-au-Prince: Legs Édition, 2014; 2019.

Sur l’oeuvre de Coriolan Ardouin:

  • Abellard, Charles A. « À la mémoire de Coriolan Ardouin, un grand poète manqué ». Le Nouvelliste (1er août 1963).
  • Charles, Christophe Philippe. « Coriolan Ardouin ». La littérature haïtienne par les textes, tome I: Les Pionniers-L’école de 1836. Port-au-Prince: Choucoune, 2011: 81-87.
  • Fardin, Dieudonné. « Coriolan Ardouin ». Histoire de la littérature haïtienne. Les Pionniers – L’École de 1836 (1804-1860), tome 1. Port-au-Prince: Fardin, 2009: 82-93.
  • Jean, Eddy Arnold. « Coriolan Ardouin ». Littérature haïtienne. Le dix-neuvième siècle haïtien, tome 1. Port-au-Prince : Éditions Haïti-Demain DATE: 123-145.
  • Lespinasse, Pierre-Eugène de. « Pièces fugitives de notre histoire, Coriolan Ardouin 1812-1835 ». Revue de la Ligue de la jeunesse haïtienne (1, 2, 20 mars 1916): 68-76.
  • Marcelin, Émile. « Coriolan Ardouin ». Le Temps (18 mars 1936).
  • Morpeau, Louis. « Coriolan Ardouin ». Anthologie d’un siècle de poésie haïtienne. Paris: Éditions Bossard, 1925: 65-73.
  • Nau, Émile. « Coriolan Ardouin ». L’Union (16 novembre 1837).
  • Nau, Émile. Littérature. Port-au-Prince: Imp. J. Courtois, 1835.
  • Nau, Émile, « Plaquette consacrée à Coriolan Ardouin ». Conjonction 3.103 (décembre 1966): 14-28.
  • Petit Frère, Dieulermesson. « Coriolan Ardouin, le poète des âmes mortes ». Haïti: littérature et décadence. Études sur la poésie de 1804 à 2010. Port-au-Prince: Legs Édition, 2017: 63-66.
  • Pompilus, Pradel. « Coriolan Ardouin ». Manuel illustré d’histoire de la littérature haïtienne. Port-au-Prince: Deschamps, 1961: 41-50.
  • Verna, Paul. « Poètes écartelés : Coriolan Ardouin ». L’Action sociale (25 juillet 1948); rpt. Conjonction (16 août 1948): 34-37.

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Dossier Coriolan Ardouin préparé par Dieulermesson Petit Frère

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mis en ligne : 2 janvier 2021 ; mis à jour : 2 janvier 2021