Marie-Claude Teissier-Landgraf

Marie-Claude Teissier-Landgraf, photo © Graham Prosser 2006, Mount Barker (South Australia)

photo © Graham Prosser
2006, Mount Barker (South Australia)

Née à Hyères, en France, le 16 avril 1939, dans un taxi, Marie-Claude Teissier sait dès l’aube de sa jeune vie qu’il lui faudra sans cesse traverser d’une rive à l’autre, et que cela parfois sera doux et riche, parfois aussi source d’écartèlements.

Sa mère est originaire de Lyon. Son père, Raoul Teissier est Tahitien… militaire et écrivain. En 1934, il est gendarme à cheval à Canala, sur la côte Est de la Nouvelle-Calédonie. Mais un problème de santé le contraint à accepter une évacuation sanitaire vers la Métropole. Une première petite fille naît, puis Marie-Claude qui passe sa petite enfance dans les Alpes maritimes. Car très vite, c’est la guerre et la famille reste en France. Jusqu’en octobre 1946. Alors que l’Europe fête la victoire, un long voyage commence pour la famille. Un mois de mer et Marie-Claude débarque à Papeete.

Les années qui suivent se déroulent sur l’île de Tahiti. Et c’est le premier arrachement. En juin 1955, car elle est bonne élève, c’est une toute jeune fille qui fait la route en sens inverse, pour continuer ses études en Métropole. Baccalauréat, Diplôme d’État d’assistante sociale avec spécialité pour l’Outre Mer : munie de ces passeports pour l’avenir, Marie-Claude revient en Polynésie. Elle y exercera pendant dix-sept ans le métier d’assistante sociale. Avant d’engager une autre traversée, vers la Nouvelle-Zélande cette fois, où en 1972 elle part préparer un diplôme anglais en éducation pour la santé.

Elle quitte alors son poste de chef des affaires sociales de la Polynésie Française pour œuvrer au sein de l’organisation internationale de la « Commission du Pacifique Sud ». Nous sommes en 1980. Durant trois ans, à raison de seize voyages par an en moyenne, Marie-Claude sillonne les territoires polynésiens, mélanésiens, micronésiens du Pacifique. Elle rédige des livres techniques. Elle produit du matériel audiovisuel éducatif dans le domaine de la santé. Mais la voyageuse n’a pas fini de voyager. En 1983, elle part pour le Vanuatu, où elle demeurera durant quatorze ans. Là, son travail pour l’Unicef, avec des coéquipiers Ni-Vanuatu, lui donne l’occasion de concevoir, d’écrire et d’illustrer dix-huit livres bilingues anglais-français dans le champ de l’éducation à la santé à l’école primaire.

Bien sûr, auprès de ces écrits professionnels, la plume de Marie-Claude ose déjà s’aventurer vers d’autres genres. Ainsi, elle produit la première biographie de Nicolaï Michoutouchkine, peintre de renommée internationale vivant à Port-Vila, et l’un des plus prestigieux promoteurs de l’art océanien auquel en octobre 2007 le centre culturel Tjibaou consacrera une exposition. L’ouvrage, bilingue également, est publié en 1995 par l’Institut des Études du Pacifique Sud – Université de Fiji. Puis elle gagne un premier prix de concours de nouvelles et de photos organisé par l’Alliance Française de Port-Vila. Avant de revenir, en 1997, travailler en Polynésie Française.

Trois ans et demi après, sa vie strictement professionnelle s’achève, et sa vie littéraire va désormais s’approfondir. En 2002, avec d’autres auteurs polynésiens, Marie-Claude s’engage dans la promotion de la littérature locale en participant à la création et à la publication d’une revue semestrielle Litterama’ohi. Puis son roman, très largement biographique, Hutu Painu, Tahiti, racines et déchirements, paraît en 2004 et est un succès immédiat. Parallèlement, elle publie régulièrement des nouvelles dans Tahiti Pacifique, mensuel d’information du Pacifique francophone.

Depuis 2006, Marie-Claude Teissier-Landgraf vit en Australie. Elle n’a pas pour autant coupé ses liens avec les écrivains de la Polynésie française et de la Nouvelle Calédonie, ni abandonné l’écriture. En janvier 2006, des extraits d’Hutu Painu sont lus par les comédiens du Français dans le cadre de la Semaine de l’Océanie au Studio théâtre de la Comédie française à Paris. En mai 2006, son nouveau roman Atea roa – Voyages inattendus est paru à l’occasion du Salon du livre de Tahiti. Comme dans Hutu Painu, l’humour et la tendresse sont au rendez-vous d’une évocation malgré tout sans concession d’un Pacifique que Marie-Claude Teissier-Landgraf n’aura cessé d’arpenter avec passion. Sa connaissance de l’anglais, du tahitien, du bishlamar (pidgin du Vanuatu) lui a permis d’aller à la rencontre des autres, qu’ils soient de villages reculées ou responsables de programmes divers. Ses écrits (romans, nouvelles) sont inspirés de cette expérience humaine si riche, tantôt très drôle, tantôt dramatique, qu’elle aime illustrer elle-même. Dessin et photographie sont en effet deux autres de ses nombreux talents.


Oeuvres principales:

Romans:

  • Hutu Painu, Tahiti, racines et déchirements. Illustré par l’auteure.Pirae, Tahiti: Au Vent des îles, 2004, 397 p.
  • Atea roa – Voyages inattendus. Pirae: Au Vent des îles, 2006.

Biographie:

  • Le Russe de Belfort: trente-sept ans de voyages du peintre Nicolaï Michoutouchkine en Océanie. Illustré de peintures de l’artiste et de photographies de l’auteure. Suva, Fiji: Institut des études du Pacique Sud, 1995, 107 p.

Nouvelles:

  • « Rose et Marguerite ». Tahiti Pacifique (Papeete) 63 (juillet 1996); Revue Mana (Papeete) 12.1 (1997).
  • « Vous avez dit draguer ? ».Tahiti Pacifique 69 (janvier 1997).
  • « 11h33 à Uturoa ». Tahiti Pacifique 150 (octobre 2003).
  • « Surprise en Micronésie ». Tahiti Pacifique 155 (mars 2004).
  • « Le Temps du pardon ». Tahiti Pacifique 175 (novembre 2005).
  • « Cyclone Josua ». Tahiti Pacifique 190 (février 2005).

Essais:

  • Primary Care and Prevention of some Common Diseases in Children: a Manual for Community and Health Workers (avec Busra Jabre, Bushra et David Werner). Noumea: South Pacific Commission,1981, 67 p.
  • A Guide to Better Dental Health: for Teachers.Noumea: South Pacific Commission,1982, 13 p.

Traductions:

in English:

  • The Russian from Belfort: Thirty-Seven Years’ Journey by Painter Nicolaï Michoutouchkine in Oceania. Suva, Fiji: Institute of Pacific Studies / Vanuatu: Michoutouchkine-Pilioko Foundation and USP Complex / Suva, Fiji: South Pacific Creative Arts Society, 1995, 105 p.
  • Tahiti Beloved and Forbidden /Tahiti herehia, Tahiti rahuia. (Hutu Painu, Tahiti, racines et déchirements). Trad.Neil Carruthers. Suva, Fidji: Institute of Pacific Studies, University of the South Pacific, 2004, 372 p.

Liens:

sur Île en île:

ailleurs sur le web:


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Dossier Marie-Claude Teissier-Landgraf préparé par Anne Bihan

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mis en ligne : 2 juin 2007 ; mis à jour : 27 novembre 2015