Samuel Ratany, « Élégie de Minuit »

photo de Sanuel Ratany, jeune, de l'édition de ses poèmes publiée chez Ambozontany

photo de Sanuel Ratany, jeune, de l’édition de ses poèmes publiée chez Ambozontany

C’est comme de l’ombre repoussée par la nuit
Que je vois obscurcir la lune déjà pleine ;
C’est comme du brouillard obombrant la vallée profonde
Qui fait taire soudain les oiseaux qui chantent.

Semblent transis de froid les enfants de la terre
Car ils ne peuvent résister à la volonté de la Nature :
Et qui affadit le souffle parfumé de l’encens.

Je n’entends plus la brise secrète
Venue entretenir la tristesse de mon âme :
Mon cœur a fait une chute trop violente,
A cause de la trahison de ma bien-aimée.

L’examen de conscience, né de la nuit solitaire,
Fait explorer ce qui est là, au-delà ;
Et quand on y pense, et quand on fait la somme des pensées,
On est d’avis que le monde est sans raison d’être !

Et voilà qu’à nouveau j’entends la voix mélodieuse
Du rappel lancé par l’autre qui leva ma blessure !
Elle ne veut pas savoir que mon cœur est triste.
Aussi bien, vient-elle en remplaçante, et non en rivale.


 

L’un des rares textes de Samuel Ratany écrits en français, « Élégie de Minuit », a été publié pour la première fois en 1941 dans le numéro 28 de la Revue de Madagascar. Il est reproduit dansPoèmes, le recueil de Ratany présenté par François Rakotonaivo, publié à Fianarantsoa aux Éditions Ambozontany en 1993 (page 65).


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mis en ligne : 25 mars 2010 ; mis à jour : 26 octobre 2020