Sonny Rupaire

Sonny Rupaire, photo D.R. collection privée famille Rupaire

photo D.R. collection privée famille Rupaire

Sonny Rupaire (Soni Ripè) est né le 7 novembre 1940 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). Son enfance est tôt marquée par le décès de sa mère en 1947 : un passage initiatique à une sensibilité à fleur de peau, autant dire un coup d’ « état de poésie » permanent. Les études secondaires au Lycée Carnot de Pointe-à-Pitre (1953) puis l’École Normale (à Pointe-à-Pitre, 1959) sont pour lui l’occasion de la fraternité partagée, et surtout le lieu de révélation du poète ; ainsi, il participera pour la première fois aux Jeux Floraux en 1955. Ces jeux étaient à l’époque une véritable institution qui récompensait les meilleurs poètes de l’archipel guadeloupéen.

À la fin de ses études en 1961, Rupaire prend son premier poste comme instituteur à Saint-Claude (Guadeloupe). Par insoumission, il refuse de faire la guerre d’Algérie dans le camp des forces coloniales françaises et il rejoint – à la frontière marocaine, ayant passé par l’Europe de l’Est – l’A.L.N. (l’Armée de Libération Nationale) algérienne.

Rupaire reste en Algérie après l’indépendance du pays en juillet 1962 et devient professeur au Lycée de Douera, près d’Alger. Il participe à la mise sur pied d’une politique de l’éducation algérienne.

Après le massacre à Pointe-à-Pitre au mois de mai 1967 par les forces françaises de plus de 80 Guadeloupéens, Sonny Rupaire prend la décision de rentrer en Guadeloupe et d’écrire en créole. Vers la fin de l’année 1967, il part vers Cuba où il va représenter l’A.G.E.G. (Association Générale des Étudiants Guadeloupéens) auprès de l’O.C.L.A.E. (Organisation Continentale Latino-Américaine des Étudiants) de 1968 à 1969. En 1969, il rentre clandestinement en Guadeloupe, sous le pseudonyme de « Camarade Max ». Rupaire restera dans la clandestinité jusqu’à son amnistie par le gouvernement français en 1971.

En 1971, il participe à la création de l’U.T.A (Union des Travailleurs Agricoles de Guadeloupe) : le premier syndicat guadeloupéen non rattaché à une centrale française. La même année, son recueil de poèmes bilingue, Cette igname brisée qu’est ma terre natale, ou Gran parade ti cou-baton… paraît pour la première fois. Le recueil sera réédité en 1973 et en 1982 (Gran parad ti kou baton krey porèm an kréyol gwadloupéyen). Une nouvelle édition de ce recueil unique du poète est également prévue aux éditions Archivos.

En 1973, Rupaire est réintégré dans l’éducation nationale. De 1973 à 1991, il participe à la création de l’U.G.T.G (Union Générale des Travailleurs Guadeloupéens), du S.G.E.G. (Syndicat Général de l’Éducation en Guadeloupe) et de l’U.P.L.G. (Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe). Il sera d’ailleurs l’un des premiers porte-parole de l’UPLG – créée en 1978, alors organisation semi-clandestine – et l’un des rédacteurs du journal de l’UPLG : Lendépandans.

Sonny Rupaire est mort en Guadeloupe le 25 février 1991. Il peut être considéré comme le père de la poésie en langue créole ; même s’il n’a pas été le premier à user du créole en littérature, il demeure sans conteste le premier à avoir systématisé son utilisation, et surtout celui qui pensait et pratiquait une poésie créole autonome des cadres de la poésie française, en quelque sorte une poétique créole autocentrée. Il demeure avec Saint-John Perse et Guy Tirolien l’un des poètes de référence de la Guadeloupe.

– Wonal (Ronald Selbonne)


Oeuvres principales:

Poésie:

  • Cette igname brisée qu’est ma terre natale / Gran parad ti kou baton, poèmes en français et en créole. Paris: Éditions Parabole 1971, 1973; Paris: Éditions Caribéennes, 1982.

Sur Sonny Rupaire:

ouvrage collectif:

  • Sonny Rupaire; fils inquiet d’une igname brisée (Guadeloupe-Algérie-Cuba-Gwadloup). Sous la direction de Ronald Selbonne. Préface: Maryse Condé. Pointe-à-Pitre: Jasor, 2013. Avec les contributions de: Michel Bangou, Dominique Berthet, Mirna Bolus, Ary Broussillon, Danila Broussillon, Simone Cancelier, Patrick Chamoiseau, Murielle Clodine-Florent, Maryse Condé, Gerty Dambury, Max Diakok, Juliette Facthum-Sainton, Aude Ferly, Kareen Fleming, Raymond Forier, Yvonne Gombaud-Saintonge, Lucien Gayadine, Pierre-Aymé Gaydu, Nathalie Hainaut, Lydie Ho-Fong-Choy Choucoutou, Wozan Lancrerot, Yves Leborgne, Pascal Leclaire, Robert Manicom, Henri Melon, Julien Mérion, Monchoachi, Nancy Morejón, Sarah Mozar, Jacques Portécop, Marie-Noëlle Recoque, Pierre Reinette, Max Rippon, Agnès Romuald, Élie Romuald, Georges Rupaire, Josy Saint-Martin, Ronald Selbonne, Frédéric Sioussaram, Frantz Succab, Christiane Taubira, Louis Théodore, Roland Thésauros, Roger Valy-Plaisant et Martin Wood.

études sélectionnées:

  • Chamoiseau, Patrick, et Raphaël Confiant. Lettres créoles. Tracées antillaises et continentales de la littérature: 1635-1975. Paris: Hatier, 1991: 9, 131-133, 175.
  • Corzani, Jack. « Une certaine conscience esthétique: la littérature engagée » (dans le chapitre 2, « Littérature ou militantisme? »). La Littérature des Antilles-Guyane françaises. Fort-de-France: Desormeaux, 1978, Tome 5: 136-147.
  • Recoque, Marie-Noëlle. Sony Rupaire dans son temps (Tome 1): De l’éveil à l’exil (1940-1969). Basse-Terre : Editions FDG (Fonds de Dotation de la Guadeloupe), 2017.
  • Toumson, Roger. La Transgression des couleurs. Paris: Éditions Caribéennnes, 1989: 485.
  • Valy-Plaisant, Roger. « Sonny Rupaire, ou La fierté d’être guadeloupéen ». L’Héritage de Caliban, sous la direction de Maryse Condé. Pointe-à-Pitre: Jasor, 1992: 13-18.

Liens:

textes de Sonny Rupaire sur Île en île:

ailleurs sur le web:

  • « Matouba » de Sonny Rupaire, extrait de Cette igname brisée qu’est ma terre natale (LAMECA 1802).
  • Tanbou, poème de Sonny Rupaire, et Tanbou / Tambour, étude du poème avec une traduction en français (Kawann).

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mis en ligne : 4 septembre 2004 ; mis à jour : 14 juillet 2017