Fabienne Pasquet

Fabienne Pasquet, photo © Henri Petit-Richard photographie prise dans le Doubs (Jura), novembre 2002

photo © Henri Petit-Richard
photographie prise dans le Doubs (Jura), novembre 2002

Fabienne Pasquet est née le 22 décembre 1954, à Genève, de mère franco-suisse d’origine russe et de père haïtien.

Après son bac, en 1973, elle obtient un diplôme de perfectionnement d’anglais pour étrangers à l’Université Columbia, à New York, avant de s’installer en Italie.

De 1973 à 1989, elle exerce la profession de comédienne se consacrant essentiellement au théâtre. Très vite elle commence par collaborer à la dramaturgie de certains textes avant d’écrire et interpréter ses propres monologues.

Entre-temps, de 1974 à 1975, elle fait une équivalence de DEUG en disciplines du spectacle à l’Université de Bologne, et en 1977-1978, au terme d’un séjour de 10 mois à l’Institut Pouchkine de Moscou, elle obtient un diplôme de russe.

En 1990, Fabienne Pasquet quitte l’Italie et s’installe en Haute-Provence pour se consacrer à l’écriture. Elle effectue toutes sortes de travaux, dont maintes traductions, pour subvenir à ses besoins.

En 1996, elle publie son premier roman L’Ombre de Baudelaire chez Actes Sud, sélectionné en 1997 par le Festival du premier roman de Chambéry. À la suite de cette publication, elle reçoit des bourses d’aide à l’écriture du Centre National du Livre (France), et de la Fondation Pro-Helvetia (Suisse).

En 2001, elle publie son deuxième roman, toujours chez Actes Sud, La Deuxième mort de Toussaint Louverture, pour lequel elle est lauréate du Prix Schiller (Suisse) en 2002 et du Prix Marcel Aymé en 2003. En novembre 2002, elle aborde un autre genre en rédigeant Tous un, le livret de l’opéra électroacoustique de Patrick Défossez et Anne de Baecker pour le Bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture à Pontarlier (Doubs).

L’Ombre de Baudelaire met en scène une période tourmentée (1855-1859) de la relation qui unit, pendant vingt ans, le poète Charles Baudelaire à Jeanne Duval, mulâtresse d’origine haïtienne. C’est pour s’élever contre l’occultation dont la figure de Jeanne a trop longtemps été l’objet dans la critique littéraire que Fabienne Pasquet entreprend son premier livre. Dans un Paris qui perd la mémoire (Haussmann rase le cœur de la capitale), l’auteure raconte l’histoire d’une femme éprise de vertige qui, devant la difficulté d’assumer sa différence, choisit de se perdre dans l’écriture de son homme.

Dès ce premier roman, Fabienne Pasquet interpelle l’histoire pour nous livrer à travers des personnages haïtiens (/de Saint-Domingue) une problématique de l’identitaire et on y trouve les thèmes chers à l’auteure: la confrontation entre deux cultures, jeux de masques et de miroirs, le rapport à la mémoire, à l’écriture, au corps et à la création.

La Deuxième mort de Toussaint Louverture met en scène deux personnages historiques connus, l’écrivain romantique allemand, Heinrich von Kleist et le précurseur de la révolution haïtienne, Toussaint Louverture. Ils se retrouvent dans la cellule de prison du Fort de Joux, où ce dernier mourut quatre ans avant que le poète y soit emprisonné.

Le roman est l’histoire d’un héros qui, ayant raté sa mort et désirant enfin accéder au monde des ancêtres, doit se dépouiller de ses masques afin de cerner l’homme qu’il est dans ses qualités comme dans ses faiblesses.

Si on retrouve dans ce roman certains thèmes abordés dans le premier, Fabienne Pasquet, dans une mise en abyme de la réalité et de l’imaginaire, y développe aussi ceux du rapport à la liberté, au pouvoir et à la mort.

– Sarah Davies Cordova

Fabienne Pasquet se place parmi les écrivains insulaires figurant dans la base de données d’Île en île en compagnie d’autres auteurs haïtiens et d’origine haïtienne, dont des « dyaspora », par sa revendication de ses origines paternelles et par son imaginaire haïtiens.

Oeuvres principales:

Romans:

  • L’Ombre de Baudelaire. Arles: Actes Sud, 1996.
  • La Deuxième mort de Toussaint-Louverture. Arles: Actes Sud, 2001.

Théâtre:

  • Partition pour une extase. En italien, 1995
  • Sarah la noire. En italien, 1987, et en français, 1989.
  • Si la révolution m’était contée. En français, 1988.
  • Le récit de Madeleine. En français 1988.

Opéra:

  • Tous un, musique de Patrick Defossez et Anne de Baecker, 2002.

Traductions par Fabienne Pasquet:

  • Maïakovski, Vladimir. La Cimice. Trad. pour la scène, du russe en italien, avec Carlo Cecchi et Nicola Piovani. Administrazione Provinciale di Reggio Emilia, 1975.
  • Bertelli, Sergio. Noblesse oblige. Trad. de l’italien. Florence: Institut Français de Florence, 1986.
  • Grasset, A. I Figli di Medea. Trad. pour la scène, du français en italien, 1986.
  • Savelli, A. et Fabienne Pasquet. Sarah la noire. Trad. pour la scène, de l’italien en français, 1988.
  • Butters, Suzanne B. « Ferdinand de Médicis ». Trad. de l’anglais. La Villa Médicis. André Chastel et Philippe Morel, éds. Académie de France à Rome: École française de Rome, 1989.
  • Harrington, Anne. « Au-delà de la phrénologie : théorie de la localisation à l’époque contemporaine ». Trad. de l’anglais. La Fabrique de la Pensée. Pietro Corsi, éd. Milano: Electa, 1990.
  • Rosand, David. Peindre à Venise au XVIe siècle: Titien, Véronèse, Tintoret. Trad. de l’anglais, avec Daniel Arasse. Paris: Flammarion, 1993.
  • Ortalli, Gherardo. La peinture infamante du XIIIe au XVIe siècle. Traduit de l’italien, avec Daniel Arasse. Paris: G. Monfort, 1994.
  • Les Normands, peuple d’Europe (1030-1200). Mario d’Onofrio, éd. Trad. de l’italien des textes de F. Cardini, F. Aceto, L. Marino, V. von Falkenhausen et U. Scerrato. Paris: Flammarion, 1994.
  • Dictionnaire de l’architecture du XXème siècle. Jean-Paul Midant, éd. Traduction des articles en italien avec Isabelle Picon. Paris: Hazan et Institut français d’architecture, 1996.
  • Tempesti, Anna Forlani et Elena Capretti. Piero di Cosimo: l’œuvre peint. Trad. de l’italien, avec Bernard Comment. Paris: Éditions du Félin, 1996.
  • Panofsky, Erwin. « L’Annonciation Friedsam », « Une fois encore l’Annonciation Friedsam » et « Facies illa Rogeri Maximi pictoris », traduits de l’anglais. Peinture et dévotion en Europe du nord. Paris: Flammarion, 1997.
  • Luigi Snozzi: une école de tendance. Trad. de l’italien des textes de B. Secchi, T. Carloni, F. Guidotti, L. Vacchim. Lausanne: Presses Polytechniques et Universitaires Romandes, janvier 1999.

Prix et distinctions littéraires:

  • 1997     Bourse d’aide à l’écriture du Centre National du Livre (France).
  • 1997     Bourse d’aide à l’écriture Fondation Pro-Helvetia (Suisse).
  • 2000     Prix Schiller (Suisse), pour La Deuxième mort de Toussaint Louverture.
  • 2002     Bourse d’aide à l’écriture de la Ville de Genève.
  • 2003     de janvier à mars, résidence itinérante sur l’arc jurassien franco-suisse, «Par dessus le mur l’écriture».
  • 2003     Prix Marcel Aymé, pour La Deuxième mort de Toussaint Louverture.

Sur l’oeuvre de Fabienne Pasquet:

  • François, Cyrille.« Fabienne Pasquet et l’écriture contre les silences et les mensonges de l’Histoire ». Nouvelles Francographies 1.1 (septembre 2007): 139-150.
  • François, Cyrille. « Approches de l’altérité dans les romans de Fabienne Pasquet ».Présences Haïtiennes. Sylvie Bouffartigue et al., éds. Amiens: Université de Cergy-Pontoise / Encrage, 2006: 357-368.
  • François, Cyrille. « En mémoire de Jeanne, ou la mémoire biculturelle dans L’Ombre de Baudelaire de Fabienne Pasquet ». Écrits d’Haïti: Perspectives sur la littérature haïtienne contemporaine (1986-2006). Nadève Ménard, éd. Paris: Karthala, 2011: 49-60.
  • Serrano, Lucienne J. « Voies/voix réflexives du discours social mortifère dans L’ombre de Baudelaire de Fabienne Pasquet ». Présence Francophone 87 (2016): 29-42.
  • Shelton, Marie-Denise. « Identité créole et mémoire: Edwidge Danticat et Fabienne Pasquet ». Journal of Haitian Studies 3/4 (1997/98): 103-108.
  • Vantroys, Carole. « La maîtresse noire ». Lire (mai 1996): 68.
  • Signalons également de nombreux articles sur l’œuvre de Fabienne Pasquet parus dans la presse belge (La Libre-Belgique, Le Vif-l’Express), française (L’Est Républicain, Le Figaro, Le Midi Libre, Nice Matin, Le Provençal) et suisse (Le Nouveau Quotidien, Le Temps, G.H.I.), comme l’article (non-signé), « Fabienne Pasquet », paru dans Le Zig (Pontarlier, France): 34 (mars-avril 2002): 7-10.

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dossier Fabienne Pasquet établi par Sarah Davies Cordova

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mis en ligne : 10 mai 2003 ; mis à jour : 12 septembre 2020