Élie Stephenson, 5 Questions pour Île en île


espace Le poète et dramaturge Élie Stephenson répond aux 5 Questions pour Île en île.

Entretien de 55 minutes réalisé à Cayenne le 24 juillet 2010 par Thomas C. Spear.

Notes de transcription (ci-dessous) : Fred Edson Lafortune.

Dossier présentant l’auteur sur Île en île : Élie Stephenson.

début – Mes influences
15:21 – Mon quartier
18:02 – Mon enfance
24:45 – Mon oeuvre
43:13 – L’insularité


Mes influences

Si je dois d’abord parler des auteurs qui m’ont marqué, je pense d’abord à Léon-Gontran Damas. Non pas parce qu’il est guyanais, mais parce qu’effectivement je suis entré en plein pied dans un autre univers poétique et littéraire. Et puis, c’est un auteur particulier. Je n’invente rien, je ne fais que répéter ce que d’autres ont dit avant moi. Et puis, j’ai connu l’homme. Il y a quand même une affiliation entre Damas et moi. Bien sûr je n’écrirai jamais ce qu’a écrit Damas, mais il a exercé sur moi une influence indéniable. Nous sommes comme des gens d’une même famille.

Il y a aussi Pablo Neruda. J’aime sa sensibilité et sa manière de dire les choses. Je dirais qu’on est sur la même longueur d’onde. J’aime cette dimension et cette vastitude que l’on sent chez Neruda. Ce n’est plus un homme qui parle, ce n’est même pas un pays. J’ai l’impression que c’est toute l’Amérique du Sud qui s’exprime dans sa poésie et traverse les continents. C’est impressionnant.

Il y a également d’autres auteurs, moins proches de nous physiquement, comme David Diop. Bien qu’il n’ait publié qu’un seul recueil, Coups de pilon, ce livre m’a beaucoup marqué. Notamment, il y a un texte sur la guerre d’Indochine dont je me souviens encore des premiers vers.

Parmi les auteurs africains, il y a Charles Nokan, un peu oublié maintenant. Il est parmi les premiers auteurs à mettre la littérature africaine en exergue avec Le soleil noir point, et dans le domaine du théâtre avec la reine Abraha Pokou. Il y a donc tous ces auteurs assez lointains, géographiquement et physiquement, mais très proches par les thèmes et le positionnement.

Le monde francophone était un premier champ d’influence scolaire. J’ai un faible particulier pour Paul Éluard et Apollinaire. Gérard de Nerval aussi, ce poète classique pas très connu, un peu maudit dans la littérature française, que je trouve très délicat et très profond.

Verlaine également est un auteur que j’ai beaucoup aimé.

Des écoles comme le Parnasse français, il y a José-Maria de Heredia. C’est d’abord le nom de cet auteur qui m’avait plu. Ça sonnait pour moi comme quelque chose de familier, de sud-américain, de « latino » comme on dirait aujourd’hui. Heredia a écrit un sonnet magnifique, « Les Conquérants ». C’est un texte qui nous marque, nous donne une tonalité, une façon déjà de sentir la réalité et de l’appréhender.

Je trouve qu’il y a une jonction entre les textes de Damas ou de Guy Tirolien de la Guadeloupe. Les choses commencent à parler et à résonner en nous autrement, avec une certaine cohérence.

L’un des auteurs le plus important pour moi dans la littérature négro-africaine (je n’aime pas utiliser ce terme, mais tout le monde sait ce que ça veut dire) est René Maran. Bien que l’on n’en parle pas souvent. On le considère comme le mal-aimé ou l’incompris, mais il a une œuvre importante et diversifiée. René Maran a tenté de concilier ce dualisme noir et blanc. Il mérite d’être redécouvert ; les Guyanais en particulier devraient le relire et se le réapproprier.

Il faut dire que Maran est le premier Noir à obtenir le prix Goncourt, en 1921. Je pense qu’il faut retrouver les formes, les points d’ancrages. Ceux qui nous ont permis d’avoir un appui et de faire un véritable pas en avant.

Si on a tendance à négliger le temps qui passe, on se perd dans l’instantanéité, dans l’immédiateté, et on n’oublie que, en fin de compte, même si le passe n’existe pas et l’avenir n’existe pas encore, le présent est la synthèse de tout ce qui s’est passé non seulement avant, mais tout ce qui se passe autour et dans l’instant.

Il est vraiment important dans le domaine littéraire, culturel et idéologique de toujours rester en présence de tous.

Il y a aussi de grandes voix qui m’ont marqué et qui ont marqué toute une génération, comme Gabriel García Márquez. Et j’ai beaucoup aimé Nicolás Guillén qui demeure pour moi le poète par excellence.

Inconsciemment, je crois que nous suivons un certain fil directeur. Même si on ne cherche pas précisément à le définir. Un fil directeur qui m’a emmené à rencontrer un certain type de lecture et un certain type d’écrivains. Comme Édouard J. Maunick, poète et journaliste mauricien, qui m’a beaucoup apporté et qui m’appelle volontiers son petit frère. Bien que ça soit un peu paternaliste, c’est très sympathique.

Il y a aussi des personnes moins connues, mais importantes au niveau de notre région Guyane-Amazonie. Comme [Martin Carter,] l’auteur du recueil célèbre Poems of Resistance, qui a joué un rôle important dans la lutte pour l’indépendance de la Guyane anglaise.

J’ai subi d’autres influences dans un registre moins littéraire, parce que je suis économiste. J’ai fréquenté des économistes comme Clive Thomas ou Walter Rodney, un historien qui est mort tragiquement [en juin 1980]. Il a laissé un livre, Comment l’Europe sous-développa l’Afrique qui avait beaucoup marqué les gens de sa génération, notamment aux pays anglophones de la Caraïbe. Il y a également d’autres ouvrages écrits par des gens de la Caraïbe, du Brésil et du Suriname, importants pour connaître l’histoire du bassin amazonien et du plateau des Guyanes et les peuples bushenengé, les descendants de Marrons, des nègres rebelles.

J’aime beaucoup travailler sur nos populations descendantes des esclaves rebelles. Je pense que toutes ces lectures finissent par créer une vision non seulement de notre réalité interne en Guyane, mais également une réalité sud-américaine, afro-américaine, afro-caribéenne dans la mesure où tout cela est traversé par un certain africanisme, des traces de ce moment particulier qu’a été l’esclavage.

Je crois que tout cela a créé une littérature maudite qui ne sera peut-être jamais écrite. Mais qui sera toujours vécue par les populations dans leur quotidien, dans leurs rêves et peut-être dans leur monde de demain.

Mon quartier

J’habite la cité Bonhomme, une cité populaire au sens propre du terme, avec des gens de toutes les provenances. On y trouve toutes sortes de maisons. C’est très vivant, les gens jouent aux dominos sur les trottoirs et devant leurs portes. Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que Bonhomme est une cité presque autonome. Il y a l’hôpital de Cayenne, des écoles, des églises, des épiceries, des pharmacies, une annexe de la Mairie, la Poste et même la Gendarmerie et les militaires.

C’est un lieu très particulier, très vivant et très coloré. Une sorte de juxtaposition du passé, du présent et une ébauche de ce que pourrait être la Guyane de demain.

Mon enfance

Mon enfance est essentiellement liée à mes grands-parents. J’ai passé beaucoup de temps avec eux. Ils étaient des gens de campagne. Ma grand-mère est une métisse amérindienne et noire. Son père était noir et sa mère amérindienne. Mon grand-père est un Noir, un Créole comme on dit. Ils sont originaires de la région de l’Oyapock, de cette commune que l’on appelle Pays indien. Après, ils sont allés s’installer vers la côte, du côté de Montsinéry puis de Macouria.

La commune pour moi, c’est la brousse, la foret secondaire, le fleuve et la rivière. Mon oncle Bazile m’emmenait avec lui dans beaucoup d’endroits pour chasser et pêcher. Il avait son abattis. Il m’emmenait faire l’affût pour pêcher dans les pris-pris, les « savanes noyées », comme on dit en français. C’était une ambiance très rurale. Mon oncle, me prenant sur son dos, m’emmenait avec lui à travers la forêt. Il m’emmenait parfois pêcher avec lui, me couchant au fond du canot, parce que c’était souvent au petit matin. C’était dans la région Montsinéry-Tonnégrande. À cette époque, il y avait une légende qui reposait sur un fonds de vérité, c’était celle des gabianos : des oiseaux mi-vautour mi-pagani, qui avaient des serres très acérés qui, en se posant sur les cajous de la savane, les faisaient saigner. Ils poussaient un cri si terrifiant que, à les entendre, personne n’osait sortir des cases.

En entendant ce cri particulier, mon oncle me faisait donc coucher au fond du canot. Cet oiseau de légende représentait l’âme des personnes qui avaient beaucoup souffert depuis l’esclavage, me disait-il, leurs souffrances, leurs tragédies, leurs détresses humaines s’exprimaient à travers ce cri. Dans mon premier recueil, Une flèche pour le pays à l’encan, je fais allusion à cette légende des gabianos.

L’enfance, c’était aussi apprendre à planter du manioc et du maïs, manger les fruits sauvages et tirer à l’arbalète pour attraper de petits oiseaux. C’était une vie toute empreinte de nature. C’est vers six ans que je commence à avoir une vie plus urbaine. Je suis allé à l’école maternelle des Palmistes, l’école Joséphine Horth, comme on dit maintenant, à côté de la statue de Félix Éboué. Les premiers jours d’école furent terrifiants, à la limite, insupportables.

Je gardai un contact étroit avec la campagne et l’habitation jusqu’à mon départ en France pour poursuivre mes études. C’était un aller-retour permanent puisqu’à toutes les vacances, j’allais à l’habitation pour travailler avec mes grands-parents (et avec mon père, après la mort de mon grand-père). C’était l’occasion de se retrouver en famille pendant les grandes vacances : cousins, cousines, oncles, tantes et d’autres membre de la famille.

Je n’aime pas les tours que je vois maintenant s’élever dans Cayenne et dans les cités. Aux environs de Cayenne, il n’y a que des communes dortoirs avec de grands bâtiments en ciment. Cela me semble bizarre.

Mon œuvre

Dans ma conscience claire, ou dans mon intellect, je peux dire que la poésie est entrée dans ma vie comme par effraction. Je n’ai fait d’études classiques ni au lycée ni à la fac. J’ai fait plutôt des études en sciences. J’ai fait des choses intéressantes d’abord en musique. Je joue de la guitare. Il y avait beaucoup de mélomanes, et musiciens dans mon entourage familial. Mes cousins avaient beaucoup de disques de musique latine. Pour la poésie, j’y allais un peu à mon insu, sans m’en rendre compte. Comme je vivais dans un milieu pauvre, quand la fête de mères arrivait, mes copains et moi écrivions des poèmes pour nos mamans. Comme je ne pouvais pas acheter de cadeaux, je faisais des vers. À l’époque, on copie vaguement ce que l’on a appris au lycée. Et j’ai remarqué que cela plaisait beaucoup à ma mère. Cela plaisait aussi aux parents de mes copains. Puis j’ai écrit des poèmes à la demande de mes copains pour leurs petites amies.

Pendant la guerre d’Algérie, j’ai rencontré des professeurs [dont Serge Patient et Auxence Contout] au lycée de Cayenne qui m’ont parlé d’une forme de poésie, différente de celle qu’on apprenait en classe. J’ai commencé par avoir une autre approche et un autre regard sur la poésie. Je m’intéressais surtout à la musique ; la poésie était pour moi un passe-temps.

J’ai rencontré un monsieur, Yvon Rollus, qui éditait de petits fascicules de poésie guyanaise. Il était musicien et animateur à RFO (Radio Cayenne). Avec mes parents, je suivais les nouvelles de la guerre d’Algérie, le départ de jeunes Guyanais et les mouvements autonomistes de l’UPG (l’Union du Peuple Guyanais, avec Hugues B.L. Sirder, Serge Patient, Edmes Léonço, Bertène Juminer, [Armide Nadiré épouse Euzet, Rodolphe Hilaire, Dr. Henri Henriot, Auval] et tant d’autres). C’était une époque où ça commençait à remuer ici au sujet du statut départemental. À force de discuter avec ces ainés, j’ai commencé à me rendre compte que l’écriture pouvait jouer un rôle politique. C’est là où j’ai écrit un poème sur la guerre d’Algérie, « Le grand vent d’Algérie parvint jusque chez nous / chassa avec furie les vieux et les fous… ». Contout et Patient m’ont encouragé à poursuivre dans cette voie de l’écriture engagée.

J’ai rencontré à travers eux Léon-Gontran Damas. Ensuite je partis pour Paris. J’ai publié des poèmes et des articles dans le journal des étudiants guyanais, qui s’appelait Cépérou. Mais je n’avais pas encore l’idée d’éditer quoi que ce soit. J’ai fait des piges et j’ai lu des manuscrits pour Présence Africaine, des gens importants comme Lamine Diakhaté, Cheikh Anta Diop. Je n’étais qu’un jeune étudiant pris dans le tourbillon de la lutte anticolonialiste.

L’U.E.G. (l’Union des Étudiants Guyanais) m’avait chargé de prendre contact avec Damas en vue d’une rencontre ou d’une conférence. Je l’appelai à plusieurs reprises, d’un café, et un jour je tombai sur lui. Il me donna rendez-vous chez lui, dans le 15e arrondissement de Paris. Moi aussi, comme par hasard, j’habitais dans le 15e, dans une chambre de bonne ! J’habitais du côté de Porte de Versailles et lui du côté de Grenelle. Damas me demanda alors des nouvelles de la Guyane et des gens qui écrivent. Il m’a demandé de lui montrer mes écrits. Je n’osais pas le faire. Comme il insistait, j’ai fini par lui apporter mes textes. Il commença alors par les déchirer les uns après les autres en me disant que ce n’était pas de la bonne poésie. Ensuite, il en a gardé quelques-uns et m’encourageait à poursuivre. Comme il avait l’air de s’intéresser à moi, nous nous sommes revus de temps en temps pour discuter. Un jour, il m’a dit que je devais publier quelque chose. J’ai cherché très paresseusement une maison d’édition. Je ne me sentais pas du tout à l’aise dans cette histoire. Il a fini par me prendre un rendez-vous avec Pierre Jean Oswald. Oswald, qui s’intéressait beaucoup à la littérature négro-africaine, était un éditeur connu et dynamique à l’époque ; il avait publié Maryse Condé, Daniel Boukman, Tchicaya U Tam’si, Atahualpa Yupanqui, André Benedetto et tant d’autres talents. Oswald m’a dit que mes textes l’intéressaient. C’est comme ça que j’ai commencé à publier. Après un certain temps, Pierre Jean Oswald a fait faillite et je suis passé aux Éditions Caribéennes. J’étais aussi en contact avec les gens de Présence Africaine. C’est comme ça que je suis entré dans le milieu littéraire.

[J’étais en contact étroit à la même époque avec Jean Breton et les Éditions Saint-Germain-des-Prés.] J’ai d’abord écrit des textes ayant un rapport avec le social, la politique et, bien sûr, quelques textes intimistes. Il y a toujours des images de ma petite enfance qui me reviennent. Les rapports humains, la famille, l’amitié sont importants dans mon écriture. C’est une écriture intimiste dans certains aspects. Elle a rapport avec mes états d’âme, ma perception, mon ressenti. De façon générale, elle a aussi une relation avec l’environnement, le culturel et le naturel. C’est le discours d’un individu qui parle à lui-même et pour lui-même. Une sorte d’ouverture. Je pars d’un point, moi, et puis ça s’ouvre toujours.

Pour en venir à mon écriture dramatique, je dirais que le théâtre est un genre d’expression qui convenait bien au milieu guyanais. Nous théâtralisons dans la réalité. On n’a pas un lectorat important en Guyane ; par contre, les gens aiment bien le théâtre. Dans les années 1970, on s’exprimait beaucoup à travers le théâtre populaire. J’aime beaucoup le théâtre.

Le théâtre ne laisse pas d’espace pour tricher. Ce n’est pas comme dans le cinéma où l’on peut manipuler les images. C’est un rapport direct entre le public, les comédiens et l’auteur. Je crois que l’on doit faire et écrire beaucoup plus de théâtre.

J’aime beaucoup moins le roman. Il y a moins de spontanéité dans le roman. C’est un travail technique. C’est comme construire une maison. Je ne crois pas que le roman soit un genre dans lequel je vais produire beaucoup.

L’Insularité

Du point de vue littéraire, la Guyane était toujours liée aux Antilles. La Guyane est moins peuplée que ces îles. Il est plus facile pour les gens qui étudient la littérature de mettre dans un seul bloc ces francophones de l’Amérique plutôt que de les séparer. On a créé un bloc Antilles-Guyane qui ne correspond pas à notre réalité géographique. D’autres chercheurs ont trouvé une insularité intellectuelle ici, puisque la Guyane serait exilée en Amérique du Sud, étant le seul pays à parler français. C’est aussi le seul pays en Amérique du Sud à ne pas être indépendant. La Guyane est vraiment isolée en Amérique du Sud. Les relations aériennes, fluviales et maritimes sont devenues très rares avec les autres pays environnants. Quand j’étais jeune, la Guyane avait plus de liaisons aériennes et maritimes avec ses voisins, le Brésil et le Venezuela. Maintenant, il n’y a presque plus rien.

Par rapport à la Caraïbe, il y a un seul lien qui s’est créé, d’une part parce que les Guadeloupéens, les Martiniquais et les Guyanais ont le même colonisateur. D’autre part, ils ont le même système administratif. Cela crée une impression de contiguïté et de continuité territoriale, mais cela ne correspond à aucune réalité. C’est compliqué de gérer les choses entre la Martinique, la Guyane et la Guadeloupe. On en fait l’expérience avec l’Université Antilles-Guyane. On trouve un morceau en Martinique, un morceau en Guadeloupe et un petit bout en Guyane. Il y a toujours des tensions entre les trois entités. On n’a jamais pu mettre en place une économie ou un réseau fonctionnel au niveau économique et culturel entre la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane. Cela ne fonctionne pas dans la réalité pratique. La Guyane par moments est détachée du continent et placée virtuellement dans la mer des Antilles. [C’est un exercice intellectuel – à mon avis – que certains justifient au regard de l’histoire coloniale et de quelques pratiques culturelles plus ou moins semblables. S’y ajoute le fait que la France a un poste d’observateur au CARICOM, compte tenu de ses possessions martiniquaise et guadeloupéenne.] Se dégagent donc une certaine historicité et une certaine image créée par les colons d’abord et ensuite par les populations elles-mêmes. On dirait qu’il existe un espace Antilles-Guyane qui se situerait entre l’Amérique du Sud et la Caraïbe.

Honnêtement, je ne sens pas une sensibilité caribéenne. La Guyane a une histoire qui lui est propre. Dans son peuplement, dans son parcours social, culturel et identitaire.

Plusieurs communautés sont typiques de la Guyane, comme par exemple, les Bushe Kondé Sama, les peuples amérindiens. On ne les trouve pas dans les îles de la Caraïbe.

En ce qui concerne l’insularité, je pense qu’on peut en parler d’un point de vue idéologique ou démagogique. Dans la réalité, ça ne sert pas à grande chose. Ceci n’empêche pas que nous pourrions faire de la Guyane l’île de la fraternité. La géographie est une chose, les constructions humaines en sont une autre.


Élie Stephenson

Élie Stephenson, 5 Questions pour Île en île ».
Entretien, Cayenne (2010). 55 minutes. Île en île.

Mise en ligne sur YouTube le 8 juin 2013.
(Cette vidéo était également disponible sur Dailymotion, du 11 décembre 2011 jusqu’au 13 octobre 2018.)
Entretien réalisé par Thomas C. Spear.
Notes de transcription : Fred Edson Lafortune.

© 2011 Île en île


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mis en ligne : 11 décembre 2011 ; mis à jour : 26 octobre 2020