Chantal Spitz, deux textes inédits

« l’avenir couleur soleil », suivi par un extrait de Hombo

L’avenir couleur soleil
Se teinte de couleur deuil
L’ivresse de puissance égare la raison
Des hommes avides de soumission

Quelle arrogance les pousse donc
À s’imaginer conquérants
Surenchères de vies à immoler
Sur l’autel de leur vanité

Bourreaux légitimes sans honneur
Vous planifiez un nouvel infanticide
D’un mot vous m’arrachez mes fils
Pour les plonger dans un bain de terreur

Dieu du ciel m’est témoin
J’ai rêvé pour eux un monde humain
Bâti sur les millions de vies pillées
Citadelles vivantes contre les excès

Rien ne leur sert jamais de leçon
Leur corps tremble de la volonté de destruction
Ils frémissent du désir de désintégration atomique
Et frissonnent de la fièvre d’apocalypse chimique

Jamais je ne vous céderai
Jamais vous ne les aurez

Ô mères écoutez-moi
Dressons-nous contre cette tuerie
Refusons cette ignominie
Il n’est pas de mort glorieuse
Encore moins à l’ombre d’un drapeau
Ô mères unissons-nous
Contre le voyage sans retour
Tissons une toile d’amour
Contre la folie de ces hommes
Qui nous volent la vie de nos hommes

Ô mères toutes ensemble
Faisons un rempart de nos corps
Pour que demain ils vivent encore.


Extrait de Hombo

transcription d’une biographie, de Chantal Spitz

(à paraître)

– Je suis ici devant toi porteur de mémoires pour que tu les mêles aux miennes pour qu’à mon tour je les mêle aux siennes. Je suis ici devant toi pour enfin réconcilier nos mémoires.

– Les mémoires ne se réconcilient pas Mahine mon fils. Elles sont le chant de l’âme. Nostalgique ou lyrique. Indolent ou ardent. Vivant. Elles sont enfant de la mémoire qui danse d’un homme à l’autre, faite d’images qui se colorent les unes les autres, s’enfantant les unes des autres. Les mémoires sont enfant de la mémoire qui danse d’une mémoire à l’autre, faite de paroles qui s’accouplent les unes aux autres, se nourrissant les unes des autres. Tu as perdu tant de mémoires dissout tant de paroles éteint tant d’images. Tu as dispersé toutes tes mémoires, celles d’hier celles de demain, et ce petit est le fils de tous les oublis. Tu es ici devant moi pour que maintenant je t’aide à l’oubli de tes oublis pour que je t’aide à la mémoire de tes mémoires pour qu’à nouveau tes entrailles vivent en paix. Tu as déserté ton monde et tu voudrais que mes paroles te le rendent. Il est trop tard mon fils bien trop tard.


Le poème, « l’avenir couleur soleil », et l’extrait de Hombo sont des textes inédits offerts aux lecteurs d’Île en île par l’auteure.

© 2002 Chantal Spitz et Île en île


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mis en ligne : 27 février 2002 ; mis à jour : 15 novembre 2015