Moetai Brotherson

photo © Teua Temaru Mont Marau (1493 mètres d'altitude), Tahiti, 7 août 2011

photo © Teua Temaru
Mont Marau (1493 mètres d’altitude), Tahiti, 7 août 2011

Moetai Brotherson naît le 22 octobre 1969 à la descente du bateau qui ramène ses parents à Papeete (Tahiti) après un séjour de plusieurs années dans la vallée chef-lieu de Hakamaii où son père exerce alors le métier d’infirmier dans le dispensaire de la côte Sud de l’île de Ua-Pou, aux îles Marquises (Polynésie française).

D’origine « demie », Moetai préfère parler de ses racines multiples et du sang universel qui en découle : « C’est le sang du monde qui fait palpiter mon être ». À la fois Tahitien, Tubuai, Raromata’i, Rapa Nui, Danois, Allemand, Suédois, Ecossais, Anglais et Espagnol, c’est pourtant le sol corallien de l’île de Huahine qu’il choisit comme point d’ancrage racinaire.

La première partie de sa vie est marquée par deux événements : sa naissance et sa renaissance. Adopté et élevé par la sœur de sa grand-mère et son époux, Moetai passe les quatre premières années de sa vie au bord du lagon, vers la pointe des Pêcheurs à Punaauia (Tahiti) et qu’il évoque avec merveille : « une petite enfance en reo tahiti (langue tahitienne), bercé par les chants religieux protestants, et l’odeur du Johnson Baby Powder ou du Bien-être [eau de Cologne] ». Puis, Moetai rejoint ses parents génétiques à Huahine, qu’il qualifie « [d’]île magique où les Dieux marchent encore parmi les hommes » ; et c’est la renaissance de l’enfant curieux jeté dans l’immensité de ce Jardin d’Éden.

En 1984, Moetai poursuit sa seconde à Uturoa sur l’île de Raiatea (Archipel des Îles-sous-le-vent). En 1986, il obtient son baccalauréat au Lycée Paul Gauguin à Papeete (Tahiti). En 1987, il fait une année de « prépa » H.E.C. au Lycée du Taaone à Pirae, seul moyen à l’époque de préparer le programme de Maths-Sup et Maths-Spé et de se présenter aux concours d’écoles d’ingénieurs, sans partir en métropole. Moetai intègre ensuite une école d’ingénieur en région parisienne, l’E.I.S.T.I. (École Internationale des Sciences du Traitement de l’information), option ingénierie logicielle, formation qu’il complète par un « Master of Computer Science » obtenu au F.I.T. (Florida Institute of Technology) en 1991.

De 1999 à 2001, Moetai Brotherson travaille à New York en plein boom de l’Internet en tant que « Systems architect » pour B.M.S. (Bertelsmann Media Systems), la filiale Internet du géant des médias Bertelsmann. Il vit en direct l’événement du 11 septembre. En ce jour historique, il a d’ailleurs un rendez-vous professionnel dans l’une des tours jumelles du World Trade Center. Éprouvé par cette journée et la psychose de l’anthrax, Moetai décide de rentrer au fenua (Tahiti) fin octobre 2001 avec toute sa famille.

En 2007, Moetai Brotherson, qui écrit depuis l’âge de quatorze ans, publie son premier roman intitulé Le Roi absent chez Au Vent des Îles à Tahiti. Dans ce roman, il « raconte de vive voix » l’histoire de Moanam ou Vaki, originaire de l’île de Nuku-Hiva (Archipel des îles Marquises). Malgré son mutisme, tout lui sourit car surdoué ; tout, à part peut-être l’Amour…. En effet, après de brillantes études à Tahiti puis à Paris, Vaki entame une vie professionnelle à la hauteur de ses espérances. Hélas, son ascension sociale décline rapidement et le mène jusqu’à la non moins célèbre prison de Nuutania, considérée comme la plus « inhumaine » de toute la République.

L’auteur affirme qu’il a écrit ce roman comme il raconterait une très longue histoire de vive voix. En résumé, Le Roi absent est marqué au fer par un paradoxe, celui de l’oraliture polynésienne. Moetai Brotherson s’inscrit donc dans la jeune lignée d’écrivains et conteurs polynésiens autochtones, tels que Chantal Spitz ou Titaua Peu, qui cherchent à travers leur écriture à libérer la parole de leur peuple, jusqu’alors en proie au mutisme et à l’autocensure. En effet, indépendantiste depuis l’âge de onze ans, Moetai ne veut pas se résoudre à mourir en « Polynésie occupée » et croit au sens premier du « Taui » (changement) auquel il s’accroche : « Be the change you want to see in the world ».

– Poerava Wong Yen


Oeuvres principales:

Romans:

  • Le Roi absent. Papeete: Au Vent des îles, 2007.

Petits contes:

  • « Le blues du vert solitaire ». Green Magazine 1 (juillet 2011): 5.
  • « L’eau de là… ». Green Magazine 2 (octobre 2011): 5.

Prix et Distinctions littéraires:

  • 2009     Prix du meilleur roman du Salon du livre « Lire en Polynésie » (Papeete), pour Le Roi absent.

Liens:

sur Île en île:

ailleurs sur le web:

  • Moetai Brotherson, présentation de l’auteur et du Roi absent chez Au Vent des Îles.
  • icon_video « Page après page », émission littéraire avec Moetai Brotherson et Titaua Peu, RFO Télé Polynésie, vidéo de 20 minutes (2008).

Retour:

Dossier Moetai Brotherson préparé par Poerava Wong Yen

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mis en ligne : 14 novembre 2011 ; mis à jour : 28 avril 2017