Bonel Auguste, Fulgurance

(extraits)

Le temps est le bâillement
d’un dieu sur la haletante
respiration du monde
cet écho dont le feu est la prémisse
a tant envoûté le vide
que le silence y laisse
plis et rides
avant de s’évaporer
en d’abondantes formes closes

l’absolu vibre à limite du possible

* * *

La forme préférant se fondre
dans la rigidité de grandes tours
se réfugie
dans la cécité de la matière
et se rebelle sous les doigts
du sculpteur

la vision
s’illumine dans le cheminement
des reflux

c’est l’incertitude du suicide
qui creuse le précipice

* * *

Sous l’insolence de la soif
l’eau fait de son étanchement
un long sillage
d’araignées venimeuses
un cheminement de métaux
qui geignent

dans l’élévation crayeuse
du levain
le pain est une bouchée
d’écartèlement

* * *

Mon gland est le seul œil
par lequel je lorgne
ma part du monde
mon égalité avec les hommes.


Le recueil Fulgurances, par Bonel Auguste, a été publié pour la première fois à Port-au-Prince aux Éditions Mémoire en 2004. Ces extraits (des pages 15, 14, 19, 43) sont reproduits sur Île en île avec la permission de l’auteur.

© 2004 Bonel Auguste

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mis en ligne : 11 août 2005 ; mis à jour : 22 octobre 2020