Anne Cheynet, « Psychédélirrap »


[traduction de la partie en créole]

Je m’allonge sur le dos pour plonger mes yeux dans la couleur du ciel. Le laser d’un dancing-club blesse la clarté des étoiles. Je suis fatigué. J’ai cherché en vain un oiseau pour entendre son chant. J’ai cherché une fleur pour en respirer l’odeur. J’ai cherché une rivière pour m’y rafraîchir les pieds. Je n’ai pas trouvé. J’ai cherché une source pour étancher ma soif… Pour emplir mon cœur j’ai cherché l’amour, l’amitié… Je n’ai pas trouvé.

Il n’y a personne ?… Personne ? … …

Désert … Désert
Désert de béton

La cité crache … ses flashes … de néon … les rêves s’éboulent … sous le béton … J’en ai marre … des jours sans soleils … des nuits sans sommeil … La Cité claque … la Cité craque … sous son masque … fric … sexe … viol … drogue … la Musique … faite putain … hurle … de satanés refrains … La Cité délire … sans rire … La Cité vit … On le dit.

Télévisées … téléguidées … les idées se vendent … prêtes à porter … Crimes … viols … la Cité a la nausée … la Cité vit … comme on vomit … La Cité meurt … sans pleurs.

Certains … ayant heurté le mur … s’en reviennent sur leurs pas … « Ça va ? » … « Ça va » … « Ça n’va pas ! » … Y’a plus rien là-bas ! …

Ça va … Ça vient … On n’sait pas où … on n’sait pas pourquoi … Revue … corrompue … la Cité se rue … sans but … sur des autoroutes vermoulues …

« J’suis paumé … J’suis largué … Pourriez-vous m’indiquer … le bon sens s’il vous plaît » … Crimes … viols … sur des rythmes vitriol … la Cité gueule … sa peur.

Y’a plus la foi … mais y’a des lois … y’a des lois … mais ça sert à quoi … L’argent est Roi … Fric … sexe … viols … drogue … Dans le temple des marchands … la Cité vend … ses enfants …

Y’a plus d’Foi mais y’a la Loi … Y’a la Loi … mais on n’y croit pas … Fric … sexe … viol … drogue … Sur l’autel de l’Argent … la Cité tue … ses enfants …

« J’suis camé … J’suis cassé … Est-ce que ça vous dérange … de m’achever » … Crimes … viols … marteau piqueur sur mon cœur … marteau piqueur sur mon cœur … marteau piqueur … la Cité meurt … touchée au cœur …

« J’suis camé … J’suis paumé … Pourriez-vous me montrer … mon chemin … s’il vous plaît »

La Cité s’endort.
Dans la nuit … sans lendemain …
la Cité ose rêver encore
d’un monde … humain

Saint-Pierre, août 1995

« Psychédélirrap » est un poème inédit de Anne Cheynet, offert aux lecteurs d’Île en île par l’auteure.

© 2004 Anne Cheynet ; © 2004 Anne Cheynet et Île en île pour l’enregistrement audio (2:44 minutes)
Enregistré à Saint-Pierre de la Réunion le 3 mai 2004


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mis en ligne : 4 août 2004 ; mis à jour : 24 décembre 2020