André Robèr, 5 Questions pour Île en île


Peintre, sculpteur, poète et éditeur, André Robèr répond aux 5 Questions pour Île en île.

Entretien de huit minutes réalisé par Giscard Bouchotte au Port (Île de La Réunion), le 2 octobre 2009.

Notes de transcription (ci-dessous) : Françoise Tamachia.

Dossier présentant l’auteur sur Île en île : André Robèr.

début – Mes influences
01:35 – Mon quartier
03:18 – Mon enfance
04:25 – Mon oeuvre
05:47 – L’insularité


Mes influences

Elles sont multiples, j’ai été influencé par l’avant-garde littéraire et poétique française puisque je suis anarchiste. Dès que j’ai pu lire le français, je me suis dirigé vers le mouvement anarchiste et j’ai animé pendant des années radio libertaire et j’y ai rencontré la poésie et les auteurs de ce mouvement avant-gardiste.

Il y a également un attachement aux auteurs réunionnais, les grands auteurs tels que Boris Gamaleya ou Axel Gauvin et d’autres plus proches en âge, tel que Carpanin Marimoutou.

Mon quartier

C’est plus compliqué, mon village natal, la Plaine des Palmistes, un village de yab* des hauts, de petits blancs racistes ayant subi de plein fouet le colonialisme et le postcolonialisme et tout ce qui en découle. Ce village m’obsède, j’en ai même fait un recueil intitulé, Isi toute domoune lé kréol, toute demoune larive par bato, on est tous fils d’immigrés. Je suis de là, mais j’ai avancé dans le processus de créolisation. Tout le monde ici est créole puisqu’on a vécu tous la même chose.

Mon enfance

J’ai vécu une enfance assez dure avec des parents très très pauvres, illettrés ; je me suis dirigé vers cet état d’illettré. J’ai été marqué par l’incompréhension subie à l’école française, le décalage avec le français, d’où mon inaptitude à apprendre. Dès que j’ai été capable, je suis devenu éditeur pour travailler pour ma langue maternelle. Maintenant que je possède la langue française, j’ai réfléchi sur ce que je pourrai faire pour ma langue maternelle. Mettre à disposition un certain nombre d’outils pour que ceux qui ont envie de lire du créole, aient du créole à lire.

Mon œuvre

Elle est complexe ; j’écris, je fais des poèmes visuels : fonnkèr pou le zié, je fais aussi des peintures brutes ; il y a un décalage entre la peinture brute et animale et les propos de mes poèmes visuels, une distorsion, je navigue entre l’écrit et la peinture.

Mon dernier ouvrage va s’appeler D’île en Ille puisque j’ai quitté cette île (de La Réunion) pour m’installer à Ille (Ille-sur-Têt), en Catalogne.

L’Insularité

Tout mon travail écrit tourne autour de ça, mon premier recueil s’intitule Lékritir lot koté la mèr, le deuxième est encore plus évocateur, Carnets de retour au pays natal, je n’étais pas de ce côté-là travaillant ma langue du dehors de ma langue, je fais cette quête et ces aller-retour de manière littéraire pour montrer l’attachement tout en n’y étant pas.

La plus belle chose ou la pire qui me soit arrivée c’est que je m’installe dans le village d’Ille-sur-Têt. Je suis avant tout réunionnais avant d’être français, mon travail d’éditeur et mon œuvre sont porteurs du même cheminement puisque j’édite essentiellement du créole ou des études sur des problématiques insulaires.

 

* Yab : Petit blanc des Hauts, pauvre.


André Robèr

Robèr, André. « 5 Questions pour Île en île ».
Entretien, Le Port (2009). 8 minutes. Île en île.

Mise en ligne sur YouTube le 8 juin 2013.
(Cette vidéo était également disponible sur Dailymotion, du 22 octobre 2010 jusqu’au 13 octobre 2018.)
Entretien réalisé par Giscard Bouchotte.
Caméra : Giscard Bouchotte.
Notes de transcription : Françoise Tamachia.

© 2010 Île en île


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mis en ligne : 22 octobre 2010 ; mis à jour : 26 octobre 2020