Fabienne Kanor

Fabienne Kanor, photo © Giscard Bouchotte Salon du Livre de Paris, 15 mars 2008

photo © Giscard Bouchotte
Salon du Livre de Paris, 15 mars 2008

Fabienne Kanor est une ancienne journaliste, devenue romancière et réalisatrice, d’origine martiniquaise. Née le 7 août 1970 en France à Orléans dans une famille typique de fonctionnaires antillais – mère aide-soignante et père employé aux PTT – elle grandit avec ses deux sœurs dans « une barre ». Parce qu’elles sont réservées, les sœurs Kanor se réfugient dans leur chambre pour refaire le monde. Déjà, Fabienne Kanor développe intérieurement ses propres histoires. Elle fréquente assidument la bibliothèque municipale et se nourrit de récits écrits par d’autres. C’est aussi l’époque de La Noiraude, une série d’animation française de trois minutes sur une vache noire qui passe son temps au téléphone à se plaindre auprès de son vétérinaire de ses probèmes existentiels. À l’école, les trois sœurs Kanor sont souvent les seules élèves noires.

La fin des années quatre-vingts marque pour Fabienne Kanor le début d’un long cursus universitaire : Licences en Lettres modernes et en Sociolinguistique à Orléans puis à Tours et ensuite à Paris où elle étudie sous la direction de Romuald Fonkoua. Elle écrit sa thèse de DEA en littérature comparée sur La Problématique de la terre dans la littérature antillaise et achève sa formation universitaire par un DESS de Communication écrite, option Sémiologie et Édition.

Une fois ses études finies, Kanor travaille pour une société de communication. Peu inpirée par cette profession, elle commence à écrire un premier roman qui ne verra pas le jour puis se lance dans une carrière de journaliste à la télévision (La Cinquième, Paris Première, France 3 et CFI), à la radio (RFI et Radio Nova) et dans la presse écrite (Nova Magazine). Ce tremplin de journaliste lui permet de se consacrer pleinement à la fiction et de débuter une carrière dans l’audio-visuel. Entre 2001 et 2003, elle réalise une série de documentaires (moyen métrages) dont des portraits de femmes noires telles que Jenny Alpha, Césaria Evora et Mimi Barthélémy. D’un séjour de deux ans à Saint-Louis du Sénégal et d’une relation douloureuse naît un premier roman : D’Eaux douces (prix Fetkann! 2004), paru dans la collection Continents Noirs chez Gallimard.

Dès lors, Kanor ne s’arrête plus et refuse de se laisser enfermer dans un mode d’écriture unique. Son deuxième roman Humus (prix RFO 2007) voit le jour après un séjour marquant au Bénin. Humus est une « tentative de glissement » historique, inspirée de quelques lignes écrites par le capitaine nantais d’un bateau négrier dans son journal de bord. L’auteure y fait alterner, avec une chanson de marin, les voix de onze captives africaines confrontées à la traite. Petites histoires ancrées dans l’Histoire, Humus s’inscrit aussi dans un « Retour » / « Détour » à la Martinique, le pays d’origine des parents de l’auteure qui s’y installe pendant trois ans.

Entre les deux romans, Fabienne Kanor s’est lancée dans le cinéma avec sa soeur Véronique qui est journaliste et vit alors en Métropole (Véronique Kanor vit en Martinique depuis 2006). De 2004 à 2005, elles écrivent et réalisent ensemble un moyen métrage : La Noiraude, le premier d’une trilogie. Diffusée sur France 2 et RFO et remarquée dans de nombreux festivals de films, La Noiraude est une fiction « sur les tracas et les tergiversations d’une Antillaise à Paris » qui examine sous un nouveau jour certaines questions soulevées dans D’Eaux douces.

Homo Humus Est, texte théâtral écrit et mise en scène par Fabienne Kanor, remporte en mai 2005 la Mention Spéciale du jury Etc. Caraïbes. Il sera mis en espace au Théâtre du Rond Point à Paris en 2006 puis au Théâtre National de Toulouse (TNT) en 2008.

Un conte écologique pour les tout-petits, Le jour où la mer a disparu, et un troisième roman, Les Chiens ne font pas des chats (un polar à l’entour de Bélem-Barbès-Lille-Afriques), paraissent respectivement en 2007 et 2008. Rédigé en 2007, son quatrième roman, Anticorps, parait en 2010.

En 2008, Fabienne et Véronique Kanor ont tourné le moyen métrage, C’est qui L’Homme (diffusé en mars 2009 sur France 2), deuxième partie de leur trilogie « qui aborde la question de l’homme dans le couple et la place que la femme lui assigne ». Quatre fois par semaine pendant deux ans, elles avaient animé et présenté Dans le pitt, une émission (diffusée sur RFO) sur la vie associative et culturelle en Martinique.

Fabienne Kanor continue à réaliser des documentaires. En 2007, elle tourne Ti Emile Pò kò mò sur Ti-Emile, un des mèt du Bèlé (co-écrit avec Jean-Michel Casérus). En 2008, de sa collaboration avec Emmanuelle Bidou, naît Janbé dlo: une histoire antillaise, un documentaire retraçant les trois étapes de l’immigration antillaise en France à travers une perspective familiale.

Ayant délaissé le journalisme, confronté ses interrogations de « fille du Nord » et de « diapora seconde génération », vécu et filmé le réel de son pays rêvé, Fabienne Kanor vit désormais entre l’Europe et les Afriques. Elle se consacre à l’écriture de textes littéraires et filmiques/cinématographiques nourris d’identités et de chemins de vie multiples.

– Sophie Saint-Just


Oeuvres principales:

Romans:

  • D’Eaux douces. Paris: Gallimard, 2004.
  • Humus. Paris: Gallimard, 2006.
  • Les chiens ne font pas des chats. Paris: Gallimard, 2008.
  • Anticorps. Paris: Gallimard, 2010.
  • Faire l’aventure. Paris: Lattès, 2014.
  • Je ne suis pas un homme qui pleure. Paris: Lattès, 2016.
  • Louisiane. Paris: Rivages, 2020.

Littérature de jeunesse:

  • Le jour où la mer a disparu (avec Alex Godard). Paris: Albin Michel Jeunesse, 2007.

Théâtre:

  • Homo Humus Est, Mise en lecture au Théâtre du Rond Point à Paris (2006) et au Théâtre National de Toulouse (2008). Inédit.

Articles et nouvelles:

  • « Sans titre ». Pour une littérature-monde, sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud. Paris: Gallimard, 2007: 237-241.
  • « Rayon hommes ». Volcaniques: Une anthologie du plaisir, nouvelles, sous la direction de Léonora Miano. Montréal: Mémoire d’encrier, 2015: 155-166.
  • D’autres articles et nouvelles de Fabienne Kanor ont paru dans des revues telles que Nova Magazine et dans d’autres ouvrages collectifs.

Filmographie:

  • La Noiraude (avec Véronique Kanor). Bouquin Affamé Productions (France, 2005), 29 minutes.
  • Janbé dlo: une histoire antillaise (Traverser l’eau). Co-réalisation avec Emmanelle Bidou. Diffusion France Cinq et Télessonne, 2007, 52 minutes.
  • Ti Emile Pò kò mò (avec Jean-Michel Cassérus). Paris: Productions La Lanterne, 2008, 54 minutes.
  • C’est qui L’Homme (avec Véronique Kanor). Diffusé sur France 2 en mars 2009.

Télévision:

  • Dans le pitt (avec Véronique Kanor), émission culturelle de 7 minutes, diffusée 4 fois par semaine sur RFO (de 2006 à 2008).

Prix et distinctions littéraires:

  • 2004     Prix Fetkann!, pour D’Eaux douces.
  • 2005     Mention Spéciale du jury Etc. Caraïbes, pour Homo Humus Est.
  • 2007     Prix du Livre RFO, pour Humus.
  • 2008     Lauréate d’une bourse Stendhal pour une résidence d’écriture.
  • 2014     Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde, pour Faire l’aventure.

Traduction:

in English:

  • Humus. Translated by Lynn E. Palermo. Charlottesville: University of Virginia Press, 2020.

Sur l’oeuvre de Fabienne Kanor:

  • Aurélia, Dominique. « In Search of a Third Space: Fabienne Kanor’s Humus ». Small Axe 36 (November 2011): 80-88.
  • Herbeck, Jason. « Entretien avec Fabienne Kanor ». The French Review 86.5 (April 2013): 964-976.
  • Larrier, Renée. « Histoire engagée, histoire occultée: Fabienne Kanor’s Humus ». Women in French Studies (2011): 103-111.

Liens:

sur Île en île:

ailleurs sur le web:


Retour:

Dossier Fabienne Kanor préparé par Sophie Saint-Just

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mis en ligne : 8 mars 2010 ; mis à jour : 11 janvier 2021