Marie-Reine de Jaham

Marie-Reine de Jaham, photo © Yucki Goeldlin Nice, décembre 2005

photo © Yucki Goeldlin
Nice, décembre 2005

Issue d’une lignée de planteurs établie aux îles depuis Richelieu, Marie-Reine de Jaham naît à la Martinique le 7 février 1940. Elle passe son enfance à l’ombre du volcan Pelée. À 17 ans, elle épouse un autre Béké* (descendant de colons français) et suit son époux aux États-Unis, où elle embrasse la carrière publicitaire, d’abord à New York, puis à Paris, où elle fonde sa propre agence.

Attirée depuis toujours par l’écriture, Marie-Reine de Jaham décide de tenter l’expérience avec un premier roman. Publié chez Robert Laffont en 1989, La Grande Béké devient un bestseller. Roman historique, il décrit la société créole des années cinquante. Deux ans après, l’auteure publie un deuxième volume du roman, Le Maître-savane. Line Renaud incarnera le rôle de Fleur de la Joucqerie quand La Grande Béké est adaptée à la télévision en 1998 par Alain Maline.

Dans une vaste fresque romanesque et historique, L’Or des îles, Marie-Reine de Jaham retrace l’âpre et flamboyante épopée des Créoles (L’Or des îles et Le Sang du volcan, 1996-1997). L’auteure publie par la suite, toujours chez Laffont, deux thrillers, Bwa bandé et Le Sortilège des marassa, qui peignent la Caraïbe d’aujourd’hui, entre économie offshore et rituels vaudou.

Publiés chez Anne Carrière en 2004 et 2007, La Véranda Créole et La Caravelle Liberté dépeignent la société créole à l’époque cruciale du XVIIIe siècle. L’Ancien Régime agonise. Le souffle des idées nouvelles attise les révolutions en Europe comme en Amérique. Placées à la charnière de ces deux mondes, les Antilles affrontent pour la première fois la question abyssale de la liberté. Deux femmes, Iris et Ruth, jetées dans la tourmente, frayent leur destinée au milieu de tragiques bouleversements.

En 1992, Marie-Reine fonde l’association culturelle Patrimoine Créole. L’association réalise de nombreux événements à Paris, dont « Le Printemps créole », des colloques

(tel « Avenir créole » au Sénat), des expositions au Musée des Arts et Traditions Populaires et à la galerie Le Monde de l’Art, et l’événementiel « Monde créole » au magasin Printemps-Haussmann.

En 2000, Marie-Reine s’établit à Nice. Elle y fonde le Cercle Méditerranée Caraïbe (CMC), qui se veut une passerelle culturelle entre les régions de la Méditerranée et de la Caraïbe. Le CMC a réalisé de nombreuses conférences-débats dans la région niçoise (à Fréjus, Monaco, Nice et Saint-Raphaël) et le Festival Créole de Nice, en 2001 et 2002, et le Festival Créole de Menton en 2007.

Marie-Reine de Jaham a reçu les insignes de Chevalier des Arts et des Lettres en 1996.

– Thomas C. Spear

* Béké: Le terme désignait dès l’époque coloniale les blancs des îles et garde le sens de blancs créoles qui détiennent le pouvoir économique et dont les ancêtres sont arrivés aux Antilles pendant la periode coloniale et esclavagiste (ce qui les distinguent de ceux qui sont arrivés après l’abolition : des « blancs », « blancs France », des « zorey », des « béké griyav » ou « blancs-pays ». L’origine du mot béké demeure incertaine ; il serait dérivé du bambara, bìlen (rouge) et tchè / (homme), pour signifier l’homme rouge, le « rougeaud », allusion ironique au teint des planteurs sous l’effet su soleil. À la Jamaïque, un terme parallèle, backra (ou buckra), serait dérivé du mot igbo et efik, mbakara, qui désigne le Blanc ou celui qui gouverne. Marie-Reine de Jaham ne féminise pas le nom d’origine étrangère en békée.  (Voir F.G. Cassidy et R.B. Le Page, A Dictionary of Jamaican English, 2nd ed. 2003, et G. Durand, « The Survival of Names of African Origin in Martinique After Emancipation ». Dialectical Anthropology 26 (2001): 193-233.)


Oeuvres principales:

Romans:

  • La Grande Béké. Paris: Laffont, 1989.
  • Le Maître-savane. (La Grande Béké, vol. 2.) Paris: Albin Michel, 1991.
  • Le Libanais. Paris: Albin Michel, 1992.
  • L’Or des îles. Paris: Laffont, 1996.
  • Le Sang du volcan. (L’Or des îles, vol. 2.) Paris: Laffont, 1997.
  • Les Héritiers du paradis. (L’Or des îles, vol. 3.) Paris: Laffont, 1998.
  • Bwa bandé. Paris: Laffont, 1999.
  • Le Sortilège des marassa. Paris: Laffont, 2001.
  • La Véranda créole.Paris: Carrière, 2005.
  • La Caravelle Liberté. Paris: Carrière, 2007.

Livres culinaires:

  • Vin, mon ami, ou Le régime plaisir (avec Jacques Bordelais). Paris: Laffont, 1991.
  • Les desserts créoles et leur complice le sucre de canne. Avec des dessins originaux de l’auteur. Paris: Montorgueil, 1992.
  • Les rituels du rhum et la cuisine créole.Paris : Montorgueil, 1992; Nouvelle édition: La cuisine créole de Da Doudou: 100 recettes traditionnelles (et tout ce qu’il faut savoir sur le rhum). Nice: Fasal, 2004.

Filmographie:

  • La Grande Béké, téléfilm en 3 parties, réalisé par Alain Maline (avec Line Renaud comme Fleur de la Joucqerie) pour France 3 / Mila Production / Odessa Films, 1989, 199 minutes.

Prix et distinctions littéraires:

  • 1996     Chevalier des Arts et des Lettres (France).
  • 1998     Prix Arc-en-ciel, pour L’Or des îles.
  • 1998     Prix littéraire des Caraïbes de l’ADELF, pour L’Or des îles et Le Sang du volcan.

Sur l’oeuvre de Marie-Reine de Jaham:

  • Bongie, Chris. « A Street Named Bissette: Nostalgia, Memory, and the Cent-Cinquantenaire of the Abolition of Slavery in Martinique (1848-1998) ». The South Atlantic Quarterly 100.1 (Winter 2001): 215-257.
  • Bongie, Chris. « Exiles on Main Stream: Valuing the Popularity of Postcolonial Literature ». Postmodern Culture 14.1 (2003).
  • Delas, Daniel. « Histoires de Békés ». Notre Librairie 136 (janvier-avril 1999): 124-129.
  • Joubert, Jean-Louis. « La Grande Béké » (compte-rendu). Notre Librairie 127 (juillet-septembre 1996): 119-121.
  • Péroncel-Hugoz, Jean-Pierre. « Entre ciel et canopée ». Le Monde (7 juin 2005).
  • Piriou, J.-P. J. « Fleur et Louis : « la Grande Béké » et « le vieux crocodile » ou Le Noeud de vipères antillais ? » (« Fleur and Louis : « la Grande Béké » and « le vieux crocodile » or the West Indian Noeud de vipères ? »). Travaux de littérature 4 (1991): 313-323.
  • Schon, Nathalie. « Fenêtre sur un jardin tropical: de Stephen King à Marie-Reine de Jaham ». Interculturel Francophonies 8 (novembre-décembre 2005).

Liens:

sur Île en île:

ailleurs sur le web :


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Dossier Marie-Reine de Jaham préparé par Thomas C. Spear

/jaham/

mis en ligne : 4 décembre 2007 ; mis à jour : 18 novembre 2020