Titaua Peu

Née en 1975 en Nouvelle-Calédonie, Titaua Peu s’installe avec sa famille à Tahiti, où elle fait ses études jusqu’à l’obtention en 1994 de son baccalauréat au Lycée Paul Gauguin à Pape’ete. Elle part ensuite à Paris pour y poursuivre des études supérieures en philosophie, avant de revenir à Tahiti en 2002. Mère de deux enfants, elle travaille d’abord dans le jouralisme et la communication, avant d’entrer au service de la commune de Faa’a.

Son premier livre, Mutismes, paraît chez Haere Po en 2003 : elle devient de ce fait la plus jeune auteure tahitienne publiée.

Ce roman social et initiatique, qui raconte des évènements marquants dans la société polynésienne des années 1980 à 2000, sera salué (par Moetai Brotherson, par exemple) comme un livre phare, qui montre le chemin à suivre pour des auteurs autochtones frustrés par les silences et les non-dits qui taisent les souffrances de leur peuple colonisé. La protagoniste raconte les drames qui bouleversent sa vie, depuis son enfance exposée à la violence du père, jusqu’à l’adolescence marquée par les départs et les arrachements. Dans une période où émergent les conséquences néfastes des tirs nucléaires, cette jeune fille doute de sa foi en l’humanité. Sa rencontre avec Rori, activiste politique indépendantiste, parvient à lui redonner le sourire et à donner un sens à sa vie. Il lui faudra pourtant s’exiler en métropole, pour trouver la force de dire l’indicible, et de tenter de (ré)écrire l’histoire de son pays. Reprendre, en somme, la parole confisquée.

Le deuxième roman de Peu se fait attendre : Pina ne paraît qu’en 2016. Ce livre « coup de poing » a comme protagoniste une jeune fille, noire de peau, aux cheveux crépus (tout le contraire de la future vahiné des stéréotypes) qui connaît et qui raconte le mal de vivre d’une famille autochtone de la classe ouvrière, dominée au départ par un père alcoolique qui ne sait pas comment pourvoir aux besoins de sa femme et de ses neuf enfants. Toute la problématique de la dépossession coloniale est là : misère économique et spirituelle, logement inadéquat, manque de nourriture, violences arbitraires… Si Mutismes a permis de lancer un défi à la vision idéaliste et finalement touristique qui perpétue la notion du paradis tropical, Pina, inspiré d’un fait réel, donne libre cours à la résistance par la représentation réaliste.

Titaua Peu est également directrice générale des services pour la commune de Paea, à Tahiti.

– Jean Anderson


Oeuvres principales:

Romans:

  • Mutismes. E ‘ore te vāvā. Pape’ete: Éditions Haere Po, 2002. Réédition: Mūtismes. Pirae: Au Vent des îles, 2021.
  • Pina. Pirae: Au Vent des îles, 2016.

Textes publiés dans Littérama’ohi:

  • Hannah (extrait). Littérama’ohi 4 (novembre 2003): 124-139.
  • « Annexion ». Littérama’ohi 7 (octobre 2005): 34-35.
  • « Triste pantin désarticulé dans de tristes tropiques ». Littérama’ohi 21 (novembre 2013): 55-57.
  • « Toute ressemblance (…) serait fortuite, Martin Coeroli – Joseph Tchong : Le chant de Rupe ; Te pehe a Rupe ». Littérama’ohi 22 (mars 2015): 204-207.
  • « Je n’ai plus de complexe ». Littérama’ohi 23 (août 2016): 25-28.

Distinction littéraire:

2017     Prix Eugène Dabit, pour Pina.


Traduction:

in English:

  • Pina. Translation by Jeffrey Zuckerman. Brooklyn: Restless Books, 2022.

Sur l’oeuvre de Titaua Peu:

  • Chaumeau, Christine. « La Quête des égarés. Pina de Titaua Peu ». Le Monde Diplomatique (octobre 2017).
  • Frengs, Julia L. « Présences polyvalentes : Protean Polynesian Voices in the Works of Rai Chaze and Titaua Peu ». The French Review 93,1 (October 2019): 141-153.
  • Robert, Louise. « Mutismes de Titaua Peu », recensement. Littérama’ohi 18 (septembre 2010): 110-111.

Liens:

ailleurs sur le web:


Retour:

Dossier Titaua Peu préparé par Jean Anderson

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mis en ligne : 2 janvier 2021 ; mis à jour : 3 janvier 2021