Constantin Verderosa

Constantin Verderosa photo D.R. archives de la famille Verderosa

photo D.R. archives de la famille Verderosa

Né le 8 octobre 1889 à Cayenne de père alsacien et de mère italienne, Constantin Verderosa, instituteur, puis directeur d’école, a longtemps vécu à Sinnamary. Après son brevet d’enseignement primaire, il est nommé instituteur à Montsinéry en 1913, puis à Corossony, puis Sinnamary où il devient directeur. Il effectue un long séjour en Guadeloupe, de 1946 à 1957, où il est fonctionnaire au centre hospitalier de Pointe-à-Pitre de 1946 à 1947. Il devient secrétaire de mairie à Sinnamary de 1957, poste qu’il occupe jusqu’en 1969. Il contribue activement au désenclavement de cette ville où il vit jusqu’à la fin de sa vie (en 1970) en participant lui-même à la construction de ponts et au transport des habitants… dans son propre véhicule, le seul de la commune.

De 1928 à 1950, il écrit onze pièces de théâtre rédigées entièrement ou partiellement en créole. Ces scènes construites pour être jouées par de jeunes comédiens, offrent un regard dénué d’exotisme sur la vie guyanaise de l’époque. Le seul récit publié de son vivant, Les chaînes du passé (1952), évoque, quant à lui, la période esclavagiste. Il y prône le métissage entre maîtres et esclaves pour subvertir l’iniquité du système.

Tout comme Alfred Parépou (auteur du premier roman en créole en 1885), Constantin Verderosa retranscrit une langue orale qui ne possède pas encore de codification écrite, et adopte une écriture francisée dont les formulations sont proches du français ou du créole antillais.

Les scènes quotidiennes de la vie qu’il dépeint dans une petite ville de Guyane du début du XXe siècle sont essentiellement centrées sur des personnages féminins qui aspirent au mariage idéal voire au départ pour la France, ou de femmes célibataires affrontant les aléas de l’existence. Ces pièces qui ont toujours une fin heureuse se refusent tout propos politique. Aucune référence n’est faite au bagne, à l’affaire Galmot, ou encore à l’orpaillage qui sont pourtant des séquences marquantes du processus historique guyanais de l’époque, pas davantage de regard critique à l’égard de l’administration coloniale. L’originalité de Constantin Verderosa réside dans la mise en forme, en pleine période assimilationniste, de cette première écriture théâtrale où le français et le créole se mêlent dans des dialogues exaltant la rencontre pacifique des cultures.

– Dominique Boisdron

citation
Vraiment – Je ne pourrais plus me passer de ce patois. La manière dont il est parlé par la mère Cénéline, ses gestes, avec les mains parfois aux hanches, ce costume, ce timbre de voix, tout est captivant.

extrait
Alexia : Mo entré par la porte divan a mo fi. Mo vini annoncé to oune nouvelle. Mo ka pati pou France ké Omer. So fanmi voyé sassé li, so papa mouri, laissé combien soumakié baille li. Ça fait nous ka pati mo fi. Nous ka lé loin di mauvaise langue. Mo blangue bien content mo. Mo ka fait ça mo lé ké li. Mo ka dit to li temps pou courrié rivé. (Je suis entrée par la porte de devant, ma chère. Je suis venue t’annoncer une nouvelle. Je pars pour la France avec Omer. Sa famille a envoyé le chercher, son père, décédé, lui a laissé beaucoup d’argent. Ce qui fait que nous partons ma chère. Nous allons loin de mauvaises langues. Mon Blanc m’aime bien. Je fais ce que je veux avec lui. Je te dis qu’il est temps que le courrier arrive).
Eloïse : Lô to ké rivé en France a pou to çassé oune blangue aussi pou mo, oui. (Lorsque tu arriveras en France, il faudra que tu me cherches un Blanc, à moi aussi, d’accord ?)


Oeuvres principales:

Théâtre:

  • Scènes créoles. Première partie : Eloïse, Céphise, La peau Léon. Présenté par Biringanine Ndagano, avec la collaboration de Monique Blérald-Ndagano et Daniel Schlupp. Paris: L’Harmattan / Fort-de-France: GEREC-PUC, 1994.

Essai:

  • Les chaînes du passé: légende en Guyane. Paris: Louis Soulanges, 1961.

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Dossier Constantin Verderosa préparé par Dominique Boisdron

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mis en ligne : 8 février 2015 ; mis à jour : 27 novembre 2015