Michel Philippe Lerebours

Michel Lerebours

photo © Kiskeya, l’île mystérieuse
Pétion-Ville, 2012

Historien de l’art, écrivain et enseignant, Michel Philippe Lerebours est né à Port-au-Prince le 29 novembre 1933. Il fait ses études primaires et secondaires de 1939 à 1952 à l’Institution Saint-Louis-de-Gonzague puis rentre à l’École Normale Supérieure d’où il sort diplômé en 1955. Admis à la faculté de Droit de Port-au-Prince en 1955, il en sort licencié en 1958. La même année il devient membre fondateur de la revue culturelle Coumbite. Sa passion pour le théâtre le pousse très jeune à devenir membre de la Société Nationale d’Art Dramatique. Il y reste de 1957 à 1960, année où il obtient une bourse d’études pour la France pour intègrer la faculté des lettres et des sciences humaines,  et plus précisément l’Institut d’Art et d’Archéologie. En 1962, il décroche sa licence ès lettres de l’université de Paris-Sorbonne. À partir de 1965, il entame des études doctorales. En 1980, il devient docteur en histoire de l’art et de l’archéologie de l’université de Paris I. Il va falloir attendre 1989 pour qu’il livre au grand public le fruit de ses recherches par la publication en deux volumes d’Haïti et ses Peintres, de 1804 à 1980, Souffrance et espoir d’un peuple. Cet ouvrage rare demeure une référence dans les annales de l’histoire de l’art haïtien.

La carrière d’enseignant de Michel Philippe Lerebours débute en 1954. Il est d’abord professeur de littérature française dans diverses écoles de Port-au-Prince et de Pétion-Ville, dont le Lycée Anténor Firmin où il compte  l’industriel haïtiano-américain Dumarsais Siméus parmi ses étudiants. En 1962, c’est en Afrique francophone que l’on retrouve Lerebours. Plus précisément à Kinshasa au Zaïre. Pendant quatre ans, il est membre de la commission de la reforme des programmes de l’enseignement de la République du Congo. Il est professeur d’histoire, d’histoire de l’art et d’esthétique, à l’Athénée de Kalina en 1964 ; il enseigne également la philosophie au Lycée Français Descartes de Kinshasa. La même année, il supervise les travaux des stagiaires de l’Institut de Pédagogie Nationale du Zaïre.

Lors de l’Exposition Internationale de Montréal en 1967, Lerebours est chargé de la participation artistique du Zaïre et il devient commissaire de plusieurs expositions d’art haïtien en Amérique du Nord, en Europe et dans les Antilles.

En 1967, Lerebours quitte l’Afrique pour l’Amérique du Nord où il enseigne pendant deux ans la littérature française à L’École Normale Maurice Duplessis, à Trois-Rivières au Canada. Parallèlement, il devient membre d’une commission ayant pour mission la préparation des programmes de littérature, d’esthétique et d’art pour l’Université du Québec à Trois-Rivières. En 1969, Michel Philippe Lerebours est nommé professeur de littérature à l’Université du Québec. Il part ensuite pour New York où il est professeur de français à Brooklyn avant de rejoindre la manufacture Hanover Trust à New York de 1969 à 1977.

1981 marque un moment décisif dans la vie de Lerebours qui se réinstalle définitivement en Haïti. Il devient en 1981 professeur d’histoire de l’art et de l’esthétique à L’Institut français d’Haïti puis en 1982, professeur d’histoire de l’art et de littérature négro-africaine à l’Université d’État d’Haïti. En mars 1983, il est nommé responsable de la Section Art et Archéologie au Musée du Panthéon nationale Haïtien.

Depuis 1955, Lerebours publie de nombreux articles sur le théâtre et la peinture haïtienne dans des journaux et revues haïtiens, français, canadiens, américains, mexicains et tant d’autres. Il est élevé par la France au rang de Chevalier de l’ordre Nationale de la Culture et des Arts en mars 1985.

Le professeur Lerebours a choisi de faire la promotion de jeunes talents dans le domaine des arts plastiques. C’est ainsi qu’il devient le principal instigateur du concours « Connaître les jeunes peintres » qui a vu surgir de jeunes peintres, dont Garry, Harold Dessalines, Olrich Moca, Kendy Vérilus et Sergine André.

En 1983, Lerebours est nommé Directeur général de l’École Nationale des Arts, poste qu’il assume jusqu’en 1991, année de l’arrivée au pouvoir de Jean-Bertrand Aristide. N’étant plus en odeur de sainteté aux yeux de cette nouvelle mouvance politique communément appelé Lavalas, Lerebours est attaché à l’enseignement de l’esthétique et d’histoire de l’art et travaille comme vice-recteur aux affaires académiques de l’Université Jean Price-Mars de 1991 à 1997.

Le Roi, une pièce de théâtre écrite par Lerebours en 1970 et publiée en 1974 remporte le premier prix dans le cadre du concours annuel « Théâtre vivant » organisé par Radio France Internationale (RFI) en 1991. En 1996, son œuvre théâtrale Les circoncis de la Saint-Jean remporte le prix du Ministère de la coopération française dans le cadre du concours international annuel « dramaturgie » organisé par RFI.

Depuis 1994, Michel Philippe Lerebours assure la présidence de l’association haïtienne de recherches en esthétique et en histoire de l’art (AHREHA), une section régionale de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA). En 1998, il fait son entrée au Musée d’art haïtien – une institution de l’église épiscopale d’Haïti – à titre de conservateur des expositions. Il siège au conseil d’administration de ladite institution en tant que vice-président. Il est aussi membre d’honneur de la Société Haïtienne d’Histoire de géologie et de géographie.

En 2004, l’historien de l’art est membre de la commission présidentielle de commémoration du Bicentenaire de l’Indépendance d’Haïti que pilotait l’ex-président Leslie François Manigat. Depuis, il passe le plus clair de son temps à une réédition revue augmentée et corrigée de Haïti et ses peintres et à une série d’activités de levée de fonds en vue de la reconstruction du Musée d’art haïtien gravement endommagé par le séisme rageur du 12 janvier 2010.

– Kendy Vérilus


Oeuvres principales:

Essais:

  • Haïti et ses peintres de 1804 à 1980: souffrances & espoirs d’un peuple. 2 volumes. Préface d’Henri Micciolo. Port-au-Prince: L’Imprimeur II, 1989.
  • L’Habitation sucrière domingoise ; et Vestiges d’habitations sucrières dans la région de Port-au-Prince. Port-au-Prince: Presses Nationales d’Haïti, 2006.

Théâtre:

  • Le roi, suivi de Temps mort. Port-au-Prince: Éditions Connaissance d’Haïti, 1975.
  • Les circoncis de la Saint-Jean. New York: Rivarticollection, 2002.

Catalogues et expositions de peinture sélectionnés:

  • Image d’Haiti, exhibition of paintings and sculpture by Haitian artists in New York, the Brooklyn Museum, Community Gallery, October 5 through 26, 1969.
  • Bernard Wah. Port-au-Prince: Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre, 1999.
  • Dieudonné Cédor : une rétrospective. Port-au-Prince: Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre, 2001.
  • Ansy Dérose : une rétrospective. Port-au-Prince: Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre, 2001.
  • Jacques Gabriel : une rétrospective. Port-au-Prince: Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre, 2002.
  • Frankétienne : entre ténèbres et lumière. Port-au-Prince: Musée d’art haïtien du Collège Saint-Pierre, 2004.

Article sélectionné:

  • « The Indigenist Revolt: Haitian Art, 1927-1944 ». Callaloo 15.3 (1992): 711-725.

Prix et distinctions:

  • 1985     Chevalier de l’ordre Nationale de la Culture et des Arts (France).
  • 1991     Premier prix du concours « Théâtre vivant » de Radio France Internationale (RFI), pour Le Roi.
  • 1996     Prix du Ministère de la coopération française en « dramaturgie » organisé par RFI, pour Les circoncis de la Saint-Jean.

Sur l’oeuvre de Michel Philippe Lerebours:

  • Célius, Carlo Avierl. « L’avènement de l’art naïf en Haïti. La portée instauratrice d’un jugement esthétique ». RACAR: revue d’art canadienne / Canadian Art Review 29.1&2 (2004): 47-64.
  • Haffner, Peter. « Brief Overview of Two Centuries of Haitian Painting (1804–2004) by Michel-Philippe Lerebours ». Journal of Haitian Studies 25.1, (Spring 2019): 224-227.
  • « Dr Michel Philippe Lerebours: Textes et Témoignages ». Toussaint Louverture Cultural Foundation, 2015.
  • Prézeau-Stephenson, Barbara. « L’art contemporain haïtien : une danse entre l’exode et l’exotisme ». Africultures 1.58, 2004 : 67 à 77.
  • Toussaint, Hérold, « Langage plastique et énonciation identitaire. L’inventeur de l’art haïtien, par Carlo A. Célius ». Ethnologies 31.1 (2009): 260–266.
  • Sullivan, Edward J. « ‘La magie de l’authenticité’ : Deux décennies d’exposition et d’étude de l’art haïtien aux États-Unis et en Grande-Bretagne ». Gradhiva 21 (2015): 206-221.

Liens:

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Dossier Michel Philippe Lerebours préparé par Kendy Vérilus

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mis en ligne : 7 janvier 2021 ; mis à jour : 7 janvier 2021