Henri Hiro

Henri Hiro

photo adaptée d’un cliché disponible sur le site Facebook du CAPF (Conservatoire artistique de la Polynésie française)

Henri Hiro est né le 1er janvier 1944 sur l’ile de Moorea, en Polynésie Française. Il fait ses études secondaires École Pastorale d’Hermon (Église évangélique), avant de terminer son cursus à l’École Vienot. Grâce à une bourse de l’église, il part en 1968 pour la France et obtient une licence en théologie protestante à Montpellier où il rédige Le mariage : « O te ta’ata ihoa te maitai a’e, eita te mou’a te hi’o mai i te ta’ata » (traduit par son biographe, Jean-Marc Tera’ituatini Pambrun, « Seul l’homme est meilleur, les montagnes ne le regardent pas »).

Confronté à des doutes sur sa vocation, il rentre à Tahiti en décembre 1972 et abandonne sa carrière ecclésiastique pour se consacrer à sa famille et c’est à ce moment que son engagement politique pour la promotion de la culture mā’ohi se solidifie. En 1975, il participe à la création du parti ia mana te nuna’a, avec son premier leader, Jacqui Drollet, et cinq autres étudiants et diplômés. Au cours des années 70, dans son rôle à la tête de la Maison des Jeunes et de la Culture (qui deviendra l’Office Territorial d’Action Culturelle), son projet politique s’attache à promulguer, surtout auprès la jeune génération, une revitalisation des arts et des traditions autochtones,. C’est durant cette époque qu’il devient, dès 1973, rédacteur de la revue protestante bilingue Ve’a Porotetani.

Sa production artistique, comme son activisme rencontre le spectre des essais nucléaires en toile de fond. Ces essais commencent dans la région en 1962, et sont censés faire des îles « un refuge et un centre d’action pour la civilisation toute entière » selon un discours de De Gaulle, prononcé lors de sa visite de 1966. Pour Hiro, la menace écologique est inséparable des relations coloniales avec la métropole, une dualité qui inspire le poème « Atae ho’i e » pour accompagner le rapport à l’UNESCO de 1977. Dans ce poème Hiro fait un reproche désormais : « Si tu étais venu chez nous, nous t’aurions accueilli à bras ouverts. Mais tu es venu ici chez toi, et on ne sait comment t’accueillir chez toi ».

Poète-militant, enseignant-animateur, il produit, durant sa trop courte vie une œuvre qui ne manque jamais une opportunité de poursuivre ses buts entrecroisés, une œuvre alors « avant tout multiple et polymorphe » selon Aimeho Charousset, « Il ne pouvait imaginer sans le combat qui va de pair » (28). Pour Chantal Spitz aussi, le travail d’Hiro est fondateur :

Hiro, souffle puissant qui nous a poussé à nous oser Mā’ohi dans des temps où la bien-pensance exigeant de nous notre entière reddition intellectuelle et culturelle à la mère patrie source de toutes nous humanités. (Chantal T. Spitz, dans de « e Hiro e »)

Henri Hiro est mort le 10 mars 1990 à l’ile de Huahine, à l’âge de 46 ans. Il laisse une œuvre artistique précieuse : théâtre, poésie, cinéma, télévision – mais également un héritage inestimable de politique de préservation culturelle à travers les jeunes qu’il a formés et les disciples artistiques qu’il a inspirés.

– Charles Rice-Davis


Oeuvres principales:

Poésie en français et en mā’ohi:

  • Pehepehe i tau nunaa/ Message poétique. Pape’ete: Éditions Tupuna, 1985; réédition: Pape’ete: Haere Po, 2004.

Comédie musicale:

  • Taaroa. Traduit par John Mairai. Tahiti: Office Territorial d’Action Culturelle, 1984.

Filmographie:

  • Le Château, coréalisé avec Jean L’Hôte, 1979.
  • Marae, 1983.
  • Te ora, série télévisée écrite par Henri Hiro et réalisée par Bruno Tetaria, 1988.

Sur la vie et l’oeuvre d’Henri Hiro:

  • Nicole, Robert. « Towards a Literature of Liberation ». The Word, the Pen, and the Pistol: Literature and Power in Tahiti. Albany, NY : SUNY Press, p. 167-202.
  • Pambrun, Jean-Marc Tera’ituatini. Henri Hiro, héros polynésien : biographie. Moorea: Puna Honu, 2010.
  • « Dossier : e Hiro e ». Littérama’ohi, Ramées de la Littérature Polynésienne 18 (septembre 2010).
  • Taulapapa Mcmullin, Dan. « The fire that devours me: Tahitian spirituality and activism in the poetry of Henri Hiro ». International Journal of Francophone Studies 8.3 (December 2005): 341-357.

Traductions:

in English:

  • « Three Poems ». Traduits (du français) par Jean Toyama et Frank Stewart. Mānoa. (Honolulu) 17.2 (Winter 2005): 84-89.
  • « The Source : An Interview with Henri Hiro » (entretien avec Rai A. Mai). Traduit par Jean Toyama. Vārua Tupu: New Writing from French Polynesia. Mānoa 17.2 (Winter 2005): 70-81 (Winter, 2005)

Liens:

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Dossier Henri Hiro préparé par Charles Rice-Davis

/hiro/

mis en ligne : 6 janvier 2021 ; mis à jour : 6 janvier 2021