Saindoune Ben Ali est né à la fin des années 1960 à Mirontsy (Anjouan). Dans la quatrième de couverture de son recueil Testaments de transhumance, il affirme non sans ironie être « mort en 1978, piétiné par une foule carnavalesque dans les rues de son île natale, à l’annonce du coup d’État qui mit fin à la vie d’Ali Soilihi. » Il n’empêche qu’il est un auteur très actif, à la fois poète, critique et fondateur de collectifs d’artistes tel Djando la Waâdzishi.
Assumant pleinement la part de marginalité liée à l’expression artistique, Saindoune Ben Ali aime parfois faire parler son alter ego au nom d’esclave, Burungu Houmadi Bongo. Sa poésie secoue les mensonges de l’Histoire (légendes trompeuses, mémoires brouillées) dans le but d’appeler au sursaut sa communauté et plus particulièrement la jeunesse. Il s’agit d’échapper au mirage des départs comme à la sclérose des mansuétudes, de trouver aussi un langage apte à dire les identités mouvantes et plurielles.
Le verbe de Saindoune Ben Ali aux tonalités à la fois polémique, satirique et oraculaire impose dès la fin des années 1990 Testaments de transhumance en recueil phare pour des auteurs plus jeunes (Mohamed Anssoufouddine, Soeuf Elbadawi, Nassuf Djailani, Adjmaël Halidi…) qui expérimenteront des écritures différentes des premiers poètes comoriens francophones recensés par Carole Beckett dans son anthologie publiée en 1995.
– Linda Rasoamanana
Oeuvres principales:
Poésie:
- Palangana. Saint-Denis de La Réunion: ADER, 1992.
- Testaments de transhumance. Saint-Denis de La Réunion: Grand Océan, 1996 (1e éd.), Moroni: Komédit, 2004 (2e éd.), 2015 (3e éd.).
- Feuilles de feux de brousse. Moroni: Bilk & Soul, 2012.
- Malmémoires. Moroni: Komédit, 2013.
- Rêveries du pays des fées. Paris: L’Harmattan, 2016.
- « Dits des vents du large » (avec Nassuf Djailani). Hadith pour une République à naître, par Nassuf Djailani. Moroni: Komédit, 2017: 41-62.
Préfaces:
- « Préface ». Mohamed Anssoufouddine, Paille-en-queue et vol. Moroni: Komedit, 2006: 11-12.
- « Préface. La hantise du mur de nos tragédies intérieures ». Nassuf Djailani, Hadith pour une République à naître. Moroni: Komedit, 2017: 7-8.
Articles sélectionnés:
- « Topologie et typologie : l’espace comme élément de la structuration d’une mentalité marquée… », Collectif, Esclavage, razzias et déportations : aspects d’une histoire de Mayotte, Mamoudzou: Baobab, 1998: 127-131.
- Voir les liens ci-dessous.
Sur l’oeuvre de Saindoune Ben Ali:
- Raharimanana, Jean-Luc. « Testaments de transhumance : les rêves d’archipel, du poétique au politique ». Interculturel-Francophonies 19 (juin-juillet 2011): 225-231.
- Rasoamanana, Linda. « Pourquoi des poètes en temps de détresse? La poésie francophone de l’archipel des Comores depuis 1995 ». Les Littératures francophones de l’archipel des Comores. Buata Malela, Linda Rasoamanana, Rémi Tchokothe, éds. Paris: Classiques Garnier, 2017: 87-113.
- Soeuf Elbadawi. « Saindoune Ben Ali. Et la littérature comorienne fut ! ». Africultures 51 (2002): 55-57.
Liens:
ailleurs sur le web:
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Textes de Saindoune Ben Ali:
- « Question de littérature aux Comores » (Communiqué du collectif Djando la Waâdzishi. Africultures (11 mars 2012).
- « Sania de Sadani ». Africultures (8 mars 2013).
- « Littérature comorienne : récurrences et sociohistoire ». Africultures (15 juin 2013).
- Boni, Tanella. « Testaments de transhumance de Saindoune Ben Ali. La mort du poète » (30 novembre 2005), Africultures 65, 2005/4: 241-243.
- Hassan, Fathate Karine. « Silence, on meurt. Malmémoires de Saindoune Ben Ali ». Africultures (3 avril 2014).