Louis-José Barbançon

Louis-José Barbançon, photo © Éric Dell'Erba Nouméa, Musée de la ville, décembre 2005

photo © Éric Dell’Erba
Nouméa, Musée de la ville, décembre 2005

Louis-José Barbançon voit le jour à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), le 12 avril 1950. Descendant de familles issues des deux colonisations, la libre et la pénale, il grandit dans un milieu « de tradition gaulliste et chrétienne », précise-t-il. Son enfance est marquée par la disparition précoce de son père, en 1953, dans le naufrage de La Monique, au large de Maré, l’une des îles Loyauté de l’archipel calédonien. Sa mère, institutrice chez les sœurs de Cluny, se retrouve seule avec un petit garçon qu’elle décide d’inscrire à l’école, à un âge où à l’époque les enfants n’y vont pas encore.

En 1968, baccalauréat en poche, il s’envole vers Aix-en-Provence où l’attendent des études d’histoire qui vont peser lourd dans sa vie d’homme. D’abord parce qu’elles le conduiront à explorer, avec le passé de sa terre natale, le versant secret de sa propre histoire familiale. Ensuite parce qu’elles vont le conduire à questionner son rapport à la Nouvelle-Calédonie, mais également les rapports entre celle-ci, le Pacifique qui l’entoure et sa lointaine Métropole.

Il revient au pays au début des années soixante-dix, débute sa carrière d’enseignant, suit de près l’actualité politique en observateur, puis s’y engage en tant qu’acteur. En 1979, il devient secrétaire général de la Fédération pour une nouvelle société calédonienne (F.N.S.C.), mouvement autonomiste qui souhaite ouvrir la voie à un nouveau dialogue entre les deux principales communautés du pays, Kanak et Calédoniens d’origine européenne.

Attaché de cabinet au Conseil du gouvernement de 1979 à 1984, il participe à l’élaboration d’un ensemble de réformes, notamment dans les domaines foncier, éducatif et fiscal. En 1982, la F.N.S.C. s’allie avec le Front indépendantiste et rend possible l’élection du leader indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou à la vice-présidence du conseil gouvernemental.

Au sortir des années 1984-1988, qui voient la Nouvelle-Calédonie plonger aux limites de la guerre civile, Louis-José Barbançon décide de rassembler les notes prises durant toute la décennie. Ce sera Le Pays du non-dit, publié à compte d’auteur en 1992. Le livre est un succès de librairie : deux éditions, aujourd’hui épuisées, et une expression, « pays du non-dit », qui, comme le livre, fait rapidement référence. Suit en 1995 La Terre du lézard. Puis il tient de décembre 1995 à mai 1996, dans l’éphémère Quotidien calédonien, une chronique, Rue de l’Observatoire.

S’affirme dans ces écrits une passion de la terre calédonienne qui prend parfois une dimension exacerbée, et l’engage sur un terrain volontiers polémique. Humour caustique, sens de la formule, sensualité dans l’expression du rapport au monde et au pays caractérisent aussi son écriture.

Dans le même temps, Louis-José Barbançon ne cesse de s’inscrire dans une démarche d’historien. Il consacre notamment plusieurs décennies à d’importants travaux de recherche sur la colonisation pénale. Ceux-ci l’amènent à lever le voile sur l’ascendance pénale de nombreuses familles calédoniennes, dont la sienne, à obtenir son doctorat en septembre 2000 et à publier en 2003, à partir de sa thèse, l’un des, voire le principal ouvrage de référence écrit à ce jour sur le bagne de la Nouvelle-Calédonie : L’Archipel des forçats, qui est lui aussi un succès de librairie.

Louis-José Barbançon prend sa retraite en 2006 après une carrière d’enseignant d’histoire qui s’est essentiellement déroulée dans un collège du quartier nouméen de Rivière-Salée, situé en zone d’éducation prioritaire. Il y a observé les enracinements et les mutations de jeunes générations dont il estime qu’elles échappent de plus en plus à des définitions prioritairement rattachées à leurs origines ethniques et culturelles.

Son attachement à sa terre natale et à une langue française qu’il veut riche de toute la diversité de ses expressions, est celle d’un homme qui ne se considère pas comme un Européen, mais comme « un Océanien d’origine européenne ».


Oeuvres principales:

Essais:

  • Le Pays du non-dit: Regards sur la Nouvelle-Calédonie. Nouméa: édité par l’auteur, 1992; Nouméa: Editions Humanis, 2019.
  • La Terre du lézard. Nouméa: Éditions Île de lumière, 1995.

Pamphlet:

  • Le Javelot brisé. Nouméa, 1997.

Histoire:

  • Une Stèle pour La Monique. Nouméa: Société d’Études Historiques de la Nouvelle-Calédonie (SEHNC)/Comité La Monique, 1978.
  • Pages de la vie de Bourail. Nouméa: Association passé de Bourail, 1986.
  • « Déportation et colonisation pénale en France (1789-1847). Introduction à la colonisation pénale en Nouvelle-Calédonie ». Mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Provence, 1991.
  • « Les Origines de la colonisation pénale en Nouvelle-Calédonie (1810-1863) ». Mémoire de D.E.A. d’histoire, Université française du Pacifique, 1992.
  • Entre les chaînes et la terre. L’évolution de l’idée de déportation au XIX° siècle en France, aux origines de la colonisation en Nouvelle-Calédonie. Thèse de doctorat d’histoire, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, septembre 2000.
  • L’Archipel des forçats: Histoire du bagne de Nouvelle-Calédonie, 1863-1931. Préface de Michèle Perrot. Lille: Presses Universitaires du Septentrion, 2003.
  • Le mémorial du bagne calédonien – Entre les chaînes et la terre. Tome 1: Les chaînes; Tome 2: La terre. Pirae (Tahiti): Au Vent des îles, 2020.

Articles et préfaces sélectionnés:

  • Préfaces:
    • Mélanésiens d’aujourd’hui; la société mélanésienne dans le monde moderne, par un groupe d’autochtones calédoniens.. Nouméa: SEHNC, 1976.
    • Briault, Jean-Claude. Les Métamorphoses de Nouméa. Nouméa: Éditions d’Antan, 1977.
    • Latham, Linda. La Révolte de 1878. Nouméa: SEHNC, 1978.
    • Maniquant, Michèle. Poèmes de la « Nouvelle »: terre d’exil et bagne, anthologie. Nouméa: Amis de la poésie/L’Herbier de Feu, 2004.
  • Postface de L’Âge du Perroquet-banane, de Claudine Jacques. Nouméa: L’Herbier de Feu, 2003.
  • « Ne fais pas ton Djoubelly ». Politis 63 (mai 1989).
  • «  La Colonisation pénale en Nouvelle-Calédonie ». Terres de bagne. Aix-en-Provence: AMAROM, 1990.
  • « Transportation, déportation, relégation (1863-1931 », « La Colonisation pénale (1863-1931) » et « Pour en savoir plus: Bourail au siècle dernier ». Articles du manuel d’histoire de CM2 dont Louis-José Barbançon est l’un des co-auteurs, chap. 31, Nouméa: Centre de documentation pédagogique, 1990.
  • « Ils partirent au malheur » ; « Les Damnés du Chéribon » (avec Véronique Devambez). Nouvelles-Calédonies avant 1914. Paris: Éditions Pacifique, 1992.
  • « Le Convoi sans retour ». Actes du colloque Condamnés, convicts, coolies, Chân Dàng : le Peuplement du Pacifique au XIXème siècle. Paris: L’Harmattan, 1994.
  • «  La Prise de possession de la Nouvelle-Calédonie, un acte prémédité dans un contexte pénal ». Bulletin de l’association des professeurs d’histoire et de géographie de Nouvelle-Calédonie 5 (1994).
  • « Credo calédonien ». Être caldoche aujourd’hui. Ouvrage collectif. Nouméa: Éditions Île de lumière, 1994: 53-57.
  • «  La Déportation des communards en Nouvelle-Calédonie (1872-1881) ». Nouméa: Bulletin 105 de la SEHNC (1995).
  • « Portrait d’un Calédonien, Gaston Morlet ». Le Mémorial calédonien (Nouméa) tome 10 (1998).
  • Intervention (pp. 163-164) in La Souveraineté partagée en Nouvelle-Calédonie et en droit comparé, sous la direction de Jean-Yves Faberon et Guy Agniel. Paris: La Documentation française, 2000.
  • « L’Exécutif : évolution ». 101 mots pour comprendre les institutions de la Nouvelle-Calédonie. Nouméa: Éditions Île de lumière, 2002.
  • «  La Francophonie dans le Pacifique sud ». Revue de l’observatoire des politiques culturelles (Grenoble) 24 (2003).
  • « She Came for History », hommage à Dorothy Shineberg. Nouméa: Bulletin 141 de la SEHNC, 2004.
  • « Ne pas avoir peur de l’Histoire », entretien. Mwà Véé (Nouméa) 44 (2004).
  • «  La Déportation des Arabes » (avec Gisèle Chauvet), « Des Forçats politiques », «  Des Déportés indo-chinois à Maré », « Des Espions à la Nouvelle », « Dreyfus à Ducos » et « Les Déportés de l’après-guerre (1920-1925). Île d’exil, terre d’asile, les déportations politiques et les expulsions en temps de guerre en Nouvelle-Calédonie. Catalogue de l’exposition éponyme. Nouméa: Ville de Nouméa, 2005.

Documentaire:

  • Présentation de l’écrivain calédonien Jean Mariotti (avec Frédéric Ohlen). Document vidéo réalisé par le Centre de documentation pédagogique et sa Télévision éducative. Nouméa: C.D.P., 2001.
  • L’Archipel des forçats, documentaire-fiction de Jacques-Olivier Trompas, écrit par Louis-José Barbançon. Néo Productions, 2009.

Distinction littéraire:

  • 2019     Prix Popaï du Salon international du livre océanien (SILO), pour Le Pays du non-dit: Regards sur la Nouvelle-Calédonie.
  • 2020     Prix spécial du SILO (Salon international du livre océanien), pour Le mémorial du bagne calédonien.

Liens:

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Dossier Louis-José Barbançon préparé par Anne Bihan

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mis en ligne : 11 mai 2006 ; mis à jour : 29 décembre 2020