Janine Tavernier

Janine Tavernier, photo © Leonel Almada Floride, août 2007

photo © Leonel Almada
Floride, août 2007

Janine Tavernier est née le 23 mars 1935 à Port-au-Prince (Haïti). Elle fait ses études primaires et secondaires à l’école du Sacré-Coeur de Turgeau en Haïti. Mariée très jeune à Gervais A. Louis, elle a de lui ses cinq enfants. En 1967, au début du régime duvaliériste, Janine Tavernier-Louis quitte le pays avec sa famille pour l’exil aux États-Unis.

Elle achève ses études universitaires d’abord à San Francisco State University en Californie où elle obtient son B.A. (licence) en lettres françaises (cum laude), à New York University où elle obtient une maîtrise en langue française et en civilisation française, et à l’université de Californie à Davis où elle obtient un doctorat en littéraire française avec une spécialité en francophonie. Elle se fait une carrière dans l’enseignement de 1984 a 2002. Depuis 2007, elle est retraitée et vit en Haïti.

Dans toutes ses œuvres – prose ou poésie – il y a chez Janine Tavernier une passion presque violente à la recherche d’un monde social ou régnerait l’amour vrai entre humains, un monde de justice et de respect mutuel. Cet amour qu’elle réclame, elle le voudrait pour tous et surtout pour toutes les femmes qui souffrent leur vie au lieu de la vivre. La poésie de cette « poétesse aux accents indigénistes modernes » (Saint-John Kauss) est donc une poésie dure, intense, déchirée mais aussi émouvante dans sa quête inassouvie :

… Le sommeil dans mon verre me guette
je suis entre ses doigts une proie bien facile
o mes songes azurés qui refoulent ma colère
quand au-delà des nuits le soleil vit encore…
Demain jaillira de mon ivresse
comme un poignard déchirant les brumes
demain ce sera toi
demain ce seront eux…
(Naima fille des dieux)

On retrouve cette colère latente dans ses romans. Ti Sia, le personnage principal de La Gravitante, dira : « J’entendais mon cri percuter le ciel, effilocher le silence solennel des lieux, désarrimer la paix alentour… Et mon cri ne s’arrêtait pas, je ne savais pas l’arrêter… C’était un cri étranger à moi-même, venant d’une femme que je ne connaissais pas, une femme qui s’insurgeait… ». Ce cri traverse toute l’œuvre de Janine Tavernier qu’il soit cri de désespoir ou de guerre :

Et je tourbillonne ma vie en dehors… et dans mes nuits sans lune
je flambe et je rougeoie j’enflamme amis
levez les yeux voyez ma dernière étincelle
qui fait la guerre au soleil.
(Sphinx du laurier rose)

Poétesse et romancière haïtienne, Janine Tavernier est décédée à Tampa (Floride) le 27 février 2019.


Oeuvres principales:

Poésie:

  • Ombres ensoleillées. Port-au-Prince: Gervais A. Louis, 1961.
  • Sur mon plus petit doigt. Port-au-Prince: Imprimerie Serge L. Gaston, 1962.
  • Splendeur. Port-au-Prince: Imprimerie S. Bissainthe, 1963.
  • Naïma, fille des dieux. Préface de Jean F. Brierre et Roger Dorsinville. Sherbrooke: Naaman, 1982.
  • Sphinx du laurier rose. Port-au-Prince: Éditions Khus Khus / Imprimerie Le Natal, 2010.
  • Ombre ensoleillée suivi de Splendeur. Port-au-Prince: Legs Éditions, 2014.

Romans:

  • Fleurs de muraille. Montréal: CIDIHCA, 2000.
  • La Gravitante. Port-au-Prince: Presses Nationales d’Haïti, 2007.

Essai:

  • Une Tentative de morphologie du conte haïtien suivie d’une analyse psychologique. Thèse de doctorat, University of California, Davis, 2002.

Textes publiés dans des ouvrages collectifs:

  • « Causerie paysanne » (poème). Conjonction 103 (1966).
  • « Mal comme misère » (extrait). Sapriphage 22 (juillet 1994).
  • « L’eau des marées souterraines ». Brassage: Une anthologie poétique de femmes haïtiennes. Claudine Michel, Marlène Racine-Toussaint et Florence Bellande-Robertson, éds. Santa Barbara (Californie): Multicultural Women’s Presence, Inc., 2005: 200-201.
  • Splendeur (extraits). Terre de femmes; 150 ans de poésie féminine en Haïti. Paris: Bruno Doucey, 2010: 81-84.
  • « Marassa deux têtes quatre jambes » (nouvelle). Une soirée haïtienne, sous la direction de Thomas C. Spear. Montréal: CIDIHCA, 2020: 197-203.

Enregistrements sonores:

  • « Le cadre vide », mise en musique du poème de Janine Tavernier par Sacha Alexandre sur le disque Alexandre, 1992.
  • « Sur mon plus petit doigt » (extrait), poème de Janine Tavernier dit par Anthony Phelps sur son disque La poésie contemporaine d’Haïti. Trente-quatre poètes. CD. Pétion-Ville, Haïti, 1998.
  • « Amuse-toi bien », poème de Janine Tavernier dit par Pierre Brisson sur son disque À voix basse (volume 2). Port-au-Prince: Pierre J. Brisson, 2006.
  • « Ah mon rire… », poème de Janine Tavernier. Terre de femmes; 33 voix de la poésie féminine haïtienne. Textes dits par Paula Clermont Péan et Céline Liger. CD audio. Paris: Bruno Doucey, 2010.

Sur l’oeuvre de Janine Tavernier:

  • Brierre, Jean Fernand. Article dans Rond Point 12 (décembre 1963).
  • Crosley, Reginald. The Vodou Quantum Leap: Alternative Realities, Power, and Mysticism. Saint-Paul, Minnesota: Llewellyn Publications, 2000.
  • Crosley, Reginald O. Harmoniques. Poésie 1960-1998. Figeac (France): Yves Saint-Gérard, 2001.
  • Fièvre, Jessica. « Janine Tavernier », entretien. Women Writers of Haitian Descent, 2003.
  • Fleurs de muraille (« Vient de paraître »). Notre Librairie 146 (décembre 2001): 133.
  • Naudin, Marie. Naïma, fille des dieux (compte rendu). The French Review 58.5 (April 1985): 763.
  • Taleb-Khyar, Mohamed B. « Yanick Lahens » (interview). Callaloo 15.2 (Spring 1992): 441-444.
  • D’autres articles sur l’oeuvre de Janine Tavernier (par exemple, par Roger Gaillard et Pradel Pompilus) ont été publiés dans la presse haïtienne entre 1961 et 1967.

Liens:

sur Île en île:

ailleurs sur le web:


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Dossier Janine Tavernier préparé par Thomas C. Spear

/tavernier/

mis en ligne : 28 janvier 2011 ; mis à jour : 19 octobre 2020