Sonny Rupaire, « À Guy l’an neuf » (hommage à Guy Tirolien)

HOMMAGE

À GUY L’AN NEUF

Pour toi sans mémoire déjà corps exposé
Là dans ton cercueil lavande bougainvillées
Surveillent la veillée et tendent bien l’oreille
Les caciques acacias pointent leurs épées
Épiant à l’avant-garde la nuit sur La Treille
Et Grand-Bourg à leur pied si calme et reposé

Inhumé sans couronnes ni fleurs parfumées
Sans ronronnants répons pas plus que pleurs et cris
Hypocrites ou vrais par un vendredi gris
Te voilà dégrisant griots et coryphées
Nécrophages qui déjà façonnaient en douce
D’ineffables blablas sur la mort d’un vieux loup
Solitaire à l’aube chaude de ce mois d’août

Repose en paix frère amputé l’avenir pousse
Dans le serein j’attends l’heure où je m’en irai
Vers la vieille Soufrière endormie à peine
Triste d’être arrivé trop tard pour te serrer
La main d’aîné reclus et pourtant tant humaine
Les cendres de Damas nous avaient rapprochés
À Cayenne là-bas alors que nos rochers
Se touchent presque dans leur dérive accrochés.

Sonny RUPAIRE (Grand-Bourg, 5 août 1988)


Cet hommage de Sonny Rupaire, « À Guy l’an neuf », a été publié pour la première fois dans le volume collectif, Bouquet de voix pour Guy Tirolien, coordonné par Maryse Condé et Alain Rutil, publié à Pointe-à-Pitre aux Éditions Jasor en 1990.

© 1990 Sonny Rupaire


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mis en ligne : 12 septembre 2006 ; mis à jour : 14 octobre 2020