Paul Laraque (1920-2007), Hommages à Paul Laraque

L’Adieu à Paul

New York, le 8 mars 2007

Et voici Paul
Le bateau qui s’en va
Comme une fleur sur les eaux
Vois-tu de là-bas
Notre émeute de regrets
Et de l’autre bord de la mort
Tu peux maintenant
Dire adieu
À tous les dieux que tu n’as pas aimés

– Josaphat-Robert Large

* * *

Pour Paul Laraque

Montréal, le 8 mars 2007

     Fidèle à Marcelle, le poète a choisi la Journée internationale de la femme, pour nous quitter.

Avec la mort de Paul Laraque, je perds un ami très proche, un frère en poésie. Depuis la disparition de Marcelle, sa femme, le goût de vivre semblait l’avoir abandonné.

Patriote et homme de gauche, il a gardé jusqu’au bout ce qui, pour moi, le caractérisait le mieux : son honnêteté.

Il y a trois ans Paul me confiait : « Je suis resté fidèle à l’amour, à la liberté et à la poésie ou, en termes plus concrets, à Marcelle, à Haïti et à moi-même ».

– Anthony Phelps

* * *

Montréal, le 8 mars 2007

     Le souvenir qui me reste de Paul Laraque, c’est une voix au téléphone me demandant de participer à un collectif de poésie.

Je n’ai jamais rencontré Paul, mais je garderai de lui un souvenir fraternel grâce à ce coup de fil de New York, où il est mort le 8 mars, en cette journée internationale de la femme. Cela n’enlève rien à l’horreur de la mort, mais le symbole restera : Paul est parti le jour où le monde rend hommage à toutes les femmes, mères, épouses ou sœurs. Pour lui qui aimait tant Breton, le surréalisme et la poésie, on pourrait dire qu’il est mort en poète.

Qu’il repose en paix parmi toutes celles qui lui furent chères !

– Gary Klang

* * *

Montréal, le 8 mars 2007

     J’ai aimé par dessus tout cet homme vertical, qui sait dire NON. Paul Laraque a vécu jusqu’au bout avec ses idées. Il aimait l’amour, la poésie et la révolution. De sa vie à sa mort, c’est ce qui demeure : l’essentiel. Le refus de la bêtise et la lutte contre toutes les formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme.

Paul Laraque, en soldat marron, a combattu toute sa vie l’Occupation. Né sous occupation en 1920, il est mort le 8 mars 2007 sûrement l’amertume au cœur, avec un pays occupé.

– Rodney Saint-Éloi

espace Paul  Laraque claque la porte

Petion-Ville, le 10 mars 2007

          Que reste-t-il
Sur les débris du songe
triomphent crime et mensonge
l’espoir crucifié
la flèche au cœur de la liberté
que reste-t-il
de notre avenir
sinon ressusciter
               – Paul Laraque
          (Œuvres Incomplètes, Montréal: Cicihca, 1998, p. 304)

Un message de New York, relayé par Josaphat Large qui a eu la délicatesse de me le transmettre, m’a annoncé, bien avant la presse, le départ du doyen des poètes haïtiens. Le très pugnace Paul Laraque est mort à New York après plus de 60 années de lutte idéologique continue contre toutes les formes d’injustice. Vivant en terre d’exil depuis plus de 40 ans, hormis une brève tentative de retour, après le départ des Duvalier en 1986.

Né à Jérémie en 1920, Paul Laraque était un ancien officier supérieur des Forces Armées d’Haïti. En tant qu’homme de lettres, il s’était fait connaître dans le monde de l’écriture d’abord en son pays natal sous le pseudonyme de Jacques Lenoir avec un succès d’estime avant d’acquérir ensuite, bien des années plus tard, la notoriété avec, entre autres, Ce qui demeure, gratifié d’une présentation d’André Breton, Solda mawon et autres Œuvres Incomplètes.

Nationaliste lucide, militant clairvoyant, éducateur attentif, l’homme était avant tout poète jusqu’au bout de la tendresse, vouant un amour profond pour sa compagne Marcelle qui l’avait précédé au tombeau. Paul s’est retiré à pas feutrés le matin de la Journée internationale de la femme. Il laisse un grand vide. Je garde de lui le souvenir d’un homme cultivé, toujours avide de connaissances. Malgré son extrême courtoisie, il manifestait dans les circonstances une force et un talent de polémiste remarquables.

Le monde des lettres déplore la disparition de Paul Laraque ce qui constitue un gros déficit pour une littérature en plein essor. Internationalement connu en Russie, à Cuba, en France au Sénégal et ailleurs, honoré à plusieurs reprises en reconnaissance de son talent et de son travail, il a contribué largement à faire connaître la littérature haïtienne.

Paul va être inhumé sans nul doute loin de sa terre natale et privé de la chaleur de la jeunesse et du peuple haïtiens qu’il a su défendre brillamment avec sa plume et qu’il a aimés de furieuse amour.

À tous les parents de Paul Laraque, particulièrement, ses enfants, petits-enfants, son frère Franck, à ses amis et confrères du monde des lettres, vont les plus profondes condoléances de mon épouse et de moi-même.

Nous compatissons à la peine de ses proches. Paul était devenu un ami de la famille dans le cadre d’un Salon du Livre au Québec, amitié renforcée grâce à nos liens intimes et communs avec le très regretté René Bélance.

Pour me consoler, je dirais que le poète n’aura pas besoin de plaider la résurrection ; son œuvre déjà assure sa pérennité.

Adieu, poète ! ta musique, ton rythme, tes mots nous resteront.

– Claude Pierre

espace

Le Bronx, le 9 mars 2007

Paul,

Ton poème d’amour
Ne peut être écrit
Qu’avec des mots rouges d’amour
Tirés de l’essence vive
De la rose fraternelle et humanitaire.
Crois-moi, gran frèm
Elle te recevra dans son sein
Et continuera à croître.

– Denizé Lauture

 


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  • voir aussi la page d’hommages à Paul Laraque sur le site Potomitan, avec des textes en créole de Michel-Ange Hyppolite, Max Manigat, Claude Pierre, Jan Mapou et Deklarasyon Sosyete Koukouy.

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mis en ligne : 8 mars 2007 ; mis à jour : 25 avril 2021