Mireille Nicolas

Mireille Nicolas, photo © Maïa Nicolas Sidiè-Bel-Abbès, juin 2003

photo © Maïa Nicolas
Sidiè-Bel-Abbès, juin 2003

Mireille Nicolas est née le 15 décembre 1942 à Saïda (Algérie).

Elle grandit à Sidi-Bel-Abbès, où sa mère est la première directrice de l’école Ibn-Khaldoun, la première école primaire pour fillettes « indigènes ». Après les deux bacs obenus à Sidi-Bel-Abbès, Mireille Nicolas fait des études de Lettres modernes à la Faculté d’Aix-en-Provence. À la fin des années 1970, elle retournera à Aix pour des études d’ethnologie.

Professeur de Lettres modernes pendant trente-quatre ans, elle occupe pendant dix ans des postes en France – à Bourges, Marignane, Gennevilliers – et 24 ans hors de l’Hexagone : à La Réunion, en Guadeloupe, au Mexique, en Haïti et, jusqu’à la retraite en 2002 à Raïatea, en Polynésie. Tous ses livres ont un lien avec ses pays de résidence, et une haine de la colonisation, l’imposition d’une culture sur une autre, depuis la culture arabe de son enfance aux Arioi à Ra’iatea.

Alors qu’elle est professeur de lettres en Guadeloupe (de 1971 à 1977) au lycée Gerville-Réache à Basse-Terre, Mireille Nicolas réunit ses notes

de recherches sur la société et la littérature caribéenne et signe un contrat de publication en 1975 avec un éditeur guadeloupéen. L’éruption de la Soufrière en juillet 1976 complique la publication de ce travail didactique et pédagogique. Ce ne sera que trente ans plus tard, en 2005, que Mireille Nicolas publie les quatre tomes de Mon anthologie de littérature antillaise, de ses origines à 1975, un « regard personnel » sur une littérature qu’elle tenait et tient toujours à faire connaître. Ce parcours de lectures est d’autant plus riche qu’il s’arrête au moment où beaucoup de spécialistes de lettres antillaises débutent, offrant un nouveau regard sur un passé littéraire, par thèmes, et invitant ses lecteurs à découvrir de nouvelles pistes de lectures.

Entre août 1998 et juillet 2002, elle vit et enseigne à Ra’iatea en Polynésie. Sous le pseudonyme ma’ohi Vairaumati no Ra’iatea, elle publie en 2001 le roman Arioi, premier roman d’une écrivaine qui se rêverait polynésienne. Lilas Devenel présente le roman ainsi : « Arioi met en scène, dans l’île de Raiatea, au début du dix-neuvième siècle, quelques personnages que la marche de l’Histoire, inattendue, inéluctable réduira au néant. Derrière des destins individuels qui sont de l’ordre de la fiction, Vairaumati No Ra’iatea s’attache particulièrement à faire revivre ces femmes et ces hommes, si décriés par les missionnaires qu’ils seront les premiers à disparaître. Ce roman reconstitue avec une grande minutie le peu que nous savons des Arioi, les artistes de ces îles qui s’appelleront La Société. C’est un hommage à leur beauté et à leur originalité ». Étudié dans les écoles en Polynésie, le roman fait revivre la mémoire des Arioi, pour célébrer et faire connaître une culture polynésienne préchrétienne.

Mireille Nicolas fait un premier voyage en Haïti en 1973. Elle s’y établit entre 1988 et 1992 comme professeur de lettres au lycée Alexandre Dumas à Port-au-Prince. Émerveillée par les fresques murales honorant la montée de la démocratie et l’arrivée au pouvoir du président Jean-Bertrand Aristide, elle prend beaucoup de photos à Port-au-Prince et en province. Le coup d’État de septembre 1991 et la destruction des peintures par les militaires lui inspirent à réunir une soixantaine de ses photos pour les envoyer en hommage au président exilé, avec de brèves légendes. Le projet est né d’en réunir davantage, et en 1994 elle publie Jistis : murs peints d’Haïti. Après le retour du président Aristide en octobre 1995, le livre et les recherches de Mireille Nicolas occasionnent une rencontre au Palais national. Ainsi, saisie par la « déferlante médiatique » qui prépare le coup d’état du 29 février 2004, elle se sent obligée de reprendre la plume et publie, en 2006, Haïti, d’un coup d’état à l’autre.

Après l’essai Haïti, d’un coup d’état à l’autre, ce pays l’a amenée à écrire un court roman Petits cochons noirs d’Haïti, fondé sur un fait historique, la complicité de Jean-Claude Duvalier avec les É-U pour exterminer la race des petits cochons créoles, la « tirelire » du paysan pauvre.

Aux Editions Willy Nestor, elle publie en 2010 Danser avec la vie, une biographie de Frère Francklin Armand, un religieux haïtien qui en trente ans avec son Ordre a transformé une région d’Haïti. Après le tremblement de terre, on peut dire que Pandiassou, au coeur du Plateau Central où travaille surtout Frère Francklin, devient comme un phare, une métaphore de tout un avenir possible pour ce petit pays victime depuis longtemps du mensonge et du cynisme.

Aux éditions l’Harmattan en 2011, Mireille Nicolas publie Le Mas Théotime, un travail universitaire sur Henri Bosco, écrivain sur lequel elle a fait en 1965 un mémoire à la Faculté d’Aix.

Mireille Nicolas vit en Provence et partage son temps entre son métier de grand-mère (de deux petites-filles) et l’écriture.

En décembre 2010, elle rentre d’un nouveau séjour en Algérie. Avec l’aide de plusieurs camarades de l’école Ibn-Khaldoun, elle espère finir un livre sur cette école où sa mère était directrice de 1950 à 1964. Pour cela, elle remercie toute personne ayant à ce sujet souvenirs, anecdotes ou renseignements de les lui communiquer.

Depuis juin 2002, Île en île héberge un dossier qui présente, parmi les auteurs polynésiens, Vairaumati no Ra’iatea. Avec la publication de Danser avec la vie en 2010, Mireille Nicolas dévoile l’identité de Vairaumati no Ra’iatea, dont on cache le visage sur la photo de présentation sur Île en île avec un loup. Sagittaire comme les fondateurs du site, Mireille Nicolas – pan-insulaire – incarne l’esprit de curiosité, de voyages et de philosophie créatrice que nous honorons.


Oeuvres principales:

Romans:

  • Arioi. (sous le pseudonyme de Vairaumati no Ra’iatea). Papeete: Au Vent des Iles, 2001, 123 p.
  • Le plus long voyage. Paris: L’Harmattan, 2003, 182 p.
  • Petits cochons noirs d’Haïti. Paris: L’Harmattan, 2008, 76 p.

Anthologie:

  • Mon anthologie de littérature antillaise. De ses origines à 1975. 4 Tomes. Paris: L’Harmattan, 2005.
    • Tome I, De la culture. 265 p.
    • Tome II, De la politique. 205 p.
    • Tome III, De l’économie. 230 p.
    • Tome IV, La femme antillaise, de l’humiliation à la libération. 189 p.

Essais:

  • Haïti, d’un coup d’état à l’autre. Paris: L’Harmattan, 2006, 216 p.
  • Danser avec la vie; l’oeuvre de Frère Francklin Armand, Fraternité de l’Incarnation en Haïti de 1976 à nos jours. Préface de Monseigneur Romélus. Paris: Nestor, 2010, 262 p.
  • Le Mas Théotime (sur Henri Bosco). Paris: L’Harmattan, 2011.

Témoignage:

  • De ma terrasse d’Ibn-Khaldoun, lettres d’Algérie 1961-1964. Paris: Le Manuscrit, 2003, 328 p.

Livre d’art:

  • Jistis : murs peints d’Haïti,décembre 1990-février 1991. Avec une interview du président Jean-Bertrand Aristide par Christophe Wargny. Paris: Alternatives / Montréal: CIDIHCA, 1994.

Articles sélectionnés:

  • Articles divers dans Le Journal de l’île de La Réunion et dans le magazine Sciences et Voyages (1967 à 1970).
  • « Plaidoyer pour les ‘Arioi ». Tahiti Pacifique 126 (octobre 2001): 47-50.

Littérature pour la jeunesse:

  • Moemoea, l’aïeule des îles Marquises. Paris: L’Harmattan, 2004, 74 p.

Prix et distinctions littéraires:

  • 2003     Première lauréate du concours des Nuits de la Correspondance, série Non-Fiction, Manosque (France), pour De ma terrasse d’Ibn-Khaldoun, lettres d’Algérie 1961-1964.

Liens sur Mireille Nicolas et Vairaumati no Ra’iatea

sur Île en île (Mireille Nicolas):

sur Île en île (publications sous le pseudonyme Vairaumati no Ra’iatea):

ailleurs sur le web:


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mis en ligne : 13 décembre 2011 ; mis à jour : 16 août 2020