Marie Vieux Chauvet, The Person and the Writer ; témoignages de Lilian Vieux Corvington et de Marie-Cécile Corvington-Charlier (vidéo).


with / avec:

Lilian Vieux Corvington 
(Marie Vieux Chauvet’s sister, in French with English subtitles / soeur de Marie Vieux Chauvet, en français, sous-titrée en anglais)
&
Marie-Cécile Corvington-Charlier 
(the writer’s niece, in English / la nièce de l’écrivaine, en anglais sans sous-titres)

A Production of Haitian Cultural Institute
Loujanjak

Interview filmed in New York in 2001, 19 minutes
Notes (ci-dessous) en français / Notes (below, after French) in English: Brian Mawyer.


Lilian Corvington

Lilian Vieux Corvington, soeur de Marie Vieux Chauvet

00:30 – Lilian, la sœur aînée de Marie Vieux Chauvet, jouait avec sa sœur quand elles étaient petites.

01:40 – À l’âge de douze ans, Marie s’est mise à écrire des pièces.

02:25 – C’était une famille où on vivait de la politique. Leur père a fui sous le gouvernement de Vincent et s’est réfugié en République dominicaine. Vincent a donné l’ordre pour sa tête.

03:10 – Leur père est revenu après l’amnistie. Cependant, un jour, M. Merceron, le chef de la police, l’a battu presque à mort.

03:50 – Marie n’a que les gens pauvres et simples comme amis.

04:40 – Elle s’est mariée avec un homme aisé. Pour les fêtes, elle commandait des paniers complets des meilleures choses pour elle et pour ses amis pauvres.

05:24 – Marie était orgueilleuse, coquette, se sachant belle femme.

06:00 – Sa première pièce s’est produite au Rex.

06:30 – Quand elle s’est elle-même mariée, Lilian a perdu contact avec sa sœur.

06:40 – En 1968, le fils de Lilian a été arrêté, puis « disparu ». Deux neveux de Lilian et Marie (fils de Max Chauvet) ont été assassinés.

07:30 – Marie a écrit Amour, colère et folie. Lilian et Clara ont supplié leur sœur de ne pas publier l’œuvre. Marie a préféré l’exil.

* * *

08:26 – Marie-Cecile Corvington-Charlier est la nièce de Marie Vieux Chauvet. Marie est venue habiter avec eux en 1968 après avoir écrit Amour, colère et folie qui évoque les réalités en Haïti duvaliériste. Tandis que sa famille lui a mis la pression de ne pas publier, Simone de Beauvoir l’a poussée à publier le livre.

09:25 – Marie a montré l’ouvrage à sa famille à New York, qui l’a encouragée à le publier. Le moment a été bien choisi pour sortir la vérité des atrocités commises contre le peuple haïtien.

10:00 – Elle est revenue en Haïti, elle a décidé de publier le livre, se séparant de sa famille là-bas.

10:20 – Elle est restée avec la famille de Marie-Cécile Corvington-Charlier pour quelques semaines et avec une cousine aussi.

10:50 – Elle a accepté de travailler comme bonne pour une famille très riche de Long Island. Un monsieur qui a tenu un brevet d’une antenne de télévision.

11:20 – Elle a pleuré parce qu’elle a quitté son fils adolescent en Haïti. Chaque jour, elle se battait avec sa décision, mais sa famille à New York a renforcé sa conviction.

11:40 – La peau de ses mains délicates s’est coupée en ouvrant dix boîtes d’aliments pour chien chaque jour.

12:12 – Lorsque son livre a été publié, elle habitait avec l’une de ses filles à Briarwood, Queens.

12:30 – Le livre ne s’est jamais distribué, car son mari a acheté probablement le plupart du stock disponible. Elle a eu quelques copies qu’elle a gardées pour elle-même et pour ses amis.

13:00 – La séparation avec son époux a été finalisé. Elle ne s’est pas arrêtée d’espérer que le livre se fera de nouveau publier et sera lu par le monde entier.

13:30 – Elle s’est mariée pour la troisième fois avec M. Proudfoot. Elle s’est mise à écrire Les Rapaces. Trois ans plus tard, elle est devenue très malade. Le livre ne se fera pas publier pendant sa vie.

14:10 – Elle a référencé toujours Jacques Roumain et Jacques-Stephan Alexis.

14:50 – Elle se plongeait totalement dans le processus d’écrire. Elle se fermait dans une chambre avec des journaux et des magazines au bureau.

15:50 – Quand elle finissait, elle sortait et partageait son œuvre avec sa famille.

16:20 – Elle aimait soit raconter soit écouter des histoires. Elle était une lodyanseuse. Elle racontait ou chantait des contes, des histoires.

16:50 – Les vacances à Kenscoff étaient une grande occasion avec les bonnes et la famille autour de la table avec une lampe, pour raconter et écouter des histoires.

17:35 – Écouter les histoires des pauvres étaient les éléments pour ses livres.

17:50 – Marie montait des pièces avec des poupées en papier.

18:20 – Elle aimait la vie et était elle-même aussi grande que la vie.

00:30 – Lilian, Marie Vieux Chauvet’s older sister, used to play with her sister when they were children.

01:40 – At 12 years old, Marie began writing plays.

02:25 – Politics was a way of life in this family. Their father fled under the government of Sténio Vincent and was a refugee in the Dominican Republic. Vincent put out the order for his head.

03:10 – Their father returned to Haiti after the amnesty. On day, however, the Chief of Police, Mr. Merceron, beat him almost to death.

03:50 – Marie only had poor and simple people as friends.

04:40 – She maried a well-off man. For holidays, she ordered baskets full of the best things for herself and her poor friends.

05:24 – Marie was proud, elegant, aware of her own beauty.

06:00 – Her first play was produced at the Rex.

06:30 – When she was married, Lilian lost contact with her sister.

06:40 – In 1968, Lilian’s son was arrested, then « disappeared. » Two of Lilian and Marie’s nephews (sons of Max Chauvet) were murdered.

07:30 – Marie wrote Love, Anger, Madness. Lilian and Clara begged their sister not to publish the work. Marie prefered exile.

* * *

Cecile Corvington Charlier

Marie-Cecile Corvington-Charlier, Marie Chauvet’s niece

08:26 – Marie-Cecile Corvington-Charlier is Marie Vieux Chauvet’s niece. Marie came to live with them in 1968 after she had written Love, Anger, Madness that spoke of conditions in Duvalier’s Haiti. While her family was pressuring her not to, Simone de Beauvoir urged her to publish the trilogy.

09:25 – Marie showed her text to her family in New York, who encouraged her to publish it. The timing was right for the truth to come out about the atrocities perpetrated against the Haitian people.

10:00 – She returned to Haiti and decided to publish the book, separating herself from her family.

10:20 – She stayed with Marie-Cecile Corvington-Charlier’s family for a couple of weeks and also with a cousin.

10:50 – She took a job as a maid for a very rich, Long Island family. A man who had a patent on television antennas.

11:20 – She cried because she had left her teenage son in Haiti. Every day, she struggled with her decision, but her family in New York reinforced her conviction.

11:40 – Her dainty hands were cut from opening 10 cans of dog food a day.

12:12 – When her book was published, she lived with one of her daughters in Briarwood, Queens.

12:30 – The book was never distributed because her husband most likely bought most of the available stock. She had a few copies that she kept for herself and gave to friends.

13:00 – Her separation from her husband became final. She never stopped hoping that the book would be published again and read by the whole world.

13:30 – She got married for a third time to Mr. Proudfoot. She began work on Les Rapaces. Three years later she became very ill. The book was never published during her lifetime.

14:10 – She made references all the time to Jacques Roumain and Jacques-Stephan Alexis.

14:50 – She used to totally immerse herself into the process of writing. She would shut herself in a room with newspapers, magazines, and a desk.

15:50 – When she was done, she would come out and share her work with her family.

16:20 – She liked to either tell stories or listen to stories. She was a lodyanseuse. She would sing or tell  contes – Haitian stories.

16:50 – Vacation in Kenscoff was a big occasion with the maids and the family around the table with a lamp, telling and listening to stories.

17:35 – Listening to the stories of poor people was material for more books.

17: 50 – Marie would put on plays with paper cut-outs.

18:20 – She loved life and was as big as life herself.


Marie Chauvet

photographie de Marie Chauvet par Anthony Phelps,
reproduite dans le film

Témoignages de Lilian Vieux Corvington et de Marie-Cécile Corvington-Charlier, soeur et nièce de Marie Vieux Chauvet.

« Marie Vieux Chauvet, The Person and the Writer, » testimony by the writer’s sister and niece.

Filmé à / filmed in New York en 2001.
Music: Marcelino Thompson.
A Production of Haitian Cultural Institute / Loujanjak.

Mise en ligne sur Dailymotion le 14 novembre 2009, le lendemain d’une célébration de Marie Chauvet au Graduate Center de CUNY, avec la présence de ces deux femmes témoins: Marie Vieux Chauvet, témoignages (The Person and the Writer).
Mise en ligne sur YouTube le 15 avril 2013.

Entretien réalisé par Loujanjak.
Notes de transcription : Brian Mawyer

© 2009 Haitian Cultural Institute / Loujanjak


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mis en ligne : 8 février 2013 ; mis à jour : 25 avril 2021