Lyonel Trouillot, Cadavres-marassas dans Rue des Pas-Perdus de Lyonel Trouillot par Kathleen Gyssels

C’étaient pas les immondices que les gens regardaient, parce que le tas devait bien arriver à la ceinture des adultes, et tous avaient les yeux baissés, fixant quelque chose à même le sol. Des enfants perchés au sommet du mur du dispensaire barbouillé de Vive le Prophète – A bas le grand dictateur Décédé Vivant-Eternellement, applaudissaient, sifflaient comme aux championnats de quartier quand l’équipe locale marquait la première. Entre les jambes des spectateurs je vis d’abord un essaim de mouches au vol indécis, attiré par les immondices et une masse noire, symétrique, au milieu de la rue. Je vis ensuite des jambes nues, des jambes d’homme. Non, une moitié. Le corps n’avait ni cou, ni tête, ni bras. On l’avait tranché juste au-dessus du nombril. Mais la coupure n’était pas visible, le bout de torse maigre se perdait dans le ventre d’un gros porc qu’on avait ouvert de toute sa largeur. L’homme et le porc ne faisaient qu’un, entourés d’une aura de fumée. Le gros porc aux yeux grands ouverts, sans pattes, sans queue, prêtait sa tête, son regard perdu, son volume à l’homme qui lui prêtait ses jambes, son sexe. Une seule et même chair, une vraie bête humaine, un cadavre marassa.(1) (Rue des Pas-Perdus, 103)

Nous sommes à Port-au-Prince, ville infectée d’une violence quotidienne, d’une pauvreté aveuglante, d’une corruption insoutenable.  Depuis la nuit des temps, la littérature haïtienne explore les «maux du pouvoir», y résistant par «les mots de pouvoir», selon le célèbre titre du critique et du professeur haïtien Jean Jonassaint (1983).  Mais depuis longtemps, on ne lisait rien d’aussi cru et vrai, si peu fictif.  Jamais le lecteur ne fut aussi peu ménagé, sans que le narrateur ne triche, n’invente, ne fabule.  A mi-chemin entre un journalisme distant et l’écriture intimiste, l’écriture de Trouillot diagnostique le climat morose et le régime politique invivable qui gangrène une île en dérive, sans parlement et où les élections de novembre 2000 semblent une tentative d’avance compromise pour mettre sur pied une démocratie. (Kiesel dans Le Soir du 22 mai 2000)  Son pays natal, il l’appelle «vingt-sept mille kilomètres carrés de haine et de désolation, un peu plus en comptant toutes les îles adjacentes» (23).  Croire en soi, s’épanouir comme individu y deviennent des luxes insensés dans une société qui n’a vu passer que des dictateurs à vie et de paroleurs-prophètes: «De dictateur en dictateur.  De prophète en prophète.  Qui avait jamais eu le temps de devenir un individu! […] Dans ce merdier, quelle serait la part du je?» (80)

De plus en plus de voix d’Haïti se font entendre pour dénoncer l’insupportable et l’indicible.  De la jeune génération, c’est indubitablement Edwidge Danticat qui est la plus connue, invitée dans de nombreux colloques et débats, tant en France (le 5 juin 2000 au Cercle des Etudes Afro-Américaines à la Sorbonne), qu’aux États-Unis (e.g., invitée sur le plateau d’Oprah Winfrey) et dans la Caraïbe (Caribbean Women Writers Conference à San Juan, Puerto-Rico, avril 2000).  Contrairement à Lyonel Trouillot (né en 1956 à Port-au-Prince) qui se rapatria après un exil de sept ans à New York, Danticat publie en anglais dans cette métropole à forte migration, mangrove d’une identité rhizomatique (pour le dire avec Glissant). Cependant, Trouillot partage son souci de rapporter «du dedans», et ses personnages de la Rue des Pas-Perdus, trois témoins «d’une nuit topique, tumulaire, comme un long tunnel», selon Bruno Rochette(2) m’évoquent plusieurs passages du recueil Krik? Krak! de Danticat.(3)

Subissant l’infrastructure défaillante, souffrant de la cherté du livre, de contraintes éditoriales et de censure, Trouillot appartient à cette minorité d’écrivains qui décide de rester, contre pluie et vent.  René Philoctète [qui préfaça Les Fous de Saint Antoine et dont l’ensemble de la poésie est sorti à Montréal aux Editions CIDIHCA en 2000*], Jean-Claude Fignolé, Georges Castera qu’il cite en exergue, Yanick Lahens, Gary Victor sont ceux qui, devant un réel désobligeant et décevant, ne choisissent pas le départ, synonyme de meilleures opportunités pour des écrivains.  Sans se réclamer adepte du spiralisme, Lyonel Trouillot pourrait se faire sienne cette phrase tonitruante du fondateur du mouvement, Frankétienne:  l’heure est venue de ne plus faire «du joli», de congédier le linéarisme et la chronologie, les conventions romanesques.  De fait, Trouillot révolutionne la langue, brise le conventionnel et confronte le lecteur avec le chaos.  Une écriture torrentielle voit le jour, imprégnée d’une ironie corrosive qu’on reconnaît aussi chez un Gary Victor. «Dispersion des segments narratifs, éparpillement et polyphonie», voilà quelques traits (postmodernes et postcoloniaux) que Louis-Philippe Dalembert reconnaissait déjà chez Trouillot dans Les Fous de Saint-Antoine.(4)  A l’instar de Frankétienne, légende vivante des lettres créoles, Trouillot fit le choix de rester sur place, à faire avec.  Publié en 1996 à Port-au-Prince (Editions Mémoires),Rue des Pas-Perdus serait probablement resté inconnu outre-Atlantique si la maison Actes Sud ne le réédita dans sa belle collection «Générations».

Rue des Pas-Perdus mélange trois histoires différentes, entremêle trois voix.  Une première voix est celle d’une maquerelle témoignant des bas-fonds de la société, expliquant pourquoi de pauvres filles se prostituent, fatiguées de porter à longueur de jour des seaux d’eau sur la tête. Une deuxième voix est celle d’un chauffeur de taxi (métier admiré et sujet inspirateur, vu les nombreuses nouvelles sur les Tap-Tap [taxi collectif] dans la littérature haïtienne).(5)  Dans une de ces nombreuses nuits de massacres et de pillages, de tortures et d’assassinats, d’incendies et de tirs, le chauffeur perd sa Toyota et sa jambe gauche, ordure qui reste «collée» à lui et qu’un chien errant renifle avidement.  Parcourant les rues de la ville, connaissant par coeur «la bonne route», l’homme échappe à deux doigts de la mort.  Ayant conduit son client à la Rue des Pas-Perdus, il est victime d’une milice armée:

quand les militaires occupent les rues, sans prévenir, que les balles les précède, quand il en débouche une patrouille à chaque coin de rue, les dangers viennent de partout, y a pas de bonne route. […] tu l’as enfin trouvée la rue des Pas-Perdus, course simple – tarif régulier, tous les chemins mènent à la mort.

Livrées en vrac, ces «nouvelles» donnent l’impression qu’elles ont été couchées sur papier impulsivement, sans aucun souci de bien arranger la narration, répondant à une urgence.  Telle est du moins la remarque métadiégétique du narrateur reconnaissant quelques «vices de forme dûs à la précipitation et des détails de peu d’importance» (79).  Et si le vécu des trois personnages reste invraisemblable, incroyable, c’est que comme nous le fait remarquer la pute: «y a des choses qu’on ne peut pas imaginer, inventer comme ça pour la gloire, pardon, pour l’horreur, des souvenirs qui font mal aux yeux, des arrache-coeurs qui t’épinglent, te mélancolisent, et que peut une vieille comme moi qui n’est plus qu’un faux témoignage?» (53)

Toutefois, une histoire d’amour vient alléger ces histoires tristes et tragiques.  Le narrateur s’amourache de Laurence, ignorant cependant si elle répond à cet amour, jusqu’à douter même s’il a réellement passé la nuit avec elle.  Tout se passe comme si dans cet univers de torturés et de détraqués, aimer était devenu impossible: «il y a bien longtemps que personne ne vit avec personne» (55), opine encore la vieille femme publique.

Ces histoires affligeantes, témoignages de détresse et de désespoir, sont allégées d’une vive ironie.  Ainsi, le personnage du reporter du magazine Time est une véritable caricature, professionnellement déformé au point d’être indifférent aux accidents et aux affres qu’il photographie.

[Il] voulait faire des photos in english à destinée de tour du monde, […] il paraît qu’on leur donne des prix, je me demande si les prix varient, de la fillette qui sourit avec son seau d’eau sur sa tête au mur dentelé, délabré, sur lequel un laveur pressé a laissé quelques traces de sang. (56)

Voyeur insipide, il s’immisce dans les cases où d’horribles drames se déroulent.  L’ironie de Trouillot souligne encore l’impuissance des victimes devant leurs bourreaux, l’écart entre les premiers et ceux qui, rapaces, profitent d’une manière ou d’une autre de cette misère générale.  Ainsi, arrivé trop tard sur le lieu d’un viol collectif sur ordre des «hommes du Prophète», ce même reporter s’exclame «shit» et se contente des détails de l’histoire que lui livre Irène en échange de la ferme promesse qu’il lui fera quitter l’île:

un soldat a mis son fusil contre la tempe du père et lui a dit baise-la, si tu la baises pas j’te tue, et le père a dit à la fille pardon, mais la fille elle n’entendait plus et le bébé qui n’avait pourtant pas pleuré ils l’ont lancé par la fenêtre […] ils ont cessé de botter les fesses du père, ils l’ont tiré par les pieds, en deux groupes, dans le sens de la largeur, puis le corps du père est retombé sur le corps de la fille […] de sorte qu’ils formaient une sorte de croix couchée (62-3)

Viols et vols, famine («si on le pouvait, on achèterait même de la nourriture usagée, viande recyclée pour petites bourses, duplicated pop corn» 50) et tortures, arrestations arbitraires et autres crimes contre l’humanité par les militaires (le mot Tonton Macoute n’y figure pas), tout cela est évoqué dans un style dense, créole.  Le style de Trouillot est vif, le rythme accéléré.  Ce langage sans fard est déjà présent chez l’Haïtiano-Canadien Gérard Etienne (Le Nègre crucifié), faisant fi de la «primauté de l’expression» contre laquelle tonne aussi le narrateur de Rue des Pas-Perdus.  Il n’en reste pas moins que les évocations sont bien plus touchantes, filtrées par l’oeil neutre de la caméra, loin de la misère surfaite, de l’excès de scènes sanglantes et violentes d’Etienne.  Trouillot écrit et crie tout ce qui assomme Haïti, interrogeant la fonction de ce bel art qu’est la littérature.  Ainsi, las d’écouter quelque bon orateur, le narrateur est pris d’une nausée:

dans ce mélange baroque de magie médiévale, de sociologie empirique et d’anarcho-lyrisme, ne compte pour Gérard que le débit, la précipation des sons produits, la symbolique de la phrase avec périodes et digressions, la justification par le verbe de l’existence du sujet parlant.  N’était-ce pas là l’origine des Mille et une Nuits comme de La Légende des siècles?  Variations en spirale sur le thème de la mort négociée. Différer le deuil de soi-même. Etablir une fois pour toutes et toutes les fois que nécessaire la primauté de l’expression.  Se signer et se signifier par exorcisme permanent. Je parle donc je suis.  (46-7)

Désabusé, le narrateur, bien que mû par la vocation et l’urgence d’écriture, est habité par une peur:  écrira-t-il jamais ce roman dont il rêvait? (65)  Pas de place à la bellettrie, aux propos douceâtres.  La maquerelle s’en prend aux Haïtiens lettrés, ceux qui, après avoir étudié à l’étranger, rentrent au pays, déboussolés:

encore un qui a trop étudié, […] ils viennent d’une famille pauvre, travaillant la nuit comme le jour, passent leurs examens avec brio, obtiennent une bourse d’études, quand ils arrivent à l’étranger ils n’ont rien à se mettre sous la dent, errent dans Paris, tout ce qu’ils ont appris se mélange dans leur cerveau, je vous le dis, mon brave, seuls les riches peuvent profiter des bourses d’études, les donner aux pauvres c’est du gaspillage, de la démagogie. (38)

La vanité de l’écriture, les interrogations sceptiques quant au mécanisme de la communication sont mises en relief par l’insertion de fragments de discours, corps étrangers dans le corps du texte.  Ainsi, des COMMUNIQUÉS, mot en italiques ou majuscules dans le texte, viennent rapporter des exactions et des v(i)ols, des mises à mort sadiques, interrompant à peine l’écoulement des jours tristes et désespérés.  La description de ce qui se déroule depuis les règnes des dictateurs à vie (Papa et Baby Doc étant désignés par le nom secret:  le Dictateur Eternel-Vivant), ainsi que celui du Prophète et ses «Cohortes» «devait bien correspondre à la réalité. Avec, forcément, comme dans tous les récits historiques, quelques oublis et quelques exagérations» (79).  Ces «communiqués» cristallisent la souffrance d’un peuple régulièrement informé des mesures impitoyables prises par les leaders.  Messages mortuaires et autres mauvaises nouvelles diffusés sur la radio, presse empêchée,(6) élections boycottées, ils banalisent la mort et la violence, éclaboussant l’incapacité d’un peuple désarmé devant le cours de son «Histoire»:

L’armée a mitraillé les quartiers populaires selon les dernières volontés du grand dictateur Décédé Vivant-Eternellement, au bas de la ville ils ont noyé les morts dans les canaux, ils ont fermé les deux portails, personne ne peut quitter la ville, un communiqué fait appel au sens civique des médecins et leur conseille de rester chez eux, le personnel des hôpitaux sera jugé pour terrorisme s’il accorde des soins aux blessés. (58-9)

Dans cette chronique meurtrière, la magie vaudoue et ses rituels déjouent les intimidations, à contrer la «malveine».  Ainsi, le chauffeur de taxi emprunte le nom «crié» de Létoilé, signifiant «celui qui a la vision».  Ce surnom, censé garder à distance le «mauvais sort», c’est-à-dire les soldats superstitieux, angoissés de rencontrer un zombi ou un prêtre vaudou, ne l’a cependant pas protégé. Les descriptions de corps empilés, de cadavres juxtaposés, étranges compositions hybrides, «marrassa», imprègnent le récit d’une dimension gothique;  l’écriture frôle le fantastique et évoque un Madison Smartt-Bell, auteur du Tennessee qui aborde de manière oblique la question de l’esclavage dans All Souls’ Rising (paru également en traduction chez Actes Sud).(7)  Le vaudou reprend ses droits dans une île qui n’arrive pas à sortir d’un infernal immobilisme, qui ne réussit pas sa démocratie et où le réel prend une allure dantesque et délirante.  L’auteur de ce monde à l’envers semble égaré dans une impasse où le bruit des pas se perd.  Rescapé de la mort, il garde un souvenir ineff(aç)able de la «ravine de détritus» où il faillit se noyer, sa jambe «raide comme la mort».

Trouillot est à lui seul une «nouveauté» dans le champ littéraire haïtien, présenté aux Français (voir Le Monde du 17 octobre 1998).(8)  Affaire d’exilés (René Depestre, Dany Laferrière et Emile Ollivier, pour ne nommer que quelques-uns), la littérature haïtienne du dedans se manifeste vigoureusement, laissant au lecteur l’amertume de l’auteur, celle de n’avoir rien pu faire, ni réparer le mal, ni consoler les affligés.  Au «Monsieur» (le narrateur/narrataire), la maquerelle avoue regretter de n’avoir su consoler ses filles, épuisée par «les soldats, les listes, le Prophète, […] les tueurs en uniforme [qui] empilaient les cadavres dans les camions»:  «dors, mon enfant, et la jeune pute ne s’est pas serrée contre elle en lui disant maman car ce n’était pas un roman.» (74)

Trouillot ne peut pas du tout romancer le réel haïtien; lui et ses confrères de la génération qu’il a baptisée lui-même «Génération des Editions Mémoire» (poètes qui approchent tous les quarante ans en 2000 et qui inuagurent une nouvelle poésie haïtienne) congédient l’ancien agenda (sujet collectif, abondance de la faune haïtienne, réalisme merveilleux…) pour ne jurer que par une esthétique du délabrement, mettant en relief le dépeuplement et la désintégration, l’hostilité de l’espace et la vanité du mouvement.(9)


Oeuvres citées:

  • Danticat, Edwidge.  Krik? Krak!. NY: Random House, 1995  (Krik? Krak!. version française, Nicole Tisserand, trad. Paris, Pygmalion, 1996).
  • Kiesel, Véronique.  « Haïti vote pour tenter de sauver sa démocratie ».  Le Soir (Bruxelles) (22 mai 2000).
  • Gyssels, Kathleen.  « Correspondance du Nouveau Monde: la nouvelle en Haïti, Pascale Blanchard-Glass et Yanick Lahens ».  Présence Francophone 54 (2000): 103-119.
  • Gyssels, Kathleen.  « Une littérature haïtienne doublement exilée ».  Ruptures (mars-octobre 1997): 195-202.
  • Gyssels, Kathleen.  « Schild en Vriend in de Dominicaanse Republik: E. Danticat over het bloedbad van Massacre ».  Streven (Anvers) 67, 6 (Juin 2000): 518-525.
  • Weaks, Margaret.  « An Interview with Madison Smartt-Bell ».  Southern Review 30, 1 (Winter 1994): 1-12.

Notes:

1.  «marassa» en vaudou est l’âme jumelle, l’esprit soeur/frère, révélant la dualité en chacun; la vengeance et la punition macabre imposée ici inculpe la victime de cochonneries, de bestialités inhumaines: «rendre la haine à la haine» semble l’adage dans une société à la dérive.  [retour au texte]
2.  Rochette, Bruno. «Une longue nuit haïtienne: le feu consume-t-il la douleur». Le Monde diplomatique (décembre 1998): 30.   [retour au texte]
3.  Voir Kathleen Gyssels, «Une littérature haïtienne doublement exilée», Ruptures  (mars-octobre 1997): 195-202 et «Schild en Vriend  in de Dominicaanse Republik: E. Danticat over het bloedbad van Massacre», Streven 67, 6 (juin 2000): 518-525. [retour au texte]
4. Voir «Les Fous de Saint-Antoine», dans Notre Librairie 133 (janvier-avril 1998):  76.   [retour au texte]
5.  Voir Pascale Blanchard-Glass dans Correspondance du Nouveau Monde (Paris, L’Harmattan, 1995), recueil que j’ai présenté dans Présence Francophone 54 (2000).   [retour au texte]
6.  On pense à l’assassinat par balles, le 3 avril 2000, du journaliste Jean Dominique.   [retour au texte]
7.  Madison Smartt-Bell s’inscrit dans la lignée sudiste de William Faulkner et de Flannery O’Connor; il dit s’intéresser à Toussaint Louverture pour détourner la question difficile, pour un auteur blanc, de l’esclavage en Amérique: «[…] I have a messianic fascination with Toussaint Louverture. [It allows me] to write about slavery without having to write about slavery in Middle Tennessee»  (Weaks 1994: 5).  [retour au texte]
8.  Selon Catherine Bedarida (Le Monde, 17 octobre 1998), «les récits successifs des trois personnages, qui ne se rencontrent pas, freinent parfois le souffle dramatique du roman», opinion que je ne partage point.  Tout au contraire, le roman polyphonique illustre à merveille comment pour toutes les couches de la population et pour tous les Haïtiens — hommes et femmes, lettrés et illettrés — la situation déborde; la misère et la violence prennent des proportions démesurées, intenables.  [retour au texte]
9.  «Haïti 90: l’esthétique du délabrement», Notre Librairie, 133 (janvier-avril 1998): p.23.  [retour au texte]


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mis en ligne : 11 septembre 2011 ; mis à jour : 2 décembre 2016