Françoise Loe-Mie

Françoise Loe-Mie, photo © Tchisséka Lobelt Cayenne, mai 2013

photo © Tchisséka Lobelt
Cayenne, mai 2013

Françoise Loe-Mie, fruit d’un métissage indien et afro-caribéen, est née un 28 octobre à Cayenne, en Guyane. Quatrième d’une famille de sept enfants, elle passe son enfance entre les faubourgs de Cayenne et la campagne de ses grands-parents, entre les champs de cannes-à-sucre, les rivières d’eau douce et cette terre grasse, nourricière, apportant la vie au rythme des mouvements de lunes.

À l’adolescence, elle quitte Cayenne et sa campagne tant appréciée pour les terres froides de Londres, puis pour celles de Paris. Là, elle se formera dans divers domaines et entamera, ensuite, des études de Lettres modernes et de Sciences du langage, pour se spécialiser en sociolinguistique. Ayant obtenu son DEA, elle décide de retourner en Guyane en 1998.

Inscrite au laboratoire de langues à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), elle prépara sa thèse de doctorat.

Parallèlement, elle enseignera les lettres modernes au collège, au lycée ainsi qu’à l’université des Antilles et de la Guyane. Elle y enseignera également les langues et cultures créoles.

Elle quittera l’enseignement cinq ans après pour rejoindre en 2004 le monde des communicants, d’abord au Cabinet du Président du Conseil général de la Guyane, et puis, depuis 2008, auprès du Maire de la Ville de Cayenne, en qualité de Chef de Cabinet, Responsable de la communication et du protocole.

Françoise Loe-Mie n’est pas arrivée à l’écriture par accident. C’est une douleur profonde, dit-elle, qui lui a mis la plume entre les doigts. Ce mal s’est logé en elle dès sa plus tendre enfance ; la perte de son père quand elle n’a que dix ans la pousse sans réserve dans ses premiers poèmes, pour tenter de parler à celle qui restait.

Ainsi, des poèmes sont nés des romans pour tenter de tuer la bête qui la rongeait.

D’un naturel, malgré tout, joyeux et relativement réservée, Françoise Loe-Mie dresse des portraits de personnages singuliers mais vrais qui font sourire et même rire le lecteur. Elle retrace des histoires pittoresques et sensuelles dans lesquelles les gens s’aiment dans leur cœur et dans leur chair, sans complexe.

Publié en 2013, La Complainte de la Négresse Ambroisine D’Chimbo est basée sur une légende guyanaise. Le troisième roman de Françoise Loe-Mie est également une grande histoire d’amour entre Ambroisine, marronne, et D’Chimbo, personnage historique qui est présenté comme une bête, voire un monstre par toute la littérature coloniale du 19e siècle. Arrivé en Guyane en 1858 en tant que travailleur engagé pour remplacer les anciens esclaves sur les plantations et les placers (sites d’orpaillage), D’Chimbo (dit « Le Rongou ») ne s’intègrera pas dans cette société créole qui tend plus vers l’assimilation que vers la mémoire des ancêtres africains. Il sera rejeté et coupable de tous les crimes. Ambroisine, personnage inventé par l’auteure, apporte à D’Chimbo cette part d’humanité qui existe en chaque homme, qu’il soit le plus grand criminel sur terre.

À la manière des Afro-Américains, Françoise Loe-Mie a choisi de montrer le monde tel qu’il est dans ce qu’il possède de plus vil ; elle pose le doigt sur la crasse, la misère, le mensonge, l’inceste… enfin, sur la vie, la vraie.


Oeuvres principales:

Romans:

  • Voile de Misère sur les filles de Cham. Matoury: Ibis Rouge, 2002.
  • Entre l’arbre et l’écorce. Matoury: Ibis Rouge, 2009.
  • La Complainte de la Négresse Ambroisine D’Chimbo. Matoury: Ibis Rouge, 2013.

Nouvelle:

  • « Ernestine N’Boyo ». Brèves de Savanes. Ed. André Paradis. Matoury: Ibis Rouge, 2011.

Poésie:

  • Poésie Piment, Girofle et Cannelle. Matoury: Ibis Rouge, 2003.

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Dossier Françoise Loe-Mie préparé par Brian Mawyer

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mis en ligne : 25 juin 2013 ; mis à jour : 5 juillet 2021