Lenous Suprice, alias Nounous, « Payse imaginaire »

Eulalie
tout près de ta jupe prés en fleurs
le poète
au milieu de ses abeilles
malgré d’immenses brouillards dans la vue
cherche toujours la voie à repriser
des mots en ses filets et autres
à repeindre par la joie
pour embellir ta vieille robe d’autrefois.

En attendant les enfants restés
au village de ta mémoire
au moindre couac de la cloche des matins
ou des après-midi
il y en a d’autres qu’il élève
à la compréhension de la langue des buissons littéraires
au retour des bêtes mauvaises de l’heure
qui tirent déjà leurs sombres rideaux sur les avenues de l’été.

Il enfourche la brise la plus forte du moment
en quête d’une terre-nouvelle littéraire à lire
pour sa musique
mélomane heureux
à l’écoute d’une claire chanson
vantant les mérites d’un grand nombre de fruits
au vêtement intérieur d’une tempête nommée Sophie.

* * *

Eulalie
en mi-carême le long de ton champ
quelqu’un se réjouira
à faire monter ses cerfs-volants
au son de ta musique.

À quelques encablures du silence
il voudrait que tu aides les mots doux
à faire leurs premiers pas sans bruit
dans le bec-baie-sauvage d’un oiseau rare
juste assez loin de son croassement coutumier.

À même les yeux en ta possession
il tue le regard de la peur
affiche mépris et le reste
au creux de ceux qui font chanter leurs loups
dans le chœur de vos brebis insoumises.

Nul besoin de mandoline
pour remodeler l’insaisissable des moments
la partition du silence seule saura…

Remarquons même de hautes herbes
derrière l’espace du sommeil
et
pour tout circonscrire
coupons sans fin les racines longues de l’ennui.

Ajustons et défaisons les meubles de la contrariété
assez loin d’une ci-devant distraction
avant de hurler dans la nuit des loups aphones
tout près non loin
non loin tout près
tout près d’une joie-forteresse
bien loin d’un chemin qui s’ouvre sur l’insupportable.

Gare aux reflets qui désarçonnent le regard
leurs chevaux sont de marbre
dans les échanges du quotidien.

* * *

Ma cour a plus d’arbres que ça
pour habiller tous tes petits oiseaux.

Personne ne m’entendra m’obscurcir
dans mon miroir la nuit
si ta veilleuse est de mèche
avec la toute quiétude d’un réconfort.

J’effacerai d’un seul trait la grande glace de ma retenue
par la seule volonté
avec toi
d’un renouveau à questionner.

Mais surtout
ne ris pas de la chauvelure de mon ombre
à son entrée dans ta forêt clin-d’œil.

Je mettrai un jardin stationnaire
au mois de mes floraisons
pour ton colibri voyageur
et le mûrissage de nos cerises passagères.

C’est en ton honneur que j’allumerai
le plus grand nombre de chandelles
à tes somptueux anniversaires.

Mais je fuirai toute raison implacable
pour habiter l’ombre d’un doute.


« Payse imaginaire », poème inédit de Lenous Suprice (Nounous), est publié pour la première fois sur Île en île avec la permission de l’auteur.

© 2008 Lenous Suprice


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mis en ligne : 7 mars 2008 ; mis à jour : 10 octobre 2021