Khal Torabully, Cale d’étoiles, Coolitude

(extraits)

Coolitude pour poser la première pierre de ma mémoire de toute mémoire, ma langue de toutes les langues, ma part d’inconnu que de nombreux corps et de nombreuses histoires ont souvent déposée dans mes gènes et mes îles.

À me demander si je fais partie d’une race de malaxeurs d’épices et de parfums, de soies et d’ors, de pigments de peaux et de mots.

Coolitude, mon roulis-coolie, chant d’un enracinement autant que chant d’un déracinement dans une terre faite d’autres poussières, rencontre nécessaire où l’indien apporte son cuivre millénaire au chant du monde.

Pour dire nos voyages, nos rencontres et nos métissages incessants ; voici mon chant d’exil et de bonheur : avant d’être homme nouveau, je suis homme en devenir.

* * *

Coolitude non seulement pour la mémoire… mais aussi pour ces valeurs d’hommes que l’île a échafaudées à la rencontre des fils d’Afrique de l’Inde de Chine et de l’Occident.

Pour moi, la seule patrie rêvée est celle de la grande fraternité… de la réconciliation.

Coolitude : parce que je suis créole de mon cordage, indien de mon mât, européen de la vergue, je suis mauricien de ma quête et français de mon exil. Je ne serai toujours ailleurs qu’en moi-même parce que je ne peux qu’imaginer ma terre natale…

Est-ce pour cela que ma vraie langue maternelle est la poésie ?


Cale d’étoiles, Coolitude, par Khal Torabully, a été publié pour la première fois chez Azalées Éditions à Sainte-Marie (île de La Réunion) en 1992. Ces extraits sont reproduits sur Île en île avec la permission de l’auteur.

© 1992 Azalées Éditions


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mis en ligne : 19 novembre 2005 ; mis à jour : 26 octobre 2020