Boris Gamaleya

Boris Gamaleya, photo © Thomas C. Spear La Plaine des Palmistes, 9 avril 2004

photo © Thomas C. Spear
La Plaine-des-Palmistes, 9 avril 2004

Boris Gamaleya est né le 18 décembre 1930 à Saint-Louis (Île de La Réunion). Son père (1897-1932) – de vieille noblesse apparentée aux grands noms de l’Ukraine, dont celui d’un ancêtre (l’hetman Piotr Dorochenko) qu’il a en commun avec Alexandre Pouchkine – se réfugie à La Réunion après la Révolution d’Octobre et meurt quand l’auteur est dans sa petite enfance. Sa mère – réunionnaise – est de lointaine origine portugaise. L’enfant passe ses premières années à Makes (un village de montagne) puis à la Rivière Saint-Louis chez de grands parents. Son adolescence est tourmentée, mais elle est marquée par la découverte des œuvres de Leconte de Lisle. Gamaleya publie ses premiers poèmes dans les journaux L’Avenir du Sud, Le Peuple et La Démocratie. Il fait ses études secondaires à Saint-Denis de La Réunion. En 1951, il s’enfuit de l’École Normale d’Instituteurs d’Avignon pour la ville universitaire d’Aix-en-Provence où il s’inscrit au parti communiste français.

Gamaleya retourne à La Réunion en 1955 et enseigne le français dans différents collèges de l’île. Il milite dans le parti communiste réunionnais et surtout commence à se passionner pour la culture populaire. L’Ordonnance dite Debré et qualifiée de « scélérate » le renvoie en France pour un exil de douze ans. Une grève de la faim (fin 1972-1973) permet aux victimes de l’arbitraire de retrouver leur pays. Entretemps, il aura accompli des études de linguistique et de russe à la Sorbonne. Il enseigne à La Réunion jusqu’en 1985 mais rompt définitivement en 1980 avec le marxisme.

Après, en tant que libre créateur, Boris Gamaleya se livre pleinement au bonheur d’écrire. Il fait de Dieu un fasciné de son théâtre des étoiles. Gamaleya est donc un célébrant des mythes polyphoniques et constitutifs d’une créolité ouverte sur l’amour de l’Autre – sources universelles de la spiritualité – et jamais plus mise en esclavage…

Boris Gamaleya vit pendant longtemps à la Plaine-des-Palmistes (La Réunion) avec sa femme Clélie Gamaleya (auteure de Filles d’Héva, trois siècles de la vie des femmes à la Réunion, 1984 et deux fois réédité, et d’un roman autobiographique, L’Île Oubliée, 2001). Il se consacre à un nouveau cycle poétique dont le premier volume, L’Arche du comte Orphée, ou Les Ailes du Naufrage, est sorti en 2004.

Boris Gamaleya nous a quittés le 30 juin 2019 à Fontainebleau, en France, à l’âge de 88 ans.

– Thomas C. Spear

Notez (ci-dessous) des liens vers les hommages au poète et pour trouver les enregistrements faits (audio et vidéo) lors des visites mémorables de l’équipe d’Île en île chez l’auteur à la Plaine-des-Palmistes en 2004 et 2009.


Oeuvres principales:

Poésie:

  • Vali pour une reine morte. Saint-André: REI, 1973; Saint-André: Imprimerie Graphica, 1986.
  • La Mer et la mémoire – les langues du magma. Saint-Denis: Imprimerie AGM, 1978.
  • Le Fanjan des pensées ou Zanaar parmi les coqs. Saint-Denis: Imprimerie AGM, 1987.
  • Piton la nuit. Saint-Denis: Éditions du Tramail/ILA, 1992.
  • Lady Sterne au Grand Sud. Saint-Denis: Azalées Éditions, 1995.
  • L’Île du Tsarévitch. Saint-André: Océan Éditions, 1997.
  • L’Arche du comte Orphée, ou Les Ailes du Naufrage. Saint-Denis: Azalées Éditions, 2004.
  • Jets d’aile, Vent des origines. Paris: Jean-Michel Place, 2005.
  • Le Bal des hippocampes. Préface de Patrick Quillier. Paris: Éditions de l’Amandier, 2012.
  • L’Entrée en météore. Saint-André: Océan Éditions, 2012.
  • Terrain letchi: ou Piton Gora, la douce chair des nombres plus bas de l’Éthiopie, l’orthodoxie créole. Fontainebleau: AKFG Éditions, 2016.

Théâtre:

  • Le Volcan à l’envers ou Madame Desbassyns, le Diable et le Bondieu, suivi de L’Oratorio 1998 (Ombline, ou le volcan à l’envers). Saint-Leu: ASPRED, 1983.
  • Ombline, ou le volcan à l’envers. Oratorio pour quatre solistes, chœur mixte, récitant, six percussions et ensemble instrumental. Livret de Boris Gamaleya, d’après son œuvre théâtrale, Le Volcan à l’envers ou Madame Desbassyns, le Diable et le Bondieu. Musique d’Ahmed Essyad, créations photographiques de Thierry Fontaine. Saint-Denis: Imprimerie Graphica, 1998.

Livre pour la jeunesse:

  • Lièv i sava bal, zistoir kréol, histoire recueillie et transcrite par Boris Gamaleya, adapté pour les enfants, traduite en français par Axel Gauvin. Illustrations de Fabrice Urbatro. Saint-Paul: Tikouti, 2007.

Sur l’oeuvre de Boris Gamaleya:

  • Beniamino, Michel. Lecture de « Vali pour une reine morte » de Boris Gamaleya. Saint-Denis: Institut de linguistique et d’anthropologie, 1985; 2e édition revue et augmentée: La légende des cimes: lecture de « Vali pour une reine morte » de Boris Gamaleya. Saint-Denis: ADER, 1992. 
  • Matiti-Picard, Marie Josée. « Le volcan à l’envers » de Boris Gamaleya ou la traversée avec le diable: pour une réécriture de l’histoire et une reconquête de l’identité. Mémoire de maîtrise en lettres modernes, Université de La Réunion, 1999.
  • Quillier, Patrick et Dominique Ranaivoson, éds. Boris Gamaleya, « Les Polyphonies de l’extrême » : actes du colloque de Nice, Université de Nice – Sophia Antipolis, 25-26 novembre 2004 augmentés d’exégèses de textes inédits de l’auteur. Saint-Maur-des-Fossés: Sépia, 2011.

Liens:

sur Île en île:

hommages, Boris Gamaleya (1930-2019):

ailleurs sur le web:


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Dossier Boris Gamaleya préparé par Thomas C. Spear

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mis en ligne : 21 mai 2004 ; mis à jour : 27 septembre 2021