Flora Aurima-Devatine, La Conscience polynésienne

Vidéos du poème de Flora Aurima-Devatine, « Te manava ihotupu – ‘A tae ho’i e » / « La Conscience polynésienne » (en tahitien et en français), lu par l’auteure à Paris le 25 mars 2013.
Son : Laurence Fosse ; Image et montage : Dominique Masson ; Réalisation : Estelle Castro-Koshy et Dominique Masson.

Voir aussi, filmé le même jour : Flora Aurima-Devatine, 5 cinq poèmes et l’entretien, Flora Aurima-Devatine, 5 Questions pour Île en île.
Présentation de l’auteure : Flora Aurima-Devatine.


Te manava ihotupu – ‘A tae ho’i e !

E reo iti horuhoru,
E reo iti tahiti’a,
1 te ta’u ra’a mai
1 te marae ‘aro’aro.
E Mara’ai (1) te mata’i
1 vana’ana’a
1 te nu’u atua a Ta’ere (2)
I te varovaro anau
‘0 te tamari’i ‘otare.
‘Ua hei’omi’i,
‘Ua tuatuaihu
I te anapoiri.
Te hua’ai matatea,
‘Ua porori roa,
Te hua’ai mataru’i
‘Ua tuaroaroa
I te po tinitini,
‘Ua turorirori
No te hia’ai ao.

‘A tae ho’i e !

E tau nu’u, e tau ahoaho.
‘A ‘ai i te ‘ihi, ia ‘ana’anaea !
‘A inu i te vai ma’ohi !
‘Ei aho iti, ‘ei aho nui !
‘A vavae ite ‘iva nui ‘ia ora !
‘A vavae i te ‘iriaputa,
‘A vavae i te ra e hiti !
‘Ua tarava te arati’a.
‘A rohi ! ‘Ua fatata i te taiao.
‘A rohi ! E ao apopo.

‘A tae ho’i e !

‘Ua to i te anapoiri, e Manava.
‘Ua to te manava,
E mo’a, e mo’a.
‘A ‘upu ! ‘Eiaha te tuatoto,
‘Ei toa ra.
‘A ha’amahu i te mamae !
E mamae ora ho’i tena,
Te mamae hatuatua
I te manava ‘o te faiere.
‘A hi’i maite i te uta’a !

E mo’a te ‘Aiu, e mo’a,
E Manava Ihotupu.

‘Ua pina’i te to’ere i Taputapuatea :
‘Ei tui’a ! ‘Ei tui‘a e tu ai !
‘0 teie u’i te pua’a tapena,
Te pua’a tara’ehara mo’a,
E tupu ai te Manava,
E ora ai te hua’ai,
E pu ai te ‘ae’ae.
‘A hi’i maite i te uta’a !

E mo’a te ‘Aiu, e mo’a !

(23 mars 1977)


La Conscience polynésienne

Oh ! C’était une voix inquiète,
Une voix suppliante,
Celle qui invoqua les Dieux
Sur le marae déserté.
C’est le vent Mara’ai (1)
Qui a apporté à l’armée
Des dieux de Ta’ere (2)
La rumeur des lamentations
Des enfants orphelins.
Ils sont sans chefs,
Et se sont égarés
Dans la grotte obscure.
Les enfants au regard clair
Sont affamés,
Les enfants au regard de nuit
Dans leur nuit noire
Sont affaiblis par la faim,
Et chancellent de soif
De lumière.

Oh ! Voici les temps qui bougent,
Les temps de détresse.
Nourrissez-vous de sagesse, pour vous ranimer !
Buvez à la source indigène !
Que votre souffle soit profond !
Frayez-vous un chemin dans les ténèbres,
Pour vivre !
Frayez-vous un chemin vers la sortie,
Frayez-vous un chemin vers le soleil levant !
Le chemin est là qui s’allonge.
Courage ! C’est presque l’aurore.
Courage ! Demain il fera jour.

Oh ! La grotte obscure a fécondé la Conscience
Les entrailles portent leur fruit,
Il est sacré.
Priez ! Pour que ce ne soit pas un avorton,
Mais un cœur vaillant.
Endurez vos douleurs !
Ce sont les douleurs de vie,
Celles qui enserrent
Les entrailles de l’accouchée.
Portez votre fardeau !
Et prenez-en soin !

L’enfant est Sacré,
II est la Conscience Polynésienne.

Le « to’ere » (3) retentit sur « Taputapuatea » (4)
II faut un sacrifice ! Il faut un sacrifice !
Cette génération-ci sera le cochon sacré,
La victime expiatoire
Pour que s’éveille la Conscience,
Que vive l’Enfant,
Et que le but soit atteint.
Portez votre fardeau
Et prenez-en bien soin !

L’enfant est Sacré !
II est la Conscience Polynésienne.

Notes:

(1) Mara’ai : vent du Sud-Est
(2) Ta’ere : dieu de la Connaissance
(3) To’ere : instrument de musique composé d’un bois creux
(4) Taputapuatea : « marae »


Flora Aurima-DevatineFlora Aurima-Devatine : poésie lue par l’auteure.
Deux vidéos filmées à Paris le 25 mars 2013.
Son : Laurence Fosse.
Image et montage : Dominique Masson.
Réalisation : Estelle Castro-Koshy et Dominique Masson.
Vidéos mises en ligne sur YouTube le 25 juin 2016.

« Te manava ihotupu – ‘A tae ho’i e » / « La Conscience polynésienne » : poème lu en tahitien et en français.

Traduction en anglais (sous-titres) de Jean Anderson, Victoria University of Wellington.

Le poème – « Te manava ihotupu – ‘A tae ho’i e ! » / « La Conscience polynésienne » – a été : lu en mars 1977, sur la scène du Petit Théâtre, à la fin de la 2ème Soirée du Premier Café-Théâtre organisé par la MJMC (23-24 mars 1977) ; inséré dans le premier Rapport rédigé pour l’Unesco en juin 1977, sur « Les problèmes rencontrés en Polynésie pour la conservation du patrimoine culturel et le développement des cultures océaniennes : évaluation et propositions » ; publié en mars 1979 avec le rapport rédigé pour l’Unesco sur « Les problèmes rencontrés en Polynésie pour la conservation du patrimoine culturel et le développement des cultures océaniennes : évaluation et propositions ». Bulletin de la Société des Études Océaniennes 206 (17.7) (mars 1979) ; et publié in Littérama’ohi 18 (octobre 2010).


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mis en ligne : 25 juin 2016 ; mis à jour : 11 janvier 2021