Évelyne Trouillot, « Panache »


Panache

Pour raconter ta voix

je veux des lettres en abat jour de soleil levant

et des éclats roux entre les lignes

mais j’ai des entailles à mon rire

Aujourd’hui

la vie à douleur maximale

s’écaille

cloques et sanglots

je la voulais tendresse et raz-de-marée

son odeur d’orage éteint

éclabousse mes rêves

cliché raté

et je ne vois plus d’émoi

dans l’aventure de tes doigts

Pour dire ma douceur d’île

je voulais des poèmes en bourgeons d’étincelles

et des paroles lucioles au fond du puits

mais ma langue en mal d’encre

se rebelle

Je voulais des fontaines capricieuses et tendres

la misère écartèle l’allégresse

La place se plie en lourdes plaques grises

et mes rêves de marelle me restent

au bout de la semelle

Face à l’épouvante des mains nues

la Poésie

souveraine exigence


Évelyne TrouillotCe poème, « Panache », par Évelyne Trouillot a été publié pour la première fois dans son recueil, Par la fissure de mes mots aux Éditions Bruno Doucey à Paris en 2014, pages 34-35.

Lecture du poème enregistrée à Delmas (Haïti) en juin 2020 à l’occasion de sa publication en portugais (« Penacho ») dans le recueil Estilhaços: antologia de poesia haitiana contemporânea, poèmes réunis et traduits pas Henrique Provinzano Amaral (São Paulo: Selo Demônio Negro, 2020).

© 2014 Évelyne Trouillot ; © 2020 Évelyne Trouillot et Île en île pour l’enregistrement vidéo (1:24 minute).


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mis en ligne : 19 novembre 2020 ; mis à jour : 19 novembre 2020