Kerline Devise

Kerline Devise

photo © Martine Fourcand 
Montréal, 2017

Kerline Devise, née en Haïti, est poétesse. Elle est détentrice d’une maîtrise de philosophie de la Sorbonne et d’une maîtrise en Études féministes de l’Université Paris 8. Après avoir entamé une thèse de doctorat à Paris 8, elle intègre le programme de Doctorat de l’Université de Montréal. Elle a enseigné la philosophie et la littérature moderne à l’École Normale Supérieure de l’Université d’État d’Haïti, et dirigé le programme d’Encadrement Technique et Pédagogique du Master Lettres/Philosophie créé par l’ENS en collaboration avec l’Université Paris 8. De 2010 à 2013, elle a été chercheuse invitée (Visiting Scholar) au Département de Littérature comparée de la New York University (NYU).

Elle publie Mes corps, paru chez Rivarticollection à New York en 2004. Ce recueil, traduit en espagnol par Zoé Valdés, paraît en seconde édition bilingue (français/espagnol) aux éditions ZV Lunatica à Paris en 2009. Mes corps a fait l’objet de plusieurs articles dont ceux de Raúl Rivero et de Denise Bernhardt.

Elle a également publié dans diverses revues et anthologies, notamment : Le Bateau Fantôme ; Terre de femmes, 150 de poésie féminine en Haïti ; Ars Atelier City ; Carnavalesques ; Anthologie de poésie haïtienne contemporaine ; et Libres !

Établie à Montréal, elle publie son recueil de poèmes Nudité et Fragments aux éditions Écrits des Forges en 2016. L’illustration de couverture a été réalisée par la peintre Martine Fourcand qui a créé un ensemble de toiles inspiré par le recueil, série intitulée « Secrets de laves ». Dans la présentation de l’éditeur, les propos suivants : « Jouant de prose et de poésie, Kerline Devise alterne les formes afin de mettre en scène un récit qui célèbre avec fougue les mystères de l’incantation amoureuse ».

Nous faisons suivre cette présentation biographique de la préface de Mes corps rédigée par Juan Abreu, traduite de l’espagnol par François Vallée et qui s’intitule « Les gouttes d’une danse ».

Les poèmes de Kerline Devise sont une invitation au plus ancien des voyages, celui que nous réalisons à travers notre corps. Nous y rencontrons des paysages inespérés, de nouveaux dangers, des ardeurs, des immensités saisies au sein d’une humide protubérance; et nous découvrons que le plaisir avoisine la salive de la mort.

Bien entendu, ce voyage à travers notre corps constitue aussi un voyage à travers le corps de la personne aimée. Nous sommes alors les témoins et les protagonistes d’un dialogue tantôt durable, tantôt éphémère, toujours brûlant. C’est de ce dialogue que sont faits les poèmes de Devise. Ce livre est pour le lecteur une porte ouverte sur la peau des jours, sur l’hasardeuse surface de l’existence. Une porte pareille à l’entrecuisse humide, une porte pareille au couteau tranchant. La poétesse la franchit comme la maîtresse de cérémonie d’un rituel ancestral et rythmique, virulent et délicieux. Ces vers suintent le désir, la sincérité charnelle, mais aussi une dose considérable de violence, de sang et de fureur. Ce qui leur confère un délicat équilibre, un admirable rythme pendulaire.

En lisant ces poèmes, on a l’impression de contempler un lit défait. Un lit dans lequel vient d’avoir lieu un combat liquide. À première vue tout semble indiquer qu’il s’agit d’excroissances orgasmiques, mais une lecture plus attentive nous fait douter. Alors une subtile sensation nous pousse à croire que le combat charnel a peut-être provoqué un massacre. Cette ambiguïté, cette chose qui est tout et son contraire, constitue l’une des plus grandes réussites de ce livre. Ici point de volonté discursive, point d’intention morale, seuls demeurent le fracas et le sexe en tant que recherche d’identité. Et le caractère démoniaque de la nature chtonienne impliquant la tragédie, une tragédie imbibée, comme il se doit, de l’illusion de la vie. Voici un livre qui semble explorer la jouissance mais qui pas un instant n’abandonne d’autres approches moins savoureuses. Cette dualité en fait son charme. Comme si la lumière projetée par le désir sexuel et ses annexes était toujours peuplée de subtiles poches d’ombres. La meilleure façon de décrire cette particularité est de citer une phrase de Devise : « Une danse s’égouttant à travers la noirceur ». Si je devais définir ces vers, je dirais que, effectivement, ils ressemblent aux gouttes d’une danse s’écoulant à travers la noirceur, l’illuminant.

Barcelone, août 2009
Traduit de l’espagnol par François Vallée
Mes corps/Mis cuerpos, édition bilingue, éditions ZV Lunatica, Paris, 2009

Cette œuvre de Kerline Devise nous conduit à la limite de l’humain sur des rivages où l’esprit vient s’anéantir : « Amour, l’agonie de mes pas enlaçant tes pas. Quand toute nue je serais la proie entière de tes abîmes. Mon sang coulera jusqu’à mon rire ». Prenons garde quand Kerline Devise nous parle de « Mes Corps », qu’elle ne dévoile pas nos âmes.

Denise Bernhardt
Membre de la société des Gens Lettres de France
Sociétaire des Poètes Français
Le Nouvelliste 2005


Oeuvres principales:

Poésie:

  • Mes corps. New York: Rivarticollection, 2005.
  • Nudité et fragments. Trois-Rivières: Écrits des Forges, 2016.

Poésie parue dans des ouvrages collectifs:

  • Poèmes sans titres. Le Bâteau fantôme (Paris) 3 (2003).
  • « Virgule blanche ». Le Bâteau fantôme 4 (automne 2004-hiver 2005).
  • « Ma nudité », poème reproduit dans:
    • Anthologie de la poésie haïtienne (Cahier Haiti). Mazères: Le Chasseur abstrait, 2009: 375.
    • Terres de femmes, 150 ans de poésie féminine en Haïti. Paris: Bruno Doucey, 2010: 256.
    • Terre de femmes, 33 voix de la poésie féminine haïtienne : textes extraits de l’anthologie « Terre de femmes ». CD audio. Paris: Sous la lime, 2010. Céline Liger, voix.
    • Carnavalesques 5 Voix des femmes des Amériques (Nancy, 2013): 52.
    • Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, dirigée et présentée par James Noël. Paris: Points, 2015: 357.
  • Poèmes sans titres. Illustrations de Lia Galletti. Ars Atelier City 6 (Fall 2012).
  • « Préface d’un miroir ». Anthologie de la poésie haïtienne (Cahier Haiti). Mazères: Le Chasseur abstrait, 2009: 374.
  • « Virgule blanche ». Anthologie de la poésie haïtienne (Cahier Haiti). Mazères: Le Chasseur abstrait, 2009: 372-373; Carnavalesques 5 Voix des femmes des Amériques (Nancy, 2013): 50-51.
  • Cinq poèmes. Anthologie de poésie haïtienne contemporaine, dirigée et présentée par James Noël. Paris: Points, 2015: 353-357.
  • « Soeurs ». Libres ! (Hors-série, Paris, mai 2020).

Traduction:

en español:

  • Mes corps / Mis cuerpos (édition bilingue). Traduction en espagnol par Zoé Valdés. Préfaces de Denise Bernhardt et Juan Abreu, illustration de couverture par Frankétienne. Paris: Éditions ZV Lunáticas, 2009.

sur l’oeuvre de Kerline Devise:

  • Bernhardt, Denise. « Autour de ‘Mes corps’ de Kerline Devise ». Le Nouvelliste (8 décembre 2005); repris en italien dans la revue Il Convivio 25 (avril 2006).
  • Rivero, Raúl. « Sobre Mis Cuerpos de Kerline Devise ». El Mundo (Febrero 13, 2010).

Liens:

sur Île en île:

ailleurs sur le web:


Retour:

Dossier Kerline Devise préparé par Thomas C. Spear

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mis en ligne : 21 octobre 2020 ; mis à jour : 18 novembre 2020