Nicole Cage-Florentiny

Nicole Cage-Florentiny, photo © Phillipe Bourgade Schœlcher, novembre 2005

photo © Phillipe Bourgade
Schœlcher, novembre 2005

Nicole Cage-Florentiny naît le 12 septembre 1965 en la commune du François, dans le sud-est de la Martinique. Après une formation en journalisme, elle exerce en tant qu’animatrice à Radio Caraïbe Internationale en Martinique. Aujourd’hui, elle est professeur de lettres et d’espagnol, et psychothérapeute.

Bien qu’issue d’une famille extrêmement modeste et ne versant pas dans la littérature, Nicole Cage prend très jeune goût à la lecture. Elle y est aspirée par son aînée Ghislaine qui, férue de lecture, réécrit les fins de romans qui ne lui plaisent pas. La jeune Nicole récupère les romans dont sa sœur avait terminé la lecture pour s’en délecter à son tour. Plus tard, ses lectures préférées comprennent la poésie de Nicolas Guillén, José Martí, Baudelaire, Prévert et Aimé Césaire et les romans de Balzac et de Zola.

Logiquement, elle s’adonne très tôt à l’écriture et commence par la poésie. Ses premiers poèmes disent à la fois le mal-être d’une adolescente en proie aux questionnements, et traduisent son engagement politique et ses aspirations à un monde plus juste.

Nicole Cage-Florentiny affirme que l’écriture, véritable thérapie, lui est vitale. En tissant les mots, elle tisse les fils de sa vie. L’écriture, anthropophage, fait partie d’une quête intense de l’absolu.

Romancière martiniquaise la plus prolifique, Nicole Cage-Florentiny a publié quatre romans : C’est vole que je vole (1998), Confidentiel (2000), L’Espagnole (2002) et Aime comme musique ou comme mourir d’aimer (2005). Nicole Cage-Florentiny est également poète et dramaturge ; son talent à mettre en espace ses textes et à les faire vivre par le public est remarquable. Elle monte un spectacle autour de C’est vole que je vole. Elle écrit également des chansons qu’elle présente en spectacle dans différentes bibliothèques.

C’est vole que je vole traite de la folie et de l’enfance massacrée. La jeunesse et l’histoire sont au cœur de cette oeuvre qui met en avant les travers et les atouts de la société martiniquaise pour une avancée résolue vers le futur. L’un de ces atouts, ce sont les femmes, dont les métaphores poto mitan et fanm doubout prennent tout leur sens sous la plume de l’auteure. Les femmes chez Cage-Florentiny sont souvent décrites dans des situations extrêmes, traduisant la volonté de l’auteure de créer une « mythologie interne » ainsi que son aspiration à une société plus humanisée, bâtie sur une redéfinition des rapports hommes-femmes.

Incisive, la plume de l’auteure la révèle non seulement comme une excellente observatrice de sa société mais également une actrice engagée et déterminée. D’ailleurs, étudiante à l’Université des Antilles et de la Guyane (Schœlcher) dans les années 1980, Nicole Cage-Florentiny fonde avec Marius Etilé le « Mouvement Étudiant Contre l’Apartheid ». Ses ateliers d’écriture comme thérapie offerts au public jeune et moins jeune témoignent de son engagement continu en faveur de son peuple.

Dans ses textes, Nicole Cage-Florentiny expose des thèmes contemporains et parfois tabous – l’inceste, la toxicomanie, la folie, la pédophilie, la drogue, la prostitution, l’adultère et le lesbianisme – dont la pertinence est de nature à susciter la confiance en soi et le réveil des consciences.

Elle participe fréquemment aux Salons du livre, comme ceux de Pointe-à-Pitre (2000) et de Paris (2004), et aux Festivals de Poésie : de Medellín (Colombie, 2001 et 2004), de Curtea de Arges (Roumanie, 2002), « La tente d’Ali Ben Geddhem » (Tunisie, 2003), de Xela (Guatemala, 2004) et de Trois-Rivières (Canada, 2005). Lors de telles rencontres, comme à d’autres colloques et rencontres d’écrivains et poètes (au Mexique, au Salvador, en Macédoine, en Albanie et, bien sûr, en Martinique), il lui arrive de lire de ses poèmes – en français, créole et espagnol – et de les mettre sur scène.

Nicole Cage est une écrivaine de Martinique très récompensée. Elle reçoit une mention spéciale du Jury du Prix de Poésie Jeunesse du Ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Maison de la Poésie à Paris en 1993, pour son recueil de poèmes pour enfants intitulé Lavalas. Lauréate du Prix Casa de las Americas pour son recueil de poèmes-jeunesse, Arc en ciel, L’espoir, elle est également l’une de trois poètes nominés pour le Prix International de poésie de Roumanie (2002) et lauréate du Prix Oe Neu Mi de poésie en République de Macédoine (2002). En mars 2004, le Prix de la Créativité lui est décerné au Liban par la Fondation Naaman pour la Culture.

Son talent d’écrivaine et la portée esthétique et thématique de ses textes continuent d’être reconnus : ses poèmes sont traduits par la poétesse cubaine Nancy Morejón et le poète américain Jack Hirschman ; Aime comme musique ou comme mourir d’aimer fait partie des cinq romans finalistes pour le Prix Gros Sel en décembre 2005.

– Hanétha Vété-Congolo


Oeuvres principales:

Romans:

  • C’est vole que je vole. Paris: Éditions des écrivains, 1998; Paimpont: les Oiseaux de papier, 2006.
  • Confidentiel. Paris: Dapper, 2000.
  • L’Espagnole. Paris: Hatier, 2002.
  • Aime comme musique ou comme mourir d’aimer. Paris: le Manuscrit, 2005.
  • Et tu dis que tu m’aimes ! Ploërmel: les Oiseaux de papier, 2007.
  • Vole avec elle. Châtenay-Malabry: Acoria, 2009.

Nouvelles:

  • « Amours marines ou Erótico mar ». Riveneuve Continents 4 (printemps 2006): 181-185.
  • Entre ces amours et moi, recueil de nouvelles. Aix-en-Provence: Bookelis, 2014.

Poésie:

  • Arc en ciel. L’espoir / Arco Iris. La esperanza (edition bilingue français-espagnol). Trad. Nancy Morejón. Habana: Casa de las Américas, 1996.
  • Dèyè pawol… sé lanmou / Par-delà les mots… l’amour (recueil de poésie bilingue français-créole). Fort-de-France: K. Éditions, 2007.
  • D’îles je suis suivi de Où irait mon cri ? Mazères: Le Chasseur abstrait, 2012.

Poésie publiée dans des ouvrages collectifs:

  • « Croire », « Just a Blues », « The Country of Here Now ». MaComère 6 (2004): 171-174.
  • « Guerrilleros », « L’étranger », « Irak: sang pour sang », « Croire ». Anthologie des Prix littéraires Naaman. Jounieh (Liban): Maison Naaman pour la Culture, 2004: 75-80.
  • « Magia del amor ». Lluvia de Recuerdos (Espagne, 2006).

Littérature pour la jeunesse:

  • Une robe couleur soleil. Case-Pilote: Lafontaine jeunesse, 2007.

Théâtre:

  • Dessous les voiles, la nudité… (pièce inédite).

Traductions par Nicole Cage-Florentiny:

  • Le Costume. Pièce de théâtre de Cala Ulises, El Traje, adaptée et traduite en français. Donnée en lecture-spectacle pour « Le Temps de Lire » et à l’espace France-Antilles de l’habitation Saint-James, 1998.
  • « Cette ardente fureur de liberté ». Traduction en français de « Este ardiente furor de libertad » de Carlos Francisco Elias pour le Festival du Marin Martinique, 2003.
  • « La fable des cavernes », traduction en français de « La fábula de las cavernas » de Marcio Veloz Maggiolo pour le Festival du Marin, Martinique, août 2003.
  • À deux voix (pièce de théâtre). Traduction en français de A dos voces par Mariluz Suarez Herrera. (Mexique 2004), inédite.
  • « El país de hoy aqui ». Traduction de « Pays d’ici-dan » par l’auteure. Prometeo (Medellín) 68-69 (2004): 153-154.
  • Morceaux choisis en quatorze versions – An Najiyyat (textes philosophiquesde Naji Naaman traduits en créole et en espagnol). Jounieh (Liban): Maison Naaman pour la Culture, 2006.

Prix et distinctions littéraires:

  • 1993     Mention spéciale du Jury du Prix de Poésie Jeunesse du Ministère de la Jeunesse et des Sports et de la Maison de la Poésie à Paris, pour son recueil de poèmes pour enfants intitulé Lavalas (inédit).
  • 1996     Prix Casa de las Americas, pour le recueil de poèmes-jeunesse Arc en ciel. L’espoir.
  • 2002     Prix Oe Neu Mi de poésie, République de Macédoine.
  • 2004     Prix de la Créativité (Fondation Naaman pour la Culture, Liban), pour une sélection des Paroles de paix pour temps de guerre.
  • 2006     Prix Gros Sel (Belgique), pour C’est vole que je vole.

Sur Nicole Cage-Florentiny:

  • Eloi-Blézès, Hélène. « Voyage au-dessus du nid ». TV Magazine (Fort-de-France) 479 (novembre 1998).
  • Fête de la poésie An XVI (Hommage à Nicole Cage-Florentiny). Fort-de-France: Les Griots de la Martinique, 2003, 48 p.
  • Ginier, Catherine. « Nicole Cage-Florentiny, libre d’esprit et de plume ». Créola (Fort-de-France, mai 2004).
  • Kwateh, Adams. « Au nom de toutes les miennes ». France Antilles Magazine (février 1996).
  • Morejón, Nancy. « Arco iris con esperanza ». Libros del Premio Casa de las Américas 1996 (Revista Casa de las Américas, avril-juin 1997): 140-142.
  • Sol, Antoinette. « Un Blues d’amour: Aime comme musique ou comme mourir d’aimer de Nicole Cage-Florentiny ». Nouvelles Études Francophones 26.2 (2011): 174-188.
  • Vété-Congolo, Hanétha. « Idéal romantique et projet social dans C’est vole que je vole de Nicole Cage-Florentiny ». Présence Francophone 71 (2008): 139-64.
  • Vété-Congolo, Hanétha. « Sexual Pleasure and Eroticism in Nicole Cage-Florentiny’s « Amours marines ou Erotica Mar »; Toward a Postmodern Writing of Women’s Body and Sexuality ». Dalhousie French Studies 83 (Summer 2008): 127-39.
  • Vété-Congolo, Hanétha. « Voix de femmes, voix/voie du peuple: l’écriture de remplacement ou le devenir du peuple martiniquais dans l’œuvre de Suzanne Dracius et Nicole Cage-Florentiny ». Images de soi dans les sociétés postcoloniales. Ed. Patricia, Donatien, Paris : Le manuscrit, (2006): 37-74.

Traductions:

en arabe:

  • Paroles de paix pour temps de guerre. Trad. Naji Naaman. Jounieh (Liban): Éditions Maison Naaman pour la Culture (à paraître).

in English:

  • « Hope Child ». Trad. Jack Hirschman. San Francisco Bay View (25 janvier 2006).
  • « Marine Lovers or Erotico Mar ». Trads. Hanétha Vété-Congolo and Patricia Moulton-Cumberbatch. (à paraître).
  • « The Country of Here Now » (« Pays d’ici-dan »). Trad. Jeff Florentiny. MaComère 6 (2004): 174; Prometeo (Medellín) 68-69 (2004): 151-152.

en español:

  • Arc en ciel. L’espoir / Arco Iris. La esperanza (bilingue français-espagnol). Trad. Nancy Morejón. Habana: Casa de las Américas, 1996.
  • « Creer ». Trad. Rafael Patiño. Anthologie des Prix littéraires Naaman. Jounia (Liban): Naji Naaman, 2004: 80-81.
  • « Sembrar ». Trad. Rafael Patiño. Prometeo (Medellín) 68-69 (2004): 154.
  • « Vive » (« Vis »). Trad. Nancy Morejón. Tinta Seca (Mexico, 2004).
  • Vuelo, claro que vuelo (C’est vole que je vole). Trad. Mariluz Suarez Herrera. Mexico: Editorial Libros de Godot, 2006.
  • poèmes traduits en espagnol par l’auteure (Nicole Cage-Florentiny):
    • « Soy mujer ». (« Femme je suis »). Inédit.
    • « Memorias » (extrait de Paroles de paix pour temps de guerre) et « Déjenme creer » (« Laissez-moi croire »). Quitasol, revista de poesía, arte y literatura (Colombie) 1 (2004): 57-59
    • « Quién puede juzgar ? ». Milagro (recueil bilingue). El Salvador: Fundación metáfora, 2007: 60-61 (à paraître).

în română:

  • Cucurbeu Speranta. (Arc en ciel. L’espoir). Trad. Carolina Illica.Curtea de Arges (Roumanie): Académie Orient-Occident, 2002.

në shqip (en albanais):

  • Fshehtësia e Lirise, « Luani për mua », « Rekuiem » et « Të besosh » (« Croire »). Trad. Xhevat Halili. Anthologie du Festival de poésie de Tetova. Macédoine: Ditët e Naïmit, 2002: 48-53.
  • Hapa Nëpër Natë, « Kenge Shqiptare », « Kenga e peste », « Kenga e gjashte », « Kenga e trembedhjete » (« Chants albanais » et les chants 5, 6 et 13). Trad. Silke Blumbach. Anthologie du Festival de poésie de Tetova. Macédoine: Ditët e Naïmit, 2003: 60-63. 

Liens:

sur Île en île:

textes de Nicole Cage-Florentiny en ligne (en traduction):

ailleurs sur le web:

  • Nicole Cage-Florentiny, entretien par Christian-Alain Modeste (PlanetAntilles).
  • Nicole Cage-Florentiny, entretien publié sur le site Manuscrit.com (février 2006).
  • Nicole Cage-Florentiny, présentation de l’auteure et cinq poèmes, « Carrefour », « Bambous », « Promesse », « Femme je suis (II) » et « Alcools ». Revue de l’Art et de littérature, musique (RALM).

Retour:

Dossier Nicole Cage-Florentiny préparé par Hanétha Vété-Congolo

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mis en ligne : 18 avril 2006 ; mis à jour : 11 janvier 2021