Faubert Bolivar

Faubert Bolivar

Photo © Christophe Péan
Limoges, 2017

Né le 23 septembre 1979 à Port-au-Prince, Faubert Bolivar est poète, nouvelliste et dramaturge. Ayant grandi à Delmas, commune d’Haïti située dans le département de l’Ouest au sud de Port-au-Prince, il fréquente le lycée Alexandre Pétion, puis le Collège Jean Price Mars où il fait son baccalauréat. Marcheur invétéré, il sait vivre la ville en pratiquant ses rues, ses ruelles, ses sentiers, ses marchés et ses places publiques jusqu’à s’en laisser habiter.

Venu tôt à l’écriture, il griffonnait déjà sur les bancs de l’école des vers sur son cahier d’écolier. Poète aux accents surréalistes, à la mémoire en forme de maisons closes, Faubert Bolivar fait partie de cette génération d’écrivains qui écoutent les murmures de la nature et les roulements du cœur. À 16 ans, il obtient la Mention spéciale du Prix Jacques-Stephen Alexis de la Nouvelle, pour « Faut-Lit ».

À 12 ans, il intègre une troupe de théâtre de quartier et tient son premier rôle, un garçon bâtard, dans une pièce intitulée Manmy où est mon père ? En pleine période d’embargo sur Haïti, il commence à écrire des textes qu’il joue en compagnie de ses amis dans des églises protestantes des environs de Delmas et dans des cercles culturels. On le retrouve ensuite aux côtés de Gérard Résil au Théâtre National. Remarqué pour ses talents d’acteur, le comédien et metteur en scène Hervé Denis l’invite à intégrer sa troupe. Bolivar est un comédien accompli destiné à brûler les planches: Il joue tour à tour dans Hommage à André Malraux (1995, Compagnie Hervé Denis), Les dits du fou de l’île (1997, Antoine Peugeot), Chayopye (1998, Compagnie Hervé Denis), Les tambours de soleil (Guy Junior Régis / Faubert Bolivar) et dans Le Miroir d’Anabelle, d’après sa propre mise en scène. Il présente parallèlement une émission culturelle sur la Radio Kiskeya et assiste Liliane Pierre-Paul dans la préparation de son journal (jounal 4è). Pour son sens de l’humour et sa rigueur dans son travail, Liliane l’appelait affectueusement « l’extraterrestre ». Aussi ces années à Radio Kiskeya ont-elles contribué à façonner sa personnalité unique qui va à la rencontre et à la découverte d’une autre facette du pays.

Avec son bac en poche, il entre à l’École normale Supérieure en 1998 où il choisit de s’attacher au département de Philosophie : il découvre l’univers de Kant, Leibniz, Spinoza mais aussi le monde de Rimbaud, Verlaine, Baudelaire et de Mallarmé qui imprégnent sa poésie. Il étudie simultanément le droit à l’Université Quisqueya. À Port-au-Prince, il fréquente divers cercles culturels dont les Vendredis littéraires de l’Université Caraïbe qu’il a animés. En 2004, il complète un cursus de formation à l’Université Paris-8 et sort avec un Diplôme d’études approfondies (DEA) en philosophie. On le retrouve plus tard à Kingston, en Jamaïque où il enseigne le français à l’Alliance française. De retour à Port-au-Prince en 2007, il occupe le poste de Directeur du livre à la Direction nationale du Livre (DNL) et de Chargé de cours à l’Université d’État d’Haïti.

En 2013, il publie aux Éditions Bas de page Mémoire des maisons closes, un recueil de poèmes au ton lyrique dans lequel l’érotisme et la géographie (des corps) se conjuguent avec l’envie. D’une forte expressivité et d’une grande charge d’émotions, le recueil offre des poèmes faits de déclaration d’amour : désirs, confessions, regrets, souvenirs, obsessions et provocations, le livre est une exaltation de la volupté et du corps, un chant à la vie à la terre, l’île bien-aimée.

Mention spéciale du Prix Henri Deschamps en 2015, sa pièce La Flambeau est un pièce plutôt absurde en huit tableaux, un mélange de réel et de surnaturel qui met en relief les complexités de la vie quotidienne. La pièce invite à une réflexion sur la condition humaine et pose un regard sur les rapports et les forces qui régissent l’évolution des êtres dans les sociétés.

Deux fois finaliste du prix RFI Théâtre en 2016 et 2017, sa pièce Les revenants de l’impossible amour a reçu le prix Textes en paroles du meilleur texte dramatique. Depuis 2010, Faubert Bolivar est installé à Fort-de-France où il enseigne la philosophie à l’Académie de la Martinique.

– Dieulermesson Petit Frère


Oeuvres principales:

Théâtre:

  • Sainte Dérivée des Trottoirs, 2006.
    Mise en scène de Vladimir Delva à Paris en 2018.
  • Kafou Twakwa, (drame en langue créole), 2007, inédit.
    Mise en scène collective de la Brigade d’Intervention Théâtrale-Haïti (BIT-Haïti) pour le Festival de théâtre Quatre Chemins en 2013.
  • La Flambeau. Port-au-Prince: Deschamps, 2014.
    Texte mis en mise en scène par Ralph Civil dans un lecture au musée Dapper à Paris sous la direction de Pierre Débauche le 17 octobre 2015. Adapté à l’Opéra par le compositeur David Bontemps.
  • Sélune pour tous les noms de la terre. Pointe-à-Pitre: Textes en Paroles, 2015.
    Mise en scène par Ralph Civil lors d’une Lecture publique au Festival Cap excellence à Pointe-à-Pitre en 2013 sous la direction de Rudy Ilaire.
  • Les Revenants de l’impossible amour, 2016. Pointe-à-Pitre: Textes en Paroles, 2017.
    Texte mis en scène par Hassane Kassi Kouyaté à Mémorial Act, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe en mai 2017 et par Jean-Erns Marie-Louise à Tropiques Atrium en janvier 2020.
  • Mon ami Pierrot. Paris: Passages, 2016.
    Mise en scène dans la version française par Harry Baltus avec Gilbert Laumort en mai 2016 et mise en scène de Billy Élucien de la version créole, créée par la Troupe du Théâtre National d’Haïti (2017-2018).
  • Jacques 1er. 2017, inédit.
    Texte mis en lecture par José Exelis à Tropiques Atrium Scène Nationale en décembre 2017.

Poésie:

  • Mémoire des maisons closes. Port-au-Prince: Bas de Page, 2013; Paris: Le Temps des cerises, 2018.
  • Lettre à tu et à toi Suivi de Sainte Dérivée des trottoirs. Paris: Anibwe, 2014.
  • Une pierre est tombée, un homme est passé par là. Port-au-Prince: C3 Éditions, 2016.

Essai:

  • Le corps de la honte. Étude archéologique du corps noir pour une introduction à l’étude du corps en Haïti, entre esthétique et politique. Mémoire de DEA de Philosophie, préparé sous la direction de Stéphane Douailler. Paris: Université de Paris VIII, 2004.

Articles sélectionnés:

  • « Le rêve d’une littérature idéale : l’avènement de la littérature haïtienne ». La critique littéraire. Conjonction 209 (2003): 61-66.
  •  « La Littérature haïtienne : corps, délire et subjectivation ». Relire l’histoire et le littéraire haïtiens (Collectif). Port-au-Prince: Presses Nationales d’Haïti, 2004: 301-317.
  • « L’Année Dessalines… Quand ? ». Alterpresse (17 octobre 2006).
  • « Corps, Héritage et Trahison : Le préjugé de couleur de Jacques Roumain à Heinrich Von Kleist ». Révolte, Subversion et Développement chez Jacques Roumain. Port-au-Prince: Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2009: 161-168.
  • « Haïti : le dire et le faire, le principe d’exclusion et le ‘forcer à être juste’ ». Refonder Haïti, Montréal: Mémoire d’encrier, 2010.

Textes parus dans des ouvrages collectifs:

  • « Faux-Lit ». Anthologie des nouvelles primées au Concours Jacques-Stephen Alexis. Port-au-Prince: Imprimeur II, 1997: 87-108.
  • « La Rumeur a fait le tour du monde ». Nouvelles d’Haïti. Paris: Magellan et cie, 2007: 71-95.
  • « Mon Roumain à moi… C’est Alexis ». Mon Roumain à moi (Collectif). Port-au-Prince: Presses Nationales d’Haïti, 2007: 43-50.
  • « Jesika ou Bousiko ». Haïti parmi les vivants (Collectif). Paris: Actes Sud, 2010: 57-60.
  • « Pour mes routes perdues en chemin ». …Des maux et des rues. Port-au-Prince: Legs Édition, 2014 : 23-31.
  • « Une pierre est tombée, un homme est par-là ». Anthologie de la poésie haïtienne contemporaine, dirigée et présentée par James Noël. Paris: Points, 2015: 379-385.
  • « Qui était ce chien ? ». Une soirée haïtienne, sous la direction de Thomas C. Spear. Montréal: CIDIHCA, 2020: 183-190.

Prix et distinctions littéraires:

  • 2011     Prix Textes En Parole, meilleur texte dramatique, pour Sélune pour tous les noms de la terre.
  • 2013     Prix Marius Gotin de la Caraïbe, pour Mon ami Pyéro/Mon ami Pierrot.
  • 2015     Prix Henri Deschamps, pour La Flambeau.
  • 2015     Résidence Francophonies en Limousin | Bourse ETC-Caraïbes.
  • 2016     Finaliste du prix RFI Théâtre, pour Il y aura toujours un dernier soleil.
  • 2017     Finaliste du prix RFI Théâtre, pour Quai des ombres.
  • 2017     Prix Textes En Parole du meilleur texte dramatique, pour Les revenants de l’impossible amour.

Liens:

ailleurs sur le web:


Retour:

Dossier Faubert Bolivar préparé par Dieulermesson Petit Frère

/bolivar/

mis en ligne : 31 juillet 2020 ; mis à jour : 3 janvier 2021