Boisrond-Tonnerre

Boisrond-Tonnerre, gravure des archives du CIDIHCA (mi-XIXe siècle)

gravure des archives du CIDIHCA
(mi-XIXe siècle)

Louis Félix Mathurin Boisrond est né le 6 novembre 1776 aux Cayes, dans la pleine de Torbeck, dans la colonie française de Saint-Domingue. Son père, Mathurin Boisrond, est charpentier. Selon la tradition, le surnom ajouté à son nom de famille, Tonnerre, lui serait donné le jour de sa naissance par son père, suite au foudre impressionnant qui éclate ce jour-là. Plus logique, Louis Boisrond aurait rajouté à son nom celui de la ville de Tonnerre en France (en Bourgogne), où il fait ses études dans les années 1790.

Jeune homme, Louis Boisrond part avec son oncle paternel Louis-François Boisrond, député de la colonie au Conseil des Cinq-Cents, pour faire des études à Paris, au Collège de la Marche, où il se passionne moins pour les études que pour les luttes politiques de l’époque, d’après l’historien Joseph Saint-Rémy.

Après son retour à Saint-Domingue en 1798, Louis Boisrond-Tonnerre se fixe à Saint-Louis-du-Sud. Il rencontre le général Dessalines au champ Gérard où Geffrard a établi son quartier général. Du 22 septembre 1799 au 22 septembre 1801, Boisrond-Tonnerre est receveur au bureau des douanes.

Selon Edrick Richemond « le ton brusque du jeune homme, son affectation à parler le créole le plus grossier, sa fougue révolutionnaire plurent énormément au géneral ». Dessalines fait de lui son secrétaire et son principal conseiller.

Après la défaite des troupes françaises à la Bataille de Vertières le 18 novembre 1803, et la signature de reddition du général de Rochambeau le lendemain, Dessalines, le général victorieux de l’armée indigène, choisit le 1er janvier 1804 comme date officielle d’indépendance. Il charge l’un des officiers de son état-major, Charéron, de rédiger l’acte d’indépendance. Le résultat ne plaît ni à Dessalines ni à Boisrond-Tonnerre ; celui-ci dira à Dessalines, « tout ce qui a été fait n’est pas en harmonie avec nos dispositions actuelles, il nous faut la peau d’un blanc pour parchemin, son crâne pour écritoire, son sang pour encre et une baïonnette pour plume ! ». Ces paroles sanguinaires, nourries des crimes dont il a été témoin aux Cayes et en d’autres lieux, semblent plaire au plus haut point le sentiment de Dessalines. Ainsi, celui-ci confie, la nuit du 31 décembre 1803, à Boisrond-Tonnerre la rédaction de l’Acte de l’Indépendance d’Haïti.

Avec la Proclamation du Général en Chef au Peuple d’Haïti et l’Acte de nomination du Général en Chef au gouvernement général d’Haïti, l’Acte de l’Indépendance est lu devant le publique réuni à Gonaïves le 1er janvier 1804. Rédigés en français et lus par leur auteur, Boisrond-Tonnerre, après les discours en créole de Dessalines, les documents originaux de ces textes n’ont été retrouvés qu’en 2010, 206 ans après avoir été rédigés.

L’adjudant général Boisrond-Tonnerre signe ses Mémoires pour servir a l’histoire d’Hayti en 1804. Par ses mémoires, et surtout par l’Acte de l’Indépendance du nouveau pays, Boisrond-Tonnerre devient le premier écrivain haïtien.

Boisrond-Tonnerre reste très proche de l’empereur Dessalines. Selon Saint-Rémy, « Vicieux comme lui, plein de vanité, délateur, perfide, Boisrond-Tonnerre devient pour ainsi dire l’âme damnée du nouveau gouvernement ». Boisrond-Tonnerre assiste à l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines le 17 octobre 1806. Le même jour, il est arrêté et emprisonné. Louis Boisrond-Tonnerre est assassiné à son tour, le 23 octobre 1806 à Port-au-Prince.


Oeuvres principales:

  • Acte de l’Indépendance du 1er janvier 1804.
  • Proclamation du Général en Chef au Peuple d’Haïti (1er janvier 1804).
  • Acte de nomination du Général en Chef au gouvernement général d’Haïti (1er janvier 1804).
  • Mémoires pour servir a l’histoire d’Hayti. Port-au-Prince: l’Imprimerie Centrale du Gouvernement, 1804.
  • Mémoires pour servir à l’histoire d’Haïti, par Boisrond-Tonnerre, précédés de différents actes politiques dus à sa plume et d’une étude historique et critique par Saint-Rémy. (avec des notes critiques de Joseph Saint-Rémy). Paris: France Libraire, 1851; Port-au-Prince: Fardin, 1981; Port-au-Prince: Editions des Antilles, 1991.

Sur l’oeuvre de Boisrond-Tonnerre:

  • Dauphin, Marcel. Boisrond Tonnerre, pièce en trois actes. Port-au-Prince: Dorsinville, 1954.
  • Daut, Marlene. « Un-Silencing the Past: Boisrond-Tonnerre, Vastey, and the Re-Writing of the Haitian Revolution ». South Atlantic Review 74.1 (2009): 35-64.
  • Garrigus, John D. Before Haiti: Race and Citizenship in French Saint-Domingue. New York: Palgrave Macmillan, 2006.
  • Jonassaint, Jean. « Un moment historique exceptionnel pour les études caribéennes: l’édition rarissime de 1804 des Mémoires de Boisrond-Tonnerre enfin disponible pour tous ». Revue d’Histoire Haïtienne 1 (2019) 399-406.
  • Laroche, Maximilien. « Boisrond-Tonnerre et l’acte de l’indépendance d’Haïti ». Le Poids des mots. Québec: GRELCA, 2013: 53-81.
  • Pauléus-Sannon, Horace. Boisrond-Tonnerre et son temps, étude historique. Port-au-Prince: Héraux, 1904.
  • Rosarion, Ulrick. Les dernières heures de Boisrond Tonnerre, tragédie en trois actes. Port-au-Prince: Bibliothèque Nationale d’Haïti, 1996.
  • Sannon, Pauléus Horace. Boisrond-Tonnerre et son temps, étude historique. Port-au-Prince: Héraux, 1904.
  • Vilaire, Jean-Joseph. 4 causeries (« Boisrond Tonnerre », « Nos duels historiques », « Notre créole » et, « L’esprit et les mœurs des affranchis de St. Domingue). Port-au-Prince:Imprimerie du Séminaire Adventiste, 1974.

Liens:


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Dossier Boisrond-Tonnerre préparé par Thomas C. Spear avec l’aide de John Garrigus et Coutechève Lavoie Aupont.

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mis en ligne : 18 mai 2010 ; mis à jour : 4 septembre 2020