Ariirau

Ariirau Richard Vivi

photo © F. Vivi
Paea, 2014

Ariirau Richard-Vivi naît le 15 septembre 1972 à Pirae, Tahiti, d’un père français et d’une mère tahitienne. Ari’irau ou « Stéphanie » (son prénom d’usage français), grandit à Argentré en Mayenne de 1976 à 1990 et fréquente le collège Jules Renard et le Lycée Rousseau de Laval. Dès son plus jeune âge, de nature introvertie, elle commence à écrire et tient un journal. Elle retourne occasionnellement à Tahiti, pour retrouver sa grand-mère ainsi que ses oncle et tante maternels.

Après avoir obtenu un baccalauréat Sciences Economiques et Politiques avec mention, elle se dirige vers des études littéraires, plus par facilité que par désir. À l’Université Belle-Beille d’Angers, elle obtient une licence d’anglais puis s’inscrit en Master Lettres et Civilisation britannique. Elle passe ses écrits de Master et doit préparer un mémoire sur l’écrivain Daphne du Maurier, mais elle s’ennuie profondément et la vie lui pèse : Tahiti lui manque et elle éprouve le besoin de partir. C’est en 1996 qu’elle tombe sur une annonce où l’on recherche un professeur de français pour enseigner aux États-Unis. Elle passe l’entretien et elle est sélectionnée pour enseigner à l’Université Wichita dans le Kansas. Elle part le 17 août 1997, sans savoir qu’elle est enceinte de cinq semaines. N’ayant que 300 dollars en poche, elle se résout à commettre un avortement à la clinique du Docteur Tyler, située sur Rock Road, un événement traumatisant qu’elle relate dans son deuxième roman Matamimi.

Vivre aux États-Unis fait ressurgir en elle l’espoir d’un nouvel avenir et un fort désir d’écrire : elle croise sur son chemin des femmes et des hommes qui auront un impact formateur et qui lui redonneront goût à la vie. Elle est sensibilisée à la question de l’homosexualité, se liant d’amitié avec une jeune femme mariée souffrant de l’incompréhension de son entourage conservateur. Elle découvre et tombe amoureuse de cette Amérique pleine de contrastes, de croyances multiples et de libertés. Elle rencontre Danièle Mitterand à Wichita lors de la visite d’une communauté amérindienne, elle est frappée par la douceur et la simplicité de cette femme qui fut l’épouse du Président Mitterand. Quelques sous en poche, elle fait le tour du pays en voiture et vit presqu’à la bohème, totalement séduite par la beauté de ce continent. Pour la première fois de sa vie elle se sent « chez elle » : On ne lui pose jamais de question sur son appartenance ; elle ne doit pas s’expliquer sur son conflit identitaire. De la verdure de l’Oregon jusqu’aux rues pittoresques de Louisiane, Ariirau s’imprègne de souvenirs d’une Amérique riche et humaine.

Elle décide de reprendre ses études et avec le soutien de Marie-Thérèse Huxley, une ancienne élève, elle s’inscrit à l’Université du Kansas où elle obtient une bourse de « teaching assistant » : Elle passe son Masters de Lettres françaises puis obtient une bourse Mac Cracken de cinq ans pour poursuivre ses études de doctorat à New York.

Elle emménage à New York le 1er septembre 2001 et le 11 septembre, elle est témoin, comme les millions de New-yorkais, de l’attentat terroriste des Tours Jumelles. À New York, elle est dans les conditions idéales pour écrire : elle sort Je reviendrai à Tahiti (initialement Les Mouches pisseuses) en 2005 chez L’Harmattan et elle écrit Matamimi, qui sortira en 2006 aux Éditions Au Vent des Îles. C’est à New York qu’elle rencontre Assia Djebar, Serge Doubrovsky et d’autres penseurs et auteurs, ainsi que l’écrivain polynésien Jean-Marc Pambrun qui séjourne alors au Canada et qui se déplace pour faire connaissance avec cette étudiante passionnée par ses textes. Ils échangent sur Le bambou noir et sur leur pays, Tahiti. En 2005, elle retourne à Tahiti, mais ce retour sera un véritable désenchantement où elle se sentira « étrangère » sur sa propre terre. Elle découvre le racisme, les querelles intestines et jalouses qui minent la communauté îlienne, les conflits identitaires non résolus, tout ceci est loin de ses souvenirs d’enfance.

Son troisième roman « biographique », fruit de quatre ans d’entretiens et de rencontres avec Sunny Moana’Ura Walker, Le Païen, est paru en 2017.


Oeuvres principales:

Romans:

  • Je reviendrai à Tahiti. Paris: L’Harmattan, 2005.
  • Matamimi ou la vie nous attend. Papeete: Au Vent des Îles, 2006, 2013.
  • Le Païen. Papeete: Au Vent des îles, 2017.

Nouvelles:

  • « Implosion ». To’ere (mars 2006); Litterama’ohi 9 (mai 2006): 54-56.
  • « Si près de la vague ». Littérama’ohi 14 (décembre 2007): 114-119.

Articles sélectionnés:

  • « La Nuit des Bouches Bleues de Jean-Marc Pambrun : définition d’une littérature francopolynésienne mosaïquée ». Litterama’ohi 8 (novembre 2005): 11-37.
  • « L’espace dans l’écriture polynésienne » et « Les Atollismes : la littérature éclatée de Polynésie française ». Littérama’ohi 11 (mai 2006): 92-97, 97-98.
  • « Remplacer le Père ». Dixit (octobre 2006).
  • « La Demie qui s’la joue », pour l’exposition photographique de Roger Parry du Musée de Tahiti. La Dépêche de Tahiti (novembre 2006).
  • « Le corps humain, c’est le corps social ». Littérama’ohi 13 (avril 2007): 154-159.
  • « Sentiment d’abandon et désir de liberté dans la littérature polynésienne » (à la Recherche du Metua) Dixit 2007-2008 : 266-267.
  • « De Kanti à Pouvanaa, de la beauté à la liberté ». Les Nouvelles de Tahiti (24 avril 2008).
  • « Tristesse s’agrippe à moi, 720 fois Hiroshima en mon pays ». Littérama’ohi 16 (juin 2009): 66-69.
  • « Opuhara, entre Gloire et non-dits ». Dixit (2014): 242-243.
  • « Immémoriale Vaima ». Litteramaohi 22 (2015): 27.
  • « Bicentenaire de la mort de Opuhara, le révolutionnaire ». Air Tahiti Magazine (octobre-novembre 2015).
  • « Entretien avec Sunny Moana’Ura Walker : Opuhara, 200 ans après ». Carnet Tenete (12 novembre 2015).

Sur l’oeuvre d’Ariirau:

  • Edwards, Natalie. Multilingual Life Writing by French and Francophone Women. Translingual Selves. Routledge, 2019.
  • Frengs, Julia. Corporeal Archipelagos: Writing the Body in Francophone Oceanian Women’s Literature. Lexington Books, 2017.

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Dossier Ariirau préparé par Jean Anderson

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mis en ligne : 2 janvier 2021 ; mis à jour : 2 janvier 2021